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Critique de inclassable1


C'est le surnom qu'Hannah donne à Denis, l'homme qui l'a épousée parce qu'elle était enceinte, sous la vive pression de Paul, père de la mariée. Pas de pot, elle a fait une fausse couche.

Hannah est une personne formidable, à la poitrine naturellement surdimensionnée, qui ne vit que pour l'amour, encore l'amour, qui se repaît de son homme.

Elle est venue aux ateliers d'écriture organisés par Denis, uniquement parce qu'elle aimait sa voix.

Denis a 40 ans, c'est un écrivain qui vend trois mille exemplaires par an, écrit quelques critiques, et, sans qu'il y ait nécessairement de lien avec ce qui précède, se déguise en femme le soir pour travailler dans un cabaret.

Denis et Hannah habitent un appartement loué aux parents d'Hannah qui vivent dans le même immeuble, et Denis peine à payer le loyer, ce qui va l'obliger à payer de sa personne en travaillant pour Paul, espèce de gangster qui a fait fortune dans les poulets congelés ; Denis sera donc associé à Robert, homme de main, pour persuader les débiteurs de Paul de régler leurs dettes.

Il y a plein de raisons d'aimer ce livre, alors dans le désordre :

Même si on peut se laisser absorber par le style, Chéri-Chéri est d'abord une intrigue, une vraie histoire, avec des coups de poing, des soupçons, des rebondissements, de la tension, de l'amour, du sexe (torride, on est chez Djian).

C'est ensuite une galerie de personnages complètement réels, si vivants et si déjantés que nous pénétrons au coeur : Denis, à la fois cynique, terriblement drôle, et qui se laisse avoir par Hannah à chaque fois qu'elle en a envie (d'amour), qui aime se travestir depuis l'adolescence après la mort de sa mère. Paul, mafioso mystérieux, violent, dépourvu de coeur sauf pour sa fille. Robert, l'homme de main, brute épaisse et sombre au coeur sensible, Veronica, femme de Paul qui la frappe et l'humilie et qui trouverait bien refuge dans les bras de son gendre. Les travelos au grand coeur ou méchants comme la peste.

Tout cet univers est vu à travers le prisme de Denis, Denise le soir, qui a un blindage à toute épreuve, fait d'humour, d'ironie, de cynisme, d'auto-hypocrisie, de distance et de tendresse.

C'est ce personnage, à peu près le même dans tous les bouquins de Djian, qui fait qu'on adore ou qu'on déteste, ce type à l'humour dévastateur qui profite beaucoup des autres mais qui les aime malgré tout.

Au-delà et il faut aller au-delà, ce roman est très construit, en ce sens que tout n'est pas raconté linéairement, les personnages se dévoilent peu à peu, quelques retours en arrière permettent de compléter les portraits.

Il y a chez Philippe Djian un sens de la progression, un sens du drame joyeux qui sont vraiment remarquables et qui constituent sa vraie signature.
Lien : http://occasionlivres.canalb..
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