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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Première incursion dans l'univers de Philippe Djian. Déroutant, tranchant, Djian semble aimer les mots plus que la ponctuation, plus que l'intrigue en elle-même. La forme est excellente, le fond se tient si peu que l'on s'accroche.

Deux vétérans de la guerre et amis de longue date, Dan et Richard sont confrontés aux démons qui les hantent depuis la guerre. Traumatisés, cabossés, chacun fait ce qu'il peut pour continuer une vie des plus normale. Dan dans son célibat, s'octroie une hygiène drastique, quant à Richard, c'est plus compliqué. Rebelle, bagarreur, il a du mal. Pour ces hommes, comptez trois femmes. Nath, la femme de Richard, Mona leur fille revêche et Marlène, la soeur de Nath.
Marlène, c'est la boule de trop qui renversera toutes les quilles, Marlène, c'est le strike. le boulet qui fait vaciller la table trop propre ou pas assez. Avec sa tête qu'on dirait qu'un nuage pleurant s'est posé au-dessus, ses lunettes qui ne lui vont pas, sa manie de s'évanouir partout, de collectionner les bourdes, on s'attache à Marlène. Elle veut juste un peu d'amour Marlène, pas toujours tomber sur des salauds. Marlène c'est aussi celle qui symbolise les défauts des uns et des autres. La jalousie, la peur, la médisance, les jugements gratuits, le sexe, la stabilité comme l'instabilité.

Philippe Djian, j'ai aimé ce premier roman parce qu'il y a un véritable univers rock and roll ici, ça déglingue, ça percute et c'est pas mal immersif aussi. La Marlène, on se l'imagine sans mal, le double rhum, les regards de travers, bref, toutes ces petites choses qui sous la plume de monsieur et madame tout le monde pourrait paraître sans intérêt, sous la plume de Djian, c'est à travers une fenêtre transparente qu'on respire son histoire. Et même si le fond n'est pas toujours très clair ou très motivant, l'écriture est tellement particulière qu'on se laisse entraîner sans rechigner.
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Voilà de cela un moment qu'un bon ami à moi me vantait les livres de Djian, qu'il vénère, et que je me disais qu'il fallait que j'en lise au moins un pour me faire une idée.
Au milieu de sa bibliographie pléthorique, j'ai hésité un bon moment avant de jeter mon dévolu sur cette histoire qui a aiguisé mon intérêt sur la base de la quatrième de couverture.
J'ai mis un peu de temps à rentrer dedans. Déjà, il faut s'habituer non pas au style (qui dans l'absolu est très bon), mais aux petites manies de l'auteur, mais j'y reviendrai. Je suis resté un moment sans comprendre grand-chose car le gars distille sa mise en place avec parcimonie.
J'ai peu à peu découvert un auteur qui sait dire énormément de choses avec finalement une grande économie de mots, ce qui je dois le dire n'est pas donné à tout le monde, et si l'évocation de détails descriptifs en apparence anodins peut déconcerter de prime abord (euphémisme pour dire qu'on s'en fout), en vérité il faut reconnaître que ces choses-là finissent par poser une ambiance.
Et peu à peu, on rentre dans une histoire accrocheuse et bien plus profonde qu'il n'y paraît dans les relations qui se font et se défont entre les malheureux protagonistes de ce théâtre un peu désespéré et désespérant d'une petite ville de garnison qui nous apparaît glauque et ennuyeuse.
Le final est saisissant.
Tout serait donc presque parfait, sauf que... sauf que j'en veux un peu à Djian pour ce que je considère un peu comme des caprices pour faire genre. Par exemple, cette manière de ne jamais mettre aucun tiret de dialogue, et de mélanger en freestyle le style direct et le style indirect dans un même dialogue. de se foutre complètement de la ponctuation en privant les questions de points d'interrogation. Je ne voudrais pas faire vieux jeu, mais ces conventions ont une utilité, celle de clarifier le propos, de donner une fluidité de lecture et de ne pas risquer de heurter la compréhension du lecteur. Et je ne parle même pas de sa manie de changer de lieu et de personnage point-de-vue, autrement dit de sauter du coq à l'âne, non seulement sans changement de chapitre, mais sans même un saut de ligne, comme si c'était dans la continuité du paragraphe précédent.
Tout cela m'a énervé plus d'une fois, parce que ça provoque des accrocs, des incompréhensions qui obligent à relire, à réfléchir un peu, à revenir en arrière – voire à laisser tomber et à continuer, deux ou trois fois – dans une narration qui par ailleurs est de plus en plus prenante, comme une fuite en avant.
De petites frustrations, donc, et nous les lecteurs, nous ne sommes que des humains, nous n'aimons pas être frustrés.
Qui plus est, j'ai vraiment eu l'impression que ces petits artifices n'apportaient rien de plus à ce livre, mais plutôt quelque chose de moins, c'est pourquoi j'ai parlé de caprices.
ll n'en demeure pas moins que Djian est un écrivain puissant, et que j'en lirai d'autres de lui... ne serait-ce que pour voir s'il fait ça dans tous ses bouquins.
