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3,45

sur 724 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Oh… oh, il envoie du lourd. Narration glaçante des premières lignes, sans fioriture. On comprend à demi-mots ce qui vient de se jouer. Je suis choquée, le saisissement est brutal et je chute dans un gouffre de non-sens. Comment fait-elle, putain ?! Merci monsieur Djian, j'adore être prise de stupeur comme ça. Ce roman me plait déjà à peine ouvert.

« Tu as de ces mots, putain ! » Ok j'arrête de parler comme les mecs de cette famille. Mais écoute ce qu'elle te raconte, elle.

Incroyable ce roman, un verre brisé, une tâche de vin blanc qui s'évapore, aucune trace visible juste une faible odeur qui partira lentement, resteront uniquement les envies meurtries de cette femme et ses souvenirs. Une percée dans les failles d'une femme arrivée au milieu de sa vie, qui se livre uniquement aux lecteurs, car à qui pourrait-elle dire la vérité ?

« Même à moi, je n'ose pas dire la vérité. »

Seuls des lecteurs irréels à ses yeux sont capables de savoir la réalité de ce qui s'est passé un hiver, autour d'un Noël froid et pénétrant. Coincée, elle est prise dans un engrenage d'amour qui s'est refermé sur elle. C'est un homme qui décrit d'une façon admirable les pensées les plus intimes d'une femme pas comme les autres, une histoire paternelle lourde ayant conduit à la destruction de sa famille alors qu'elle était adolescente, elle s'est reconstruite envers et contre tout.

Elle a rencontré un homme (aujourd'hui son ex) avec qui elle a eu un fils (devenu père récemment). Elle a une amie depuis la naissance de son fils avec qui elle partage tout et même plus. Elle a un amant qui lui fait naître des désirs insoupçonnés. Elle a un chat qui assiste à tout et voit tout, comme nous lecteurs, et tous nous ne dirons rien de ce qui se passe dans cette maison…et celle d'en face. C'est violent, physiquement et psychologiquement et j'ai adoré cette plongée dans cet amour mortifère. Elle aime son fils, sa mère, son amant, comme on meurt. Oh… c'est de l'amour emberlificoté qui balance entre des hauts et des bas, des pulsions antagonistes contenues dans chacun de nous, eros et thanatos réunis dans une dernière valse. « le cimetière est vide. Je tiens quelques minutes. Puis mes lèvres commencent à trembler, je balbutie, je ressors promptement – et je sais qu'elle me lance : ‘Quelle poule mouillée tu fais, ma fille' ! »

« Ceux qui l'emportent sont ceux qui ont les nerfs les plus solides, ne l'oublie pas. »
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Une oeuvre littéraire, un livre puissant, un roman qui braconne sur des terres défendues. Djian a coutume de nous conduire là où nous ne l'attendons pas .

Je ne vais développer toute l'histoire, cela a déjà été fait " moult " fois tout au long des critiques, et ce n'est pas le plus intéressant. (Je m'en explique en fin de critique ).
En fait, on oublie vite le côté burlesque de toutes ces situations. Oh… est un roman enlevé mais pas drôle, plutôt triste, au fond. Au fil d'un scénario bien séquencé, Djian dresse un tableau ultraréaliste du désarroi contemporain. C'est son côté moraliste. On dirait une série américaine - une bonne. Ses personnages sont sympathiques, ils font preuve de bonne volonté, mais comme ils sont dramatiquement soumis aux aléas de leur affectivité, ils pataugent. le portrait de l'héroïne est très réussi: Michèle est une fille intelligente et sexy. Elle régente la vie des autres, leur dit comment ils devraient se comporter, mais elle-même n'obéit qu'à ses envies. Elle fait mine que rien ne la touche, c'est une femme libérée et moderne, mais elle n'est pas si forte que cela. Djian met en lumière l'échec d'un certain féminisme et d'une forme de politiquement correct sexuel. Les hommes qu'il met en scène sont tous assez minables. Une histoire emblématique d'une époque, la nôtre, qui suscite un vertige métaphysique salutaire.

Pour moi, Djian est un auteur exceptionnel dans le sens où l'histoire passe au second plan, il s'intéresse avant tout au son de la langue et à son rythme car dit-il " Elle finit par nous échapper " Je pense que c'est la raison pour laquelle, il est du coup le spécialiste des ellipses dans ses romans ce qui parfois nous fait perdre un peu le fil de l'histoire.
Mais ne changez rien Monsieur Djian, je vous adore.





