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EAN : 9782290308035
377 pages
J'ai Lu (20/09/2000)
  Existe en édition audio
3.99/5   927 notes
Résumé :
"Betty était allongée sur le lit. Elle était tout habillée, elle me tournait le dos. [...] Putain de merde je me suis dit tout au fond de moi en la regardant respirer. Le silence ressemblait à une pluie de paillettes tombant sur une tartine de colle. On avait toujours pas échangé un mot.» Betty est entrée dans sa vie, valise en main, un matin, et elle était la plus belle. Pour elle, il était le plus grand écrivain de sa génération. C'est que Betty a des exigences de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (59) Voir plus Ajouter une critique
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Les deux personnages principaux, Zorg et Betty, emménagent ensemble; c'est le Grand Amour... La jeune femme découvre des carnets que Zorg a écrit quelques temps auparavant. Elle pousse alors son compagnon à envoyer son manuscrit à des maisons d'éditions.
Notre héros reçoit la réponse d'un éditeur : "Votre écriture évoquant pour moi, à bien des égards, les signes avant-coureurs de la lèpre, c'est avec un dégoût profond que je vous retourne cette fleur nauséabonde qui vous est apparue comme un roman. La Nature engendrant parfois des choses monstrueuses, vous conviendrez avec moi qu'il est du devoir d'un honnête homme de mettre fin à de telles anomalies. Comprenez que je vais me charger de votre publicité. Je déplore toutefois que cette chose ne puisse retourner dans un endroit qu'elle n'aurait jamais dû quitter : je veux parler d'une zone marécageuse de votre cerveau" ...."Quand j'ai reçu la sixième lettre de refus d'un éditeur, j'ai compris que mon bouquin serait jamais publié." Mouais, c'est finement observé...
Mais "37,2 le matin" est surtout connu pour son côté chaud bouillant, ses scènes de sexe torrides : "J'ai enfilé mes doigts de magicien pour la déshabiller ". Houlala, ses doigts de magicien !" Ses yeux brillaient comme des soucoupes volantes" . Des soucoupes volantes, c'est complétement dingue ! "Elle a poussé un long soupir capable de déraciner un arbre". Et quand c'est l'orgasme, c'est toute la forêt qui y passe !
Après l'amour, notre héros nous l'avoue : " J'ai fait volte- face et je me suis envoyé trois bananes coup sur coup. Après ça, je me suis senti mi-figue, mi-raisin." Admirons ce subtil jeu avec les noms de fruits....
Notre héros termine par un réflexion laconique : "le bonheur existe pas, le paradis existe pas, il y a rien à gagner ou à perdre et on peut rien changer pour l'essentiel. Tout ce que tu peux faire, c'est te coucher le soir et te relever le matin."
Une bien belle conclusion....
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Je me suis lancé à reculons dans cette lecture, en raison de la couverture du livre de poche : le visage d'une femme à l'air triste sous un fond bleu je trouvais cela pas très engageant et même déprimant !
Et pourtant dès les premières lignes du récit, j'ai été conquis par cette histoire d'amour puissante, et plus encore par les interrogations, la mélancolie, le mal de vivre du narrateur, dont on ignore le prénom.
Betty et ce narrateur, c'est l'incarnation du feu et de la glace : elle jusqu'au-boutiste pour défendre les intérêts de son homme, lui une certaine force tranquille exprimant ses doutes sur le sens de la vie mais certain de son amour pour elle.
Les personnages secondaires sont aussi très bons, le lecteur passe avec plaisir de l'ancienne collègue de Betty, serveuse puis à sa soeur ou encore un patron sans scrupule, sans oublier le chien Bongo !
L'autre force de ce livre est la grande diversité des lieux, le renouvellement du décor est quasi permanent, tout s'enchaîne parfaitement, on s'ennuie jamais entre le début dans les bungalows puis le commerce de pizzeria et la vente de piano dans le sud de la France, mais aussi hélas l'hôpital.
Le style est particulier avec beaucoup de comparaison, et une utilisation intensive du que dont les limites sont parfois atteintes comme par exemple " il faut que des que je franchissais la porte"; un poil lourd par moment cette redondance de que et de comme.
Malgré le bonheur de Betty et du narrateur, on devine assez vite la tournure tragique, ces deux là sont trop cabossés pour être éternellement heureux.
En revanche, le lynchage final du narrateur par deux mecs se vengeant de lui (il leurs avaient dérobés du pognon) ne m'a pas complétement convaincu, il me semblait à ce moment du récit pas utile d'en rajouter après le destin tragique de Betty.

Un classique de la littérature française qui le mérite bien ! Pour me plaisir " toutes ces gueules étaient ravagées par une semaine de boulot sans intérêt, la fatigue, les privations, la rage et l'ennui" ...sublime. Je lirai d'autres Djian.
Je suis d'ailleurs surpris par le relatif faible nombre de lecteurs de ce livre sur ce site.
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Il s'agit là d'une véritable histoire d'amour envers et contre tout. Zorg, 35 ans et Betty emménagent ensemble pour le meilleur et pour le pire. Betty rêve de luxe, tandis que Zorg est employé de maintenance. Elle découvre parmi des cartons des carnets que Zorg a noirci quelques temps auparavant. Betty pousse alors Zorg à envoyer son roman à des maisons d'éditions.

