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3,23

sur 163 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
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Au fil de ses ouvrages, Philippe Djian cultive l'art de l'ellipse à la perfection, d'une façon peu coutumière , bien à lui, aiguisée, exacerbée, parfaite et excitante pour le lecteur , qui, au début , comprend peu....


...
Tout s'éclaire après un léger moment de trouble, l'auteur préserve les secrets les moins avouables, utilise cette économie de moyens et nimbe ses personnages et ses intrigues de mystère .......Phrases courtes, sans point d'exclamation ni d'interrogation, le lecteur rétablit mentalement ce que l'auteur cache volontairement comme un jeu entre les deux et certains épisodes cruciaux sont relégués dans l'ombre pour mieux surprendre.......
Côte Est, Etats - Unis, non loin de Nantucket, : dès les 1ères pages, on apprend que Joan, 33 ans et Marlon , son frère, 25 ans, autiste, aux mots comptés ( sa nounou : Anne- Margaret , la soixantaine se révèle être un poison ) viennent d'enterrer leurs parents Suzan et Gordon, tués dans un accident de voiture..
Ils vont devoir se débrouiller seuls, avec la maison et les souvenirs qui la peuplent, apprendre à retisser des liens, eux qui n'ont pas cohabité depuis longtemps , et faire leur deuil .......

Puis , un détail, une information bouscule soudain cette situation limpide, comme glissée subrepticement au détour d'un bout de phrase .........
L'histoire s'élance et fuse à une allure folle ........
Joan , Dora, Howard, Ann- Margaret, John et les autres en recèlent des secrets !
Joan et Dora, propriétaires d'une boutique de vêtements gèrent et entretiennent , en fait , un réseau d'escort- girls .
Gordon et Suzan n'étaient pas de placides retraités mais des activistes politiques fanatiques d'extrême gauche , acharnés .
Un certain Howard, sémillant et amant mirobolant ,que personne ne veut voir, revient hanter les lieux, fouille la maison familiale en espérant y trouver un magot caché !
John, shérif adjoint de la ville , jeune père d'un nouveau - né , braillard, la petite Josefa, sait fermer les yeux sur la loi quand ça l'arrange . N'en disons pas plus ........
La narration avance à coup de subtiles révélations , subversions et retournements, savamment égrenés .

Ces infos diffusées au compte - gouttes, aiguisent la curiosité .
Philippe Djian , en épurant sa manière d'écrire, tire sur le fil avec ses protagonistes troubles , intrigants , à la double vie ........tisse des destins très noirs .Son écriture déstabilisante ajoute du piment . Il manie l'inconfort et le drame sans faille .
Ses thèmes récurrents affleurent : personnes ambiguës à la sexualité exacerbée, handicap, mort et blessés , prostitution et secrets , ombres qui planent ........
Ajoutons- y ambiance délétère et climat malsain, mélancolique ......
C'est haletant , inattendu , inconfortable, excitant , jouissif , crépusculaire, tentaculaire !
Un puzzle diabolique, une sorte de trou noir et une fin époustouflante qui concentre de manière fascinante et pessimiste un monde gangrené dansant sur un volcan qui en dit long sur la condition humaine !
On aime ou on déteste ! Dès que j'ai l'occasion de lire Philippe Djian, je le fais mais je sais que son style ne plait pas à tout le monde .
Merci à Marie , ma fidèle libraire de "La taverne du livre " à Nancy , à qui je l'avais commandé !
Ce n'est que mon avis , bien sûr .
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L' Anorexie pourrait-elle devenir une mode, une école littéraire, une chapelle, le procédé devenant une sorte d'élitisme qui s'adresse à un public conquis qui se reconnais dans un hermétisme où l'ellipse est la clé de voûte de l'érudition, quand on a plus besoin de tout dire on ne laisse alors que des points de suspension.


Philippe Djian cultive l'art de l'ellipse à la perfection, un art où les mots portent une singularité habilement cachée que seul l'auteur ou le cruciverbiste est à même de dénouer. Chef de file ou simple modèle qui se méfie des filons et des filous.


Le style de Philippe Djian est épuré, dégraissé de toute saveur animale ou végétale, rendu à sa squelettique nature, il décline un monde aplani comme une photo aérienne prise à midi quand les couleurs s'effacent dans un miroitement de gris délavés. Page 65 à l'aube il écrit, "il faisait déjà beau, la rosé du matin avait disparu."


