En comptant les 6 tomes de la série Doggy Bag,
Philippe Djian en est aujourd'hui à 30 romans publiés, alors qu'il s'apprête à fêter son soixante-dixième anniversaire, en juin prochain. Ceci pour dire que l'auteur d'
Impardonnables n'a plus rien à prouver et que ceux qui l'apprécient continueront de l'aimer avec
Les inéquitables tandis que les autres peuvent s'abstenir de (re)tenter l'expérience avec cet écrivain à l'univers et au style bien définis, mais certainement pas destiné à plaire à tout le monde. Les personnages de
Les inéquitables sont très imparfaits, traînant des failles psychologiques, et même physiques, irréparables. C'est à peu près une constante chez Djian qui, comme à l'accoutumée, ne distille les informations qu'avec parcimonie et tant pis si le lecteur doit faire fonctionner son imagination pour combler quelques trous. L'essentiel est ailleurs, dans la création d'une ambiance menaçante, au bord de l'océan et parfois dans la tempête. Les sentiments affleurent et la violence arrive sans prévenir, abruptement, au détour d'une phrase. La manière Djian, ce sont des tournures de phrase étonnantes, une ponctuation épurée mais aussi une succession chronique d'événements dramatiques qui font basculer les vies dans une sorte de farandole tragique. Voire burlesque dans l'absurde car il y a toujours dans les romans noirs de Djian ce regard narquois sur la comédie humaine avec, en particulier, les satanés liens du sang, dans toutes les acceptions de l'expression. On a beau connaître par coeur tous les ingrédients habituels de ses romans, on est sans cesse estourbi dans
Les inéquitables par les coups de théâtre et le funambulisme narratif de Djian. Ses romans se ressemblent beaucoup mais parviennent le plus souvent à renouveler l'intérêt et à captiver. C'est le cas de ces Inéquitables, le millésime 2019, fort gouleyant, ma foi.
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