Quel plaisir de lecture, quelques passages drôles voire très drôles (par exemple le moment où ils prennent le téléphérique), mais aussi de grands moments de dépressions. Il faut avoir le moral avant d'envisager la lecture de ce livre.
Zorg n'a de cesse de vouloir faire plaisir à Betty, quel que soient ses caprices et de couvrir ses arrières à tout moment sans demander d'explications. Il se démène et son amour pour elle ne fléchit pas. Quel courage et quelle force de caractère pour ne pas craquer !

Ce livre est un coup de coeur pour moi. C'était un moment de lecture très agréable.
Lien : https://letempsdelalecture.w..
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Lui, il veut être tranquille. Simplement tranquille, hors des tracas de la vie, dans sa bulle, ou son hamac à siroter une bière. Il a écrit un truc, une fois, il sait même plus comment il a fait ça et ça n'a pas grande importance. Il s'en fout ! Faire un peu de plomberie, de peinture ou d'électricité pour gagner trois sous et avoir la paix, ça lui suffit, il a compris depuis longtemps que la vie c'est une chierie..... mais il l'aime la vie et puis surtout, il y a Betty et Betty lui a enflammé le coeur et le sexe !
Betty, il en est fou !
"Qu'est-ce que ce petit monde desséché et rabougri pouvait peser à côté d'elle" ; "est-ce que je tenais pas enfin quelque chose d'énorme, de vivant ?". "j'avais pas réduit le monde à la dimension de Betty, simplement j'en avais rien à foutre."
Voilà ce qu'il pense, lui.
Et Betty, elle, elle pense quoi ? Betty, elle, est totalement obsessionnelle. Son mec, ce n'est ni un plombier, ni un peintre ou électricien. Non, c'est un écrivain. Putain, c'est même l'écrivain du siècle ! Alors elle va envoyer le manuscrit à tous les éditeurs du pays et on va voir ce qu'on va voir !
Et elle veut tout Betty. Et tout de suite. C'est une tornade Betty, et rien ne l'arrêtera en chemin ...

Et voilà, le décor est planté et Philippe Djian peut embarquer le lecteur dans cette histoire d'amour fou, magnifiée par un film culte que l'on peut adorer ou détester, tout comme le roman, tant il est excessif.

Philippe Djian raconte cette histoire dans son style bien à lui, de l'écrit-parlé, dont il a fait sa marque de fabrique, que l'on peut aimer ou détester, avec certes beaucoup de bavardage, mais aussi des passages empreints d'un lyrisme sauvage.
Quant à son héroïne ... bien barrée ou brindezingue ou folle à lier, comme vous voudrez, on se demande comment son mec fait pour la supporter !
Lui ne se le demande pas."Vivre avec toi, c'est peut-être le truc le plus important qui me soit arrivé" avoue-t-il à Betty.
Mais le lecteur, par contre, a parfois du mal avec elle !
A chacun son point de vue et sa sensibilité.
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« 37,2 le matin » c'est l'histoire d'une passion et d'une irrémédiable fuite en avant, vers un amour impossible. C'est l'histoire d'une envie, d'un BESOIN (…de Vie : 37° 2 est le léger train de fièvre lié à l'ovulation) et d'un refus. Refus de l'immobilisme, de la fatalité et de la vie minable que le narrateur accepte, par une paresse qu'il se plait à penser être une philosophie ; jusqu'au jour où… Betty débarque.
Betty c'est la force de la Nature : un raz-de-marée, un cataclysme, une bombe qui va littéralement dynamiter la petite existence pépère du narrateur anonyme* et fataliste.
Betty, c'est LE coup de foudre qui tombe sur l'homme d'abord, puis sur sa maison.
Amoureuse illuminée et quasiment fanatique, elle embrase tout sur son passage et embarque l'écrivain — qui s'ignore — vers la (vraie) vie à laquelle elle aspire.
Hypnotisé, incapable de contenir l'incendie, il la suit ; pour le meilleur et pour le pire.

« Moi la vie m'endormait. Elle c'était le contraire. le mariage de l'eau et du feu, la combinaison idéale pour partir en fumée. »

La passion qui les emporte et les dévore n'est pas sans rappeler Easy Rider ; road movie, quête éperdue et initiatique d'une liberté qui, ironiquement, se brise sur la morne réalité qu'on cherchait à fuir. On pense aussi à Icare que la Liberté grisa au point qu'il y laissa ses plumes…

« 37,2 le matin » c'est tout ça, mais c'est bien plus encore. Il y a l'écriture, incisive et maîtrisée, le style direct et brutal, avec ses punchlines qui vous cueillent comme des uppercuts, ce rythme soutenu, tant dans la langue, que dans le récit. Comment ne pas relever que ce style fera de Djian un écrivain connu et reconnu, comme le voulait Betty ?
« 37,2 le matin » c'est le roman d'une génération qui aura eu la chance de voir son époque marquée par ce couple mythique, interprété à l'écran par Jean-Hugues Anglade et Béatrice Dalle.