L'histoire coule goutte à goutte, il faut juste régler le débit. Avec des temps de pause comme pour un arrosage régulier à heures fixes du récit, "elles faisaient une pose sur le trottoir."
Philippe Djian affirme que dès la première phrase le roman est déjà écrit. Il ne reste plus qu'à tirer sur la ficelle, pour démonter le temps.

Relisons alors la première phrase de « à L'Aube », Joan se lavait les mains quand elle vit passer une ombre derrière la fenêtre. Ça ne dura qu'une fraction de seconde mais elle eut un mouvement de recul.
Il n'y a que Dieu ou un magicien pour nous convaincre que tout est là en apesanteur.


Philippe Djian est un magicien.
Mais le magicien, s'amuse t-il encore car je m'ennuie en le lisant, je me suis surpris à me lasser de cet artisanat, de ces 4400 signes qu'il se fait un devoir d'imprimer jour après jour, car Djian ne corrige pas c'est du durable du définitif, pas du jetable


Et pourquoi pas bourdonner avec Brassens, «  la femme s'emmerde... ».. Philippe Djian prend t-il encore son pied? A mâcher ses mots patiemment comme un communiant. Il porte sur chaque phrase l'angoisse du chef, et si ce plat littéraire était le dernier à servir, et ne pouvait tolérer aucune faute de goût.


Notre tôlière Joan et sa complice Dora font de la discrétion le maître mot de leur branche d'activité ! Non pas à cause de secrets industriels, mais d'une parois lisse infranchissable, pour occulter un réseau de proxénétisme bien géré, sobre décoré en une boutique bourgeoise, adepte des tenues en satins et dentelles. Un mur qui se lézarde ?


C'est John l'adjoint du shérif qui m'a réveillé de mon ennui, après avoir compris comment par quelques improbables rencontres des femmes s'incrustaient dans la vie de Joan.
Le Djian reprenait des couleurs page 106! "Je veux avoir accès aux filles," beuglait l'adjoint suivi des invectives de Joan "pas question", pour finir "je ne dis pas non 2 à 3 fois par semaine", "ça me semble correct". Deux pages d'un dialogue savoureux ou Dora et Joan vont dire oui et non, pour finir par je ne veux pas d'ennui avec la police.


L'autre fantaisie me réconciliait avec Philippe Djian, Joan retrouvait dans son studio un client un peu ivre et très entreprenant, " l'homme avait une barbe drue qui lui piquait les cuisses comme des aiguilles", "elle se demanda s'il n'allait pas vomir sur elle ?"" Oh seigneur Jésus, ne me faites pas ça, il poussa un cri au moment où elle s'arrachait à lui et elle vomit sur la descente de lit" arrosant ses bijoux de famille.


Les passages un peu débridés sont trop peu nombreux, à mon goût. Au contraire d'un Sylvain Tesson, exubérant , « le Soleil de Méditerranée frappe en marteau, dissout tout espoir. Son rayonnement est une force qui rendrait nihiliste un prophète. » Ainsi chez d'autres auteurs nous trouvons ces incursions qui invitent au rêve et bonheur suprême nous offre une émotion intense.

Sans émotions les textes les plus forts, les plus sombres, perdent de leur intensité, et parfois même suscitent l'ennui.
C'est bien évidemment cette réflexion que je voulais livrer à la lecture du dernier roman, de Philippe Djian, une histoire sombre, un texte épuré tel un scénario sur lequel un homme de cinéma développera ses propres émotions.

