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Avec Philippe Djian, on ne sait jamais à quoi s'attendre. Il nous déroule les tentacule de son roman très lentement, en pesant bien ses mots, en s'attardant un peu plus sur tel ou tel personnage, sur tel ou tel épisode, sans qu'on comprenne vraiment ses choix, sans qu'on puisse le moins du monde deviner où l'intrigue va nous mener. Et puis, il nous tue en plein vol. On pourrait lui en vouloir, mais finalement, si j'ai été très frustrée sur le moment, je me dis maintenant qu'il n'y avait en effet plus rien à dire, que c'était là la fin logique des choses et qu'il vaut mieux finir en beauté que de s'attarder dans des longueurs inutiles (ce que Djian a bien compris et exécute à merveille). Comme toujours, ses personnages sont à la fois attachants et profondément haïssables, tour à tour victimes et bourreaux. Mais il nous donne l'occasion de comprendre Mani et Vito, de leur trouver des excuses, de les apprécier. Alors que c'est sans espoir pour Victor Sarramanga, dont le point de vue n'est jamais présenté tout au long du roman. On n'a un peu le sentiment qu'il n'a que ce qu'il mérite finalement, que c'est lui le bourreau ultime de l'histoire, et la cause de toute la souffrance de tous les autres personnages. Tout est beaucoup plus compliqué que cela bien sûr, quand on tourne les pages, mais avec le recul, c'est un peu cela qu'on ressent. Et je ne peux m'empêcher de penser que Djian l'a fait exprès, lui qui, diaboliquement, mène son lecteur par le bout du nez et ne laisse jamais rien au hasard. Toujours est-il qu'il s'agit d'un livre intense et captivant, qui prend aux tripes pour ne plus les lâcher, et donne à réfléchir sur la nature humaine. Lien : https://theunamedbookshelf.c.. + Lire la suite |