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Philippe Djian dit être plus intéressé par le style que par les intrigues. On n'est pas obligé de le croire mais il est vrai que son dernier roman, Marlène, est ciselé avec l'amour d'un tailleur de pierres à partir d'un matériau brut qui prend forme peu à peu. En bannissant les éléments de ponctuation, hormis les points et virgules, l'auteur ne nous facilite cependant pas la tâche. Les dialogues, en particulier, sont, tout du moins au début du roman, particulièrement difficiles à remettre dans la bouche des bons interlocuteurs. Cela demande un certain effort mais on s'y fait. le petit monde décrit par Marlène ne tourne pas très rond : deux anciens de l'Afghanistan, Dan et Richard, trimballent un sérieux stress post-traumatique qui les empêche de mener une vie tout à fait normale. Les femmes du livre, pour d'autres raisons, recherchent aussi l'équilibre, à commencer par Marlène, un peu paumée et gaffeuse impénitente qui suscite les catastrophes. Elle est le chien dans le jeu de quilles du livre et comme souvent chez Djian, il est à prévoir qu'il y aura une ou deux morts violentes pour assombrir l'horizon. Djian se délecte des agissements pas toujours très sensés des personnages de son microcosme et de leur sens moral guère élevé. Marlène a des allures de sitcom décentrée et Djian est en totale maîtrise dans ce roman noir où l'on ne voit pas venir la violence éruptive et les rebondissements brutaux. Depuis des années, à l'instar d'un Echenoz ou d'un Modiano, Philippe Djian construit brique après brique une oeuvre cohérente et compacte. On a le droit de ne pas aimer ses livres, pour toutes sortes de raisons (il est parfois à la limite de la misogynie) mais nul ne peut contester qu'il est un véritable auteur avec son propre univers, qui ne ressemble à aucun autre. Et Marlène montre avec éclat qu'il est loin d'être à bout de souffle.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Philippe Djian est un romancier français né en 1949 à Paris. Il a longtemps été présenté comme un héritier de la Beat Generation en France. Il est notamment l'auteur en 1985 de 37°2 le matin qui lui apporta la popularité mais depuis, son style et son inspiration ont beaucoup évolué. Marlène, son nouveau roman vient de paraître.
Dan et Richard, amis d'enfance et vétérans de l'armée ayant fait l'Afghanistan, l'Irak et le Yémen, vivent dans la même ville depuis leur retour des zones de combat. Encore gravement perturbés par ce qu'ils ont vécu, ils peinent à retrouver une vie normale. Dan semble mieux y parvenir, partageant son temps entre le boulot et le sport mais retranché dans une sorte de solitude, ne fréquentant que son ami. Richard de son côté, est marié avec Nath mais il est infidèle et bagarreur, quant à leur fille Mona, adolescente rebelle, elle leur en fait voir de toutes les couleurs. Un jour, débarque Marlène, soeur de Nath…
Allons droit au but, Marlène est un bon roman ! Maintenant, si on entre un peu plus dans le détail, si vous aimez Philippe Djian c'est effectivement un bon livre car l'histoire se tient et la fin est très belle, il n'y a pas d'exagérations trop outrées et le sexe reste soft et discret. Pour les autres par contre, c'est un gentil roman mais dont on ne retire aucun enseignement (sur la vie, sur la morale…) et qui ressasse des lieux communs sur les rapports entre hommes et femmes, à savoir qu'elles sont une drôle d'engeance mais qu'on a du mal à s'en passer.
Deux hommes, trois femmes, réunis pour le meilleur et pour le pire, tous se trimballant leur problèmes existentiels. Les mecs ont été marqués par les guerres et doivent vivre avec dans un environnement qui ressemble à ce que doit être une vie « normale ». Elles, se sont Mona, l'ado en crise qui ne supporte plus ses parents et cherche refuge chez Dan ; Nath, qui se laisse aller à des ébats sans passion avec un amant devenu trop collant ; et Marlène qui déboule sans crier gare chez sa soeur, en quête d'un point de chute pour souffler, sans boulot, larguée par son dernier copain, plutôt bordélique dans l'ensemble… Nous aurons donc droit aux démonstrations d'amitié virile non exemptes de conflits tout aussi intenses, aux ruses féminines pour obtenir ou refuser les avances du sexe opposé, les classiques du monde de Djian.
La première partie du roman est faite de chapitres extrêmement courts et l'écriture est squelettique, l'écrivain réduisant son texte au minimum, alors que plus loin dans le livre ce sera plus épais. Ce début d'ouvrage est particulièrement travaillé, ellipses et non-dits immédiats obligent à rester concentré pour comprendre ce qui se passe. J'ai dû revenir souvent en arrière pour remettre mes idées en place. A ce point du récit on sent et l'on voit que Djian a bossé comme un malade son texte – mais inversement, parfois ça se voit trop et comme chacun sait, le trop est l'ennemi du bien. Pour ne pas se quitter sur cette remarque négative, je répète ce que j'ai dit en entame, c'est un bon roman.