Je ne parlerai pas ici du film, que j'ai pourtant tant aimé; Babelio, c'est les bouquins !

« 37,2 le matin » c'est tellement de choses qu'il faut, de toute façon, se donner des limites si l'on veut en parler. Cette oeuvre est culte, elle appartient donc à tout le monde. Puisse « tout le monde » prendre le temps de se l'approprier, sans oublier l'ordre idéal : livre, PUIS film !

*Le nom de « Zorg » lui sera prêté par Beineix.
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Citations et extraits (76) Voir plus Ajouter une citation
Quand j'ai reçu la sixième lettre de refus d'un éditeur, j'ai compris que mon bouquin serait jamais publié. Mais ça, Betty l'a pas compris. Une fois de plus, elle est restée pendant deux jours sans desserrer les dents, le regard sombre, et tout ce que je pouvais lui raconter servait à rien, elle m'écoutait pas. À chaque fois, elle avait remballé mon manuscrit sur-le-champ et l'avait renvoyé à une nouvelle adresse. Comme ça, c'est parfait, je me disais, c'était un peu comme prendre une carte d'abonnement pour la souffrance, boire le poison jusqu'à la lie. Bien sûr, je lui disais pas et mon beau roman continuait à prendre du plomb dans l'aile. Mais je me souciais pas pour lui, je me souciais pour elle. Comme elle avait renoncé à barbouiller tous ces gens-là en rouge, je m'inquiétais de pas la voir recracher la fumée.
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Par moments, la ville me pesait. Mes plus beaux rêves se déroulaient dans des coins perdus, dans des déserts silencieux et colorés et je pouvais laisser traîner mon regard sur la ligne d’horizon et penser tranquillement à un nouveau roman ou au repas du soir ou prêter l’oreille aux premiers cris d’appels d’un oiseau de nuit déboulant dans le crépuscule.
Je savais parfaitement ce qui clochait avec Betty, ce damné roman la clouait sur place, lui ficelait les bras et les jambes. Elle était comme un cheval sauvage qui s’est tranché les jarrets en franchissant une barrière de silex et qui essaie de se relever. Ce qu’elle avait pris pour une prairie ensoleillée n’était en fait qu’un enclos triste et sombre et elle connaissait rien du tout à l’immobilité, elle n’était pas faite pour ça. Mais elle s’accrochait quand même de toutes ses forces, avec la rage au coeur et chaque jour qui passait se chargeait de lui écraser les doigts. ça me faisait mal de voir ça, seulement je ne pouvais rien y faire, elle se retranchait dans un endroit inaccessible où plus rien ni personne ne pouvait l’atteindre. Dans ces moments là, je pouvais m’attraper une bière et m’envoyer tous les mots croisés de la semaine, j’étais sûr qu’elle allait pas me déranger. Je restais quand même près d’elle, pour le cas où elle aurait eu besoin de moi. Attendre, c’était la pire des choses qui pouvait lui arriver. Ecrire ce bouquin, c’était sûrement la plus grosse connerie que j’avais faite.
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Je suis retourné au magasin sans me presser et un petit bout de pomme cuite s'est mis à pendre du paquet comme une larme. Je me suis arrêté au milieu du trottoir et je l'ai aspiré, zlip. Heureusement qu'ici-bas le paradis est pour trois fois rien, ça permet de ramener les choses à leur juste dimension. Et alors que reste-t-il qui soit à la dimension d'un homme ? Sûrement pas se casser le cul pour fourguer deux ou trois pianos, ça, c'était vraiment de la rigolade, ça pouvait pas faire des ravages dans ma vie. J'en dirais pas autant d'un petit coin de tarte aux pommes aussi doux qu'un matin de printemps. Je me suis rendu compte que j'avais pris cette histoire trop à coeur, je m'étais monté la tête avec ces pianos. Mais c'est difficile de pas se laisser gifler par la folie, il faudrait rester constamment éveillé.
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Je compte plus tous les sujets d'étonnement que j'ai rencontrés dans la vie, mais j'aime toujours ouvrir l’œil, c'est pas rare qu'il y ait deux ou trois trucs à prendre.
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Je me demandais comment je m’étais débrouillé pour trouver une fille comme ça mais d’un autre côté je savais bien que si je m’étais enterré au pôle Nord, je l’aurais rencontré un jour ou l’autre déambulant sur la banquise avec le vent bleu enroulé autour du cou.
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Vidéo de Philippe Djian
Le romancier Philippe Djian, adapté de nombreuses fois au cinéma (notamment dans "37°2 le matin" de Jean-Jacques Beineix, "Impardonnables" d'André Téchiné, "Elle" de Paul Verhoeven), publie un nouveau roman, "Sans compter". Un polar qui ne dit pas son nom et s'approche par moment du fantastique. Il est l'invité d'Olivia Gesbert.
#litterature #polar #cinema _____ Écoutez d'autres personnalités qui font l'actualité de la culture dans Bienvenue au club https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrqYh8kUxa2lt9m1vxzCac7X ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/bienvenue-au-club
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