Lire Djian, c'est comme s'enrouler dans sa couette sur un matelas moelleux comme une brioche. C'est chaud et réconfortant. On retrouve cet univers familier qui fait le sel de l'auteur : la cacophonie des rapports humains, le débord émotionnel irriguant les contrariétés quand il ne nourrit pas les casseroles amoureuses, le tout saupoudré d'alcool et de sexe qui ne cesse de nous faire des appels du pied. C'est grisant.
Un des premiers romans de Djian, on plonge net dans le monde de Henri-John, marmot qui grandit joyeusement au sein d'une troupe de cabaret écumant les théâtres d'ici et d'ailleurs. Il faut dire que la mayonnaise prend comme il faut dans cet univers peuplé d'artistes burlesques et de danseuses aux courbes faciles. Henri-John se dévoile à coups de gadins entraînants dans une enfance qui peine à le retenir.
C'est dans les coulisses de salles aléatoirement baroques, entre deux costumes à paillettes, qu'il acquiert sa maturité, sorte de grammaire adolescente vite perturbée par l'activité lubrique de son entrejambe. La matière sexuelle, toujours très conviviale chez Djian et
lui revenant avec aisance, soulève du désir en ramdam et nous fait avaler les pages sans broncher.
Je préciserai néanmoins avoir tiqué sur 2 ou 3 éléments de l'intrigue lesquels, me semble-t-il, ne passeraient plus à l'air post me too : rapport sexuel sans consentement (femme endormie), rapport extrêmement douteux entre un jeune ado et une femme mûre (
lui, vierge et elle faisant figure d'autorité). Cela fait crisser les dents, je dois l'avouer. Mais beau moment de lecture, Djian me déçoit rarement.