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Que ça fait plaisir de retrouver le Djian des débuts, le Djian des romans bien ficelés, noirs et humains, glauques et puissants à la fois ! Une intrigue toute simple, un lot de personnages tous accaparés par leurs tracas (Richard et Dan sont des vétérans des guerres menées par l'Amérique, Nath trompe Richard et doit accueillir sa soeur mal-aimée, Marlène, sans compter Mona sa fille, avec qui les relations sont difficiles).
Rien de bien folichon me direz-vous, du sexe, des embrouilles, des triangles amoureux et amicaux, rien de nouveau sous le soleil djianesque, mais ça fonctionne vraiment bien ! J'ai tourné les pages à toute vitesse et n'ai pas pu lâcher ce roman, un très bon signe !
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Dés la première ligne, on est au parfum. C'est le Philippe Djian qu'on aime, celui qui répète dans toutes les émissions littéraires auxquelles il participe," l'important c'est le style, l'histoire ça ne m'intéresse pas". Et je suis plutôt du genre d'accord avec cette affirmation quitte à en hérisser plus d'un.
Donnez n'importe quelle histoire à Philippe Djian, la plus banale qui soit, il en fera de la littérature et Marlène n'y échappe pas. Djian s'en donne à coeur joie et fait fi des conventions comme dans tous ses textes. Ses dialogues sans ponctuation et ses sauts du coq à l'âne obligent à un minimum de concentration et s'il y a bien un auteur pour lequel on peut parler de l'acte de lire, c'est bien lui.
Le comble, dans Marlène, c'est qu'en plus, il y en a une d'histoire et elle nous tient en haleine jusqu'au dénouement.
Alors, à quand une adaptation cinématographique aussi réussie que celle de "Oh... " ?
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Dan et Richard, deux vétérans revenus très cabossés moralement d'Afghanistan.
Nath, femme de militaire dans cette petite ville de garnison.
Sa fille, Mona, en pleine crise d'ado, qui ne supporte plus sa mère ni le fait que son père de retour du front ait écopé de trois mois de prison pour un délit mineur. Proximité maternelle et éloignement paternel font de cette ado, une fille à problèmes.
Et surtout, Marlène, la soeur de Nath, qui revient vivre à proximité et devient collante, très collante.
Les amis de Richard et Dan, leur frère d'arme, Ralph, qui a subi une double amputation, sa femme, Gisèle, qui fut son infirmière.
Tout est rassemblé pour un huis clos dramatique. C'est du pur Djian. La chute est encore mémorable. J'aime !
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J'ai eu du mal à rentrer dans ce livre, que j'ai d'abord trouvé confus et embrouillé, d'autant que l'auteur passe d'une personne à l'autre sans prévenir, ce que j'ai trouvé extrêmement déroutant.
Et puis la magie a opéré, j'ai été avalée par l'histoire, le style sec et nerveux , la detresse des personnages, et la fin m'a mise K.O. Bravo.
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J'ai été surprise par P DJIAN je ne m'attendais pas à un sujet aussi sensible pour un petit roman de 209 pages
Un très bon roman où plusieurs sujets de société sont abordés

A découvrir
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Du pur Philippe Djian avec des personnages déglingués par la vie; les figures masculines sont deux anciens militaires rentrés d'Afghanistan bousillés par des bouffées de stress post-traumatiques (c'est un sujet dont se sont emparés assez récemment plusieurs auteurs comme L'Insouciance de Karine Thuil), unis par une amitié virile non dénuée d'orages; les 3 personnages féminins ne sont pas dans un meilleur état et veulent désespérément être aimées; elles ont entre elles des relations plus que conflictuelles comme il en existe dans de nombreuses familles entre soeurs ou entre mère et fille adolescente.
Le décor n'incite pas plus à l'allégresse : une maison presque vide pour un des 2 militaires (Dan) comme s'il ne voulait pas s'installer dans sa vie, la prison pour l'autre (Richard) qui a l'art de se mettre dans tous les plans foireux pour se sentir exister, pour retrouver un peu de l'adrénaline d'Afghanistan, un bowling miteux où les installations tombent souvent en panne, un salon de toilettage pour chiens où les chiens mordent les soigneuses.
Tous les ingrédient sont là pour conduire aux drames; l'écriture directe, ciselée, sans fioriture de Philippe Djian y conduit irrémédiablement.
Malgré tout l'art de l'auteur, j'avoue que je ne suis plus aussi fan qu'avant car aucune note d'espoir ne vient légèrement adoucir le récit, c'est glauque et j'accroche de plus en plus difficilement aux changements brusques et sans indice des personnages; on ne sait plus qui parle ou de qui parle l'auteur. Philippe Djian ne me surprend plus même si une curiosité addictive à chaque nouveau roman me pousse à m'y plonger.
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