De l'émotion avant toute chose !
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Evidemment que tous les romanciers sont des marionnettistes qui tirent sur les fils de leurs personnages en distillant souvent avec parcimonie les informations les concernant. Mais l'un des maîtres en la matière, c'est assurément Philippe Djian qui épure de livre en livre sa manière d'écrivain, dans un style dépouillé, avec ses dialogues sans ponctuation, ses ellipses temporelles et ses personnages de plus en plus troubles et troublés et menant une double vie. A l'aube pourrait être un modèle déposé de l'art et de la maîtrise de Djian, avec une intrigue qui semble tout droit sortie d'une série télévisée, du côté de Nantucket, dans le Massachusetts, quelque chose qu'on pourrait appeler Plus belle la côte. Mort, maladie, sexualité, handicap, les thèmes s'entrechoquent dans cette oeuvre pessimiste et crépusculaire. On croit avoir croisé la scène la plus importante (et déstabilisante) du livre en son milieu mais la surprise qui attend le lecteur dans les toutes dernières lignes est cinglante dans son laconisme fatal. A l'aube, avec ses mystères, ses secrets et son ambiance délétère a quelque chose d'un polar perverti et malsain. Et en compagnie de Djian, le parcours est toujours inattendu, haletant, inconfortable et excitant.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Catherine Tauveron, professeur d'université, appelle ce genre de texte, les textes réticents. Ils rendent difficiles la compréhension immédiate parce qu'il y a de nombreuses rétentions d'informations. L'auteur ne donne que des fragments et le lecteur est invité à combler les béances. En fait, c'est le lecteur qui fait tout le boulot, il ne peut donc pas s'ennuyer. Djian est vraiment le roi des ellipses et c'est une des raisons pour lesquelles ses livres sortent toujours des sentiers battus. Celui-ci ne fait pas exception ! On y retrouve des thèmes récurrents, des personnages ambigus au passé toujours trouble et à la sexualité plus que gourmande. La fin, brutale, est inattendue mais pas étonnante, Djian, on le sait, manie le drame à la perfection. le style n'est pas en reste, toujours des phrases courtes qui font mouche, des dialogues percutants et une ponctuation quasi inexistante. le millésime 2018 est une fois encore à la hauteur de mes attentes.
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Lectrice de P.Djan depuis bien longtemps, j'ai toujours apprécié son style si incisif, son art de l'ellipse qui se remarque particulièrement dans ce livre.
Et puis et surtout ici, la manière de retenir le lecteur par le bras en le faisant participer de près à l'intrigue:les dialogues n'étant point annoncés par la ponctuation habituelle, aucune phrase n'est anodine quand on la remet dans la bouche de son locuteur.
La photo de couverture fait penser à Hopper et à l'Amérique.
C'est là que se déroule l'intrigue, sur la Côte Est, une jeune femme issue d'un milieu aisé, Joan tient une boutique de fringues en ville avec une amie ; elle revient dans la maison familiale à la suite du décès accidentel de ses parents, pour s'occuper en même temps de son frère autiste. Jusque là, ça ronronne, et par petites touches brèves, viennent s'agréger des détails ; un réseau de call girls, à l'échelle de la petite ville certes, un shérif, qui marche sur la ligne jaune de la loi, une vieille dangereuse qui vient s'occuper du frère, et un vieux beau qui refait surface, il a la particularité d'avoir été l'amant de Joan et de sa mère. Bref, le récit s'étoffe et en à peine 200p, P Djan a commis un roman que beaucoup n'auraient pu écrire à moins de 4ou 500p.
Du grand art.
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Philippe Djian est un romancier français né en 1949 à Paris. Longtemps présenté comme un héritier de la Beat Generation en France, il est notamment l'auteur en 1985 de 37°2 le matin qui lui apporta la popularité mais depuis, son style et son inspiration ont beaucoup évolué. A l'aube, son tout nouveau roman, vient de paraitre.
Je ne sais pas si l'écrivain a lu ma lettre ouverte ou si l'âge venant le bon sens lui est venu mais comme le laissait présager son précédent bouquin, Marlène, Philippe Djian accorde enfin une place à l'histoire, ne la dédaignant plus au profit du style, ce qu'il revendiquait haut et fort jusqu'alors. Conséquence directe, son nouveau livre est très bon. Ma surprise est d'autant plus grande que le Monde (6/04/2018) l'avait méchamment cassé…
Etats-Unis, autour de Boston. Après le décès de ses parents dans un accident de la route, Joan revient dans la maison familiale pour s'occuper de son frère Marlon, autiste. Son retour dans la petite ville, où tout le monde se connait, attire ses anciennes connaissances, y compris Howard, ami de la famille mais homme étrange qui a pour particularité d'avoir couché avec Joan et sa mère ! Aujourd'hui son principal but est de fouiller dans les affaires des défunts, à la recherche d'on ne sait quoi…
Sans parler de polar, il y a des morts et des blessés, un shérif adjoint toujours prêt à couvrir les fautes de Joan, peut-être un magot caché quelque part et un réseau de call-girls genre petit commerce local. Car il faut bien des effluves de sexe dans un roman de Djian, d'où la double-vie de Joan ou le retour d'Howard dans son atmosphère, sans parler du frangin qui malgré son handicap n'en reste pas moins un homme… Mais tout ceci reste dans le domaine du correctement exprimé. Je n'entre pas plus dans les péripéties du bouquin et si l'intrigue tient bien la route, tout n'est pas carré – n'exagérons pas – mais ce n'est pas grave.
L'écriture reste modérément déstabilisante comme d'habitude et c'est très bien car ça ajoute du mystère à l'intrigue : on ne comprend certaines choses qu'à postériori, il n'y a pas de tirets dans les dialogues pour identifier immédiatement qui parle et le scénario restera flou sur certains points. Enfin, le roman se referme comme une porte qui claque, soudain et ne laissant pas la place à l'ambigüité, en forme de justice condamnant l'immoralité. Surprenant.
Un très bon roman de Philippe Djian, c'est-à-dire un bon roman dans l'absolu.
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Après le décès de ses parents, Joan revient dans la maison familiale située dans une ville où tout le monde se connaît afin de s'occuper de son petit frère autiste.
Bon jusque là, tout ronronne et le roman est même plutôt long à démarrer. L'auteur de 37,2 ° le matin, distille les informations avec parcimonie : une nounou particulière, un flic qui franchit la ligne jaune, un ami de la mère qui couche aussi avec la fille et qui veut fouiller la maison, les parents décédés qui étaient des militants, du sexe, de la souffrance, des blessures. le drame couve.
Puis au détour d'un dialogue, tout démarre, le rythme s'accélère soudain et ce n'est, parfois, qu'a postériori, que nous reconstituons le puzzle diabolique.
Avec une écriture toujours aussi déstabilisante, dans un style épuré, Djian cultive l'art de l'ellipse, tire les ficelles tel un marionnettiste dans une ambiance délétère.
Un polar malsain, noir à souhait et captivant !
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Pour une fois, je n'ai pas envie de résumer le dernier roman de Philippe Djian qui campe « la fille de deux enragés avec son cinglé de frère ». Chez l'auteur de « Doggy Bag », la normalité ne présente aucun intérêt et c'est avec un plaisir communicatif qu'il plonge ses personnages toujours insaisissables, énigmatiques, parfois malsains et jamais sympathiques dans des situations dignes d'un roman noir où ils sont prisonniers de la toile d'araignée qu'est la vie et où la pureté et l'innocence ne sont que des leurres.
Plus que l'histoire, c'est le style qu'on aime chez cet écrivain prolifique : sa crudité, son côté « cash » sa narration disruptive, son écriture minimaliste et sa maîtrise de l'ellipse qui oblige le lecteur à se creuser les méninges.
Quand on lit l'un de ses romans, on sait tout de suite qu'il est signé Djian. La preuve qu'il a sa propre voix reconnaissable entre toutes.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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C' est un bon roman mélancolique, sombrant dans la noirceur des ténèbres et qui peut au premier abord, surprendre, dérouter, déconcerter le lecteur : ce roman c'est A l'aube de Philippe Djian
L'auteur maitrise de main de maitre l'intrigue en vous emprisonnant dans ce roman plein de mystère , sorte de puzzle dont il tire les ficelles avec doigté et le reconstitue par bride. Un rythme à l'allure folle qui décoiffe, mais un rythme avec des ruptures qui créent des montées d'angoisse.... On baigne dans une atmosphère assez toxique Et âmes fragiles s'abstenir .... Ls prsonnages, eux sont drappés dans un voile de brouillard qui les rend énigmatiques

L'est américain en toile de fond avec son jeu de lumière et un coeur de roman sulfureux avec violence et sexe . Récit et dialogues s'enchaînent et s'entremêlent sans que l'auteur ouvre des guillemets, ceci dans le but d'entretenir un suspens , laisser planer un doute: ne jamais se fier aux premières impressions.

Joan a la trentaine, à 18 ans, elle s'est enfuie de chez elle , trouvant ses parents Gordon et Suzan , activistes d'extrême gauche, trop égoistes et égocentriques . Mais voilà que ces derniers meurent dans un accident de voiture, Joan décide alors de renouer avec son frère Marlon, qui certes a 25 ans mais est atteint d'autisme . de ce fait, elle emménage dans la maison familiale .... Tout ça n'est guère évident , car Joan a deux activités , d'une part elle tient une boutique de vêtement avec Dora, mais elle est aussi une des call girls du réseau dirigée par cette dernière .

Vu qu'elle ne peut alors qu'elle l'a promis à Marlon de rentrer à la maison avant la nuit, elle engage une amie de Dora, Ann Margaret, la soixantaine comme « baby sitter » ....Mais voilà que celle-ci initie Marlon au sexe. Howard, un ex amant de Suzan, client de Joan , fait irruption dans leur vie à la recherche d'un pseudo magot qui serait caché au sous solde la maison

Alors, À l'aube de cette nouvelle vie , qu'arrivera t'il à Joan et Marlon ?
Lien : https://www.voyagelivresque...
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Une jeune femme dont les parents viennent de mourir d'un accident de la route, doit s'occuper de son jeune frère autiste, et cela ne va pas sans mal ! Belle écriture sans gras et agréable à lire
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