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OH les gars ! Si vous ne vous êtes pas encore aperçus que les femmes sont des mutantes. Djian est là pour vous ouvrir les yeux !
Le viol ? Un petit bain aux sels parfumés et il est à ranger dans le sac des expériences désagréables ni plus, ni moins. "J'ai connu pire avec des hommes que j'avais librement choisis."(p 15). Un sérieux coup bas qui change la donne. Vous pensez que c'est de la SF ? Lire «King-Kong Théorie» de Virginie Despente.
Les enfants ? L'amour indéfectible oui, mais l'amour aveugle... Niet-Nada ! C'est fi-ni ! il est temps qu'ils prennent leur destin en main surtout quand ils vivent en couple et qu'ils ont un loyer à payer.
La vieillesse ? Mini-jupe de cuir, homme génération -2 pendu au bras comme un nouveau sac à main. Ridicule peut-être, mais fini la nostalgie des rêves repassés ! de l'action, toujours de l'action !
Le travail ? Boulot-boulot, pas de passe-droit même quand l'affectif entre jeu.
Les amants ? je glousse, je n'en dirai pas plus !
AH ! Je comprends mieux maintenant pourquoi Djian a changé de sexe dans ce livre !

Un excellent Djian, qui ne se résume pas à ce que je viens de dire, c'est beaucoup plus subtil que ça.
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J'ai aimé ce livre parce que j'aime Djian. J'ai mis longtemps à l'adopter, ayant été déçu par Doggy bag. Mais petit à petit, j'ai aimé ce style pur, cette posture narrative parfaite (ici le narrateur est une femme), ces personnages qui sont à la fois vos voisins de palier et des êtres extrordinaires. Oh! y rajoute un suspense digne d'une série télé, comme la prose de Djian les affectionne. Un Prix tout à fait mérité.
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Ce roman est percutant. Il nous happe dès les premières pages, nous malmène, nous entraîne dans un tourbillon incroyable – et d'ailleurs, on ne remet jamais en cause la crédibilité des événements, ce n'est pas ça qui importe chez cet auteur – et on sort de là, hagard (e), et tellement heureux (se) d'avoir enfin lu un roman, un vrai. Loin des réflexions narcissiques de la plupart des auteurs à la mode, Djian sait construire une histoire, et surtout il a une écriture tellement précise, tellement juste, il sait mettre dans ses phrases un rythme tellement palpitant, tellement particulier, qu'il ne peut qu'emporter l'adhésion totale de son lecteur.

Le narrateur est… une narratrice de 50 ans, et là encore, Djian réussit à se mettre dans la peau de sa narratrice avec une facilité déconcertante. Combien de fois me suis-je dit : "oui, c'est ça, c'est exactement ça ! Je pense et ressens la même chose."

Très souvent, je répète à mes petits élèves de CE 1 que lire c'est "se faire un film dans sa tête, l'histoire doit se dérouler dans la tête comme lorsqu'on est au cinéma". Et bien Djian est l'auteur par excellence qui permet de "voir" le livre qu'on lit. Et cette magie s'opère grâce à son écriture, le rythme de ses phrases, leur construction maîtrisée, les mots toujours justes… Et aussi parce qu'il n'y a pas de chapitres, pas de saut de lignes entre les paragraphes, ce qui crée un mouvement qui empêche le lecteur de décrocher.

Djian est un magicien ! J'adore !
Lien : http://krol-franca.over-blog..
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Je n'avais jamais lu de livre de Philippe Djian. Je connaissais le personnage, mais ça s'arrêtait là. Et bien je n'ai pas été déçue. "oh..." est une petite merveille, une petite bulle hors du temps, un voyage dans la psychologie compliquée d'une femme comme une autre. Jusqu'à la fin, on s'interroge sur ce que l'auteur veut nous dire, sur le message qu'il souhaite faire passer. Finalement, chaque personnage nous apprend quelque chose, chacun nous fait réfléchir, à sa manière, avec ses actes, ses paroles et ses petits secrets. L'histoire nous emporte bien loin de ce que l'on imaginait, finalement le début et la fin se rejoignent, finalement ça ne parle pas de ce qu'on pensait, finalement ça ne traite pas la vie comme on pensait que ça allait la traiter.
Et ce style, formidable. Ce roman se lit d'une traite, d'un souffle, c'est fluide et entrainant, tout en étant bien écrit, tout en étant vrai et chargé d'émotion, d'action. Vraiment j'ai adoré, il n'y a pas d'autre mot.
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Un simple "oh..." n'est pas banal. Selon l'interlocuteur, il est un "Oh félicitations!" joyeux, un "Oh pardon!" cynique, un "Oh s'il te plait!" coléreux, un "Oh eh bien, excuse-moi" gêné, un "Oh mais non" emprunté, un "Oh vraiment"admiratif, un "Oh dis-je.." choqué ou un simple "oh.." qui feint l'outrage, hypocrite, mais n'en pense pas moins...
Philippe Djian, avec son talent inimitable, analyse les comportements les plus inavouables, ouvre différentes bouches en coeur d'adultes en âge de déraison.Dans "oh..", comme dans Lent dehors, les rapports de couple sont abordés: Richard le mari, faible, séparé de sa femme Michèle, mais toujours proche est un "mauvais scénariste", alors qu'elle froide femme de tête, manipulatrice, associée avec sa meilleure amie Anna est productrice de films.
Comme dans Frictions, Michèle est une mère abusive, qui se mêle des problèmes de son fils Vincent faible aussi, juste bon à travailler au Mac Do.
Et nous retrouvons surtout l'atmosphère névrosée, déjantée, empreinte de violence, chère à Philippe Djian (mots crus en moins, juste quelques rares "putain" ouf! ) car tout va tourner autour du viol de Michèle qu'elle prend avec une dose de sang froid surprenante.Philippe Djian navigue, par petites touches perfides, avec maîtrise et tout en finesse, dans cet univers aisé dans lequel tout est contrôlé par Michèle la narratrice, dont le père a été surnommé "le monstre d'Aquitaine", la mère est une dévergondée avec laquelle elle entretient des "relations nauséeuses", l'ex-mari à la jeune maitresse qui accourt dés qu'elle le siffle, Robert le mari de sa meilleure amie qu'elle se tape, le voisin Patrick homme athlétique pas si athlétique que ça...
Bref, les frissons parcourent l'échine du lecteur qui pénètre avec curiosité dans la boite noire de chacun et dans le suspense ambiant pour ne plus lâcher ce roman palpitant.
Autant le dernier Nothomb (pour moi) sonnait creux, autant ici les personnages sont psychologiquement palpables et font vrais.
Et cette Michèle...on se dit "oh.." .....A quand le film car j'y verrais comme pour 37,2 ° le matin un excellent scénario! Et l'écriture imagée ( "ses paroles ont un goût de sang", "un jet de vapeur fuse de ses oreilles"..) Bravo!
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Il m'est impossible d'avoir le moindre recul sur un livre de Djian ! Je suis tombée amoureuse de son ecriture à 20 ans, et je guette la moindre de ses lignes, que je garde tels des trésors. Djian, c'est de la musique, c'est un rythme qui s'impose à vous dés la première phrase et qui vous hypnotise jusqu'à la dernière. On en sort essoufflé mais heureux comme après l'amour. Un livre de Djian c'est un orgasme qu'on voudrait faire durer. Oh…
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Ah! le style Djian:
"... et notre lutte commence. Il arrache mes vêtements et je hurle. Je le frappe réellement de mes poings, il me tient à la gorge, il me frappe, me possède, etc.
Pendant le week-end, j'achète un lot de lingerie bon marché"
J'adore. Sans plus de commentaires.
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Oh... ! Alors là c'est le genre de livre qu'on a du mal à lâcher d'autant plus qu'il n'y a pas de chapitre et que l'écriture est un flot continu sur lequel j'ai pris plaisir à naviguer.
Ce n'était pas gagné d'avance avec un sujet un peu tordu et une narration à la première personne alors qu'il s'agit d'une femme et que l'auteur, Philippe Djian, est un homme.
Je trouve que le ton est juste et je peux me mettre aisément dans la peau de Michelle, le personnage principal, qui a le même âge que moi. Même si l'histoire commence par un viol, ce n'est ni sordide, ni traumatisant.
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