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EAN : 9782253058342
188 pages
Le Livre de Poche (01/12/1991)
3.72/5   53 notes
Résumé :
Une jeune Kabyle se voit condamnée à mort par sa famille, parce qu'elle a pris un Français pour compagnon et conçu un enfant avec lui. Cela se passe à Paris en 1987 et la victime de cette « expédition punitive" n'est autre que l'auteur de ce livre, fondatrice du groupe musical bien connu Djurdjura.
Autour de ce témoignage hallucinant, Djura nous entraîne des montagnes de Kabylie aux cités d'urgence pour immigrés, dans un monde où le déracinement culturel va ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Native des montagnes arides de Kabylie, Djura fut élevée par sa grand-mère, remarquable femme qui lui transmit ses valeurs de force, d'honnêteté. Elle émigra en France avec ses parents, comme bon nombre de ses compatriotes à cette époque.
Dans une autobiographie courte mais puissante, l'auteure raconte la découverte d'une autre culture, le choc initial faisant vite place à une soif d'émancipation et de liberté.

La jeune femme décide de conquérir cette liberté par le chant, en fondant un groupe, Djurdjura. Elle permet ainsi la diffusion et le partage de la richesse du registre kabyle. Tombée amoureuse d'un Français avec qui elle a un enfant, elle se heurte à la colère et à la violence de sa communauté d'origine. Sa famille et ses proches refusent son envol et qu'elle puisse vouloir aimer librement, en dehors de ses racines et de ses traditions. A l'opprobre se joint une condamnation à mort. Coupable d'amour hors les sentiers prévus... Terrible intégrisme que celui des racines. Et de frapper la femme émancipée, trop belle et lumineuse pour ses sordides âmes enténébrées.

J'ai lu cette autobiographie il y a une vingtaine d'années, le livre étant à l'époque déjà relativement ancien. Je n'ai pu oublier le portrait de cette belle jeune femme chaleureuse, grande dans son désir d'allier ses origines à son pays d'accueil, et qui se retrouve en butte aux préjugés et un refus de se mêler. C'était bien avant la médiatisation sur le communautarisme islamiste. Pourtant l'opprobre était déjà présente pour toute femme velléitaire. Un ouvrage fort et instructif, qui sait transcender les difficultés pour partager la beauté.
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N°59 – Mai 1991.
LE VOILE DU SILENCE- DJURA - Éditions n°1

Dans ce livre émouvant, Djura évoque ce que fut la vie d'une petite fille kabyle en Algérie, puis celle d'une jeune fille émigrée en France, avec, en toile de fond des ghettos, le racisme, la fatalité de l'islam, la fierté de l'Arabe et la condition de la femme qui commence parc celle de la petite fille qu'on rejette dès sa naissance pour la seule raison qu'elle n'est pas un garçon. Elle parle de la prédominance de l'homme, qu'il soit père, frère ou mari, qui, dans la société maghrébine a tous les droits sur la femme, taillable, corvéable, réduite à la condition d'esclave, humiliée, étouffée par la cellule familiale, avec la complicité même de la mère, surveillée, battue, répudiée, parfois assassinée, mariée contre son gré parce que la tradition veut qu'on n'ait d'égards que pour l'homme alors que la femme ne sert qu'à perpétuer la famille. C'est qu'une femme n'est rien et doit être soumise, asservie à l'homme et à sa dictature. Sur elle pèse encore plus lourdement le poids des traditions ancestrales auxquelles il ne peut être dérogé, avec en prime la conjuration du silence.

C'est la condition de la femme arabe que Djura a choisi de dénoncer et sa révolte est à la mesure de son engagement, à contre-courant des coutumes. Elle dit quelle a été sa volonté d'en sortir, malgré les épreuves et les interdits au sein d'un monde hostile, même à l'intérieur de sa propre famille au point que le suicide ait pu, un temps, constituer une délivrance. Elle analyse aussi ce que fut son ouverture à la culture française, la découverte de sa personnalité, de son originalité, de sa vie de femme, de sa valeur, de sa générosité aussi puisqu'elle avait choisi d'aider tous les membres de cette famille qui furent aussi ses bourreaux. Ce livre est un pas vers l'émancipation de la femme algérienne de sa reconnaissance en tant qu'être humain. Les occidentaux ne détiennent pas la vérité et il reste chez nous encore beaucoup à faire, mais ce phénomène de libération de la femme , même s'il est cyclique et lent est aussi irréversible... Sous toutes les latitudes « la femme est l'avenir de l'homme ».

Djura est aussi scénariste, auteur, compositeur-interprète, poète, comme les êtreS qui ont beaucoup souffert et qui puisent dans leurs plaies et dans la sanie qui s'en écoule la force d'exister, malgré la peur et la mal de vivre. L'écriture et la musique sont un exorcisme.
Ainsi, après s'être battue contre sa condition, découvrit-elle, grâce sans doute à la vie en France, l'union libre, ce qui est impensable pour une algérienne, mais aussi la joie du spectacle. Ce fut « Djurdjura », un groupe de chanteurs et de musiciens qu'elle fonda où la volonté de vulgariser la culture et la musiques berbères le disputait à la poursuite de son combat pour l'émancipation de la femme maghrébine. « Celui qui ne sait pas d'où il vient ne peut savoir où il va » disait Gramsi.
Comme toujours le succès populaire était au rendez-vous, mais la censure officielle algérienne entrava la marche de Djurdjura. Elle se heurta aux problèmes du quotidien mais surtout au système du parti unique au pouvoir. Ainsi la lutte politique finit-elle par prendre le relais , avec en, contre-point la nécessaire relecture du Coran, véritable ciment du monde arabe. Là aussi, il y avait un combat à mener et qui était à la mesure de son énergie. du coup, la voilà rangée dans la catégorie des opposants politiques et à ce titre mise à l'écart comme d'autres avant elle. Mais qu'importe, elle s'est assigné un but, dire, dénoncer et faire changer les choses, essayer !

Malgré les lassitudes, les déceptions, les épreuves, il lui reste la musique et les êtres qu'elle à choisis pour siens, pas ceux du clan ancestral mais une véritable famille unie par les liens de l'amour. Il lui reste aussi l'écriture... Ce livre plein d'émotions est là qui en témoigne. Il mérite l'attention du lecteur.



©Hervé GAUTIER – Mai 1991 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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La lecture du Voile du silence m'a troublé. En effet, le titre annonçait une énième thèse sur l'aspect liberticide ou au contraire libérateur ou libertaire du voile islamique. Or, il n'en est rien…ou presque. Ce témoignage sincère d'une Algérienne désabusée démontre que le voile en tant qu'objet est loin d'être l'unique moyen d'enfermer et de soumettre le corps des femmes issues d'Etats théocratiques comme l'Algérie à la violence d'un système patriarcal qui n'a que trop duré et qui dure toujours.
Le père, le frère et la mère de Djura ne lui ont pas imposé uniquement un voile sur ses cheveux, mais un voile sur sa voix, son corps, son coeur, sa vie, ses désirs, son amour, sa passion pour l'art, le cinéma, la poésie, la philosophie et la chanson. Elle a malgré tout lutté pour faire entendre la voix des « femmes maghrébines » des années 60 (qu'elles soient en France ou en Algérie). Ce témoignage nécessaire démontre le destin des Algériennes oubliées, de ces éternelle colonisées, ces éternelles dangers à abattre, à battre jusqu'à la mort, au moindre doute sur leur chasteté.
A travers ce témoignage, l'auteure traite d'une question fondamentale dans la culture et le culte musulman : celle du statut de la femme dans une société (ici) algérienne connue pour son aspect révolutionnaire mais qui revendique l'émancipation des seuls hommes. Les femmes peuvent certes revendiquer des droits, mais seulement si ces droits (ex : le droit de porter le voile) coïncident avec leurs intérêts de mâles dominants.
Cette société algérienne post-indépendance que nous raconte Djura est une société où la naissance, le mariage, la descendance et la mort des femmes appartiennent à la seule volonté des hommes. Avant de devenir étrangère en France, la petite Djura avait déjà gouté au gout amer de l'étrangeté. Nourrisson, la petite fille a vécu ce que tout étranger vit dans son pays d'accueil : le rejet. Or, Djura n'a pas été rejetée par des étrangers mais par sa propre mère. Et sa propre mère ne l'a pas rejeté parce qu'elle ne voulait pas d'enfant, mais parce qu'elle ne voulait pas de fille. Sa mère ne voulait donc pas voir grandir un risque pour l'honneur de son époux et de son cher premier fils. Et elle avait raison d'avoir peur. Car cette petite fille a elle aussi rejeté le rejet de son corps et a réussi à briser la chaine de la reproduction de la soumission volontaