Échine

J'aime la plume de Djian. J'aime aussi son univers, qui me dérange parfois. Mais la littérature n'a pas vocation à caresser dans le sens du poil. Me semble-t-il.
J'avais lu ce roman Echine il y a bien longtemps (un quart de siècle) et j'ai eu le désir de le relire.
Voila chose faite.
Aujourd'hui je retiens davantage la sensibilité des relations entre adultes et adolescents, et entre les adolescents eux-mêmes.
Donc l'histoire est celle de Dan, un quinquagénaire, quitté par sa femme et par la littérature. Il était écrivain brillant mais le départ de sa femme a mis en berne ses deux passions, l'amour pour une femme et l'écriture. Il est très proche des adolescents qui l'entourent.
Il refuse toute relation durable avec la gent féminine, il n'arrive plus à écrire des choses dignes et digestes. On dirait un loser. Et pourtant, il s'accroche surtout à une morale, une dignité qu'il croit avoir perdues.
Ses blessures d'abord morales, deviennent physiques, au moment crucial où il pourrait regagner, cesser d'être un loser. J'ai apprécié ce non-basculement. Dan reste sympathique tant qu'on se retient de lui filer un bon coup de pied dans le derrière. Ce qu'attend l'auteur aussi.
Un roman sympathique, bien écrit, clair, lucide, nous indiquant que l'échec fait partie de la vie, tout comme la mort, ou la décrépitude, un anti feel good en quelque sorte, mais qui grâce à sa subtilité et son intelligence, apporte un élan d'empathie pour tous ces personnages.

rien que la vue de cette couverture me bouleverse....celle de mon volume est presque tombée, tellement lu, relu, emporté partout, preté, depuis bientôt 30 ans...Ce livre fait parti de ceux qui m'ont accompagnée parfois bien davantage que de "vraies" personnes dans ma vie, je l'ai découvert adolescente, relu jeune adulte, jeune mère et il me touche encore différemment maintenant que je suis mère d'ados...

Philippe Djian fait partie de mes écrivains préférés, Echine ne fait pas partie de ses meilleurs romans mais il n'enlève en rien mon sentiment pour l'auteur. Il continue d'y montrer sa personnalité, si unique et si vraie, d'écrivain et d'homme perdu, démoralisé. Les romans de Djian se déroulent toujours dans une atmosphère morose, presque léthargique. ça pourrait filer le bourdon, et pourtant jamais, c'est en cela que le tour est joué. Il décrit, selon moi, si bien la vie, comme elle est, sans artifice, sans paillettes. On s'y trouve parfois déprimé, parfois heureux. S'il y a bien une raison pour laquelle je lis des livres, c'est pour me retrouver parfois dans des lignes qui mettent les mots exactement où et comme il faut pour décrire le sentiment humain, et plus particulièrement le mien. Cela, au-dessus de tout, me fait garder espoir. Dans Echine, on butte sur quelques phrases qui nous choquent, parce qu'elles viennent de la plume d'un homme et qu'elles nous poussent dans nos retranchements. Mais finalement, c'est pour cela aussi que c'est beau : Djian est un homme, il parle comme un homme, c'est parfois violent et ça nous repousse, mais ça a le mérite d'être vraiment dit.

Je n'avais rien lu de lui depuis mes années d'ado. L'écriture est simple et tient plus du langage verbal que d'un style soigné mais de temps en temps c'est sympa. J'ai bien aimé cette histoire d'un type qui se perd dans sa vie et ne sais pas trop s'il a vraiment envie de se retrouver...

C'est le récit de la vie quotidienne de Dan, écrivain qui eut du succès mais qui ne retrouve plus l'inspiration et se voit contraint d'écrire des scénarios merdiques pour la TV.
On le voit confronté à son fils, à ses amis et amies (qu'il baise mais ne veut plus comme compagnes), à ses voisins, à son éditeur...
Intérêt réduit sauf pour qui voudrait faire une étude psychologique du personnage, peu sympathique par ailleurs, rabat-joie permanent, râlant sur lui-même malgré un égo un peu surdimensionné.
Envie d'abandonner au tiers du roman, d'autant plus que le style ne casse rien, puis on se lie à tous ces personnages et on reste accroché jusqu'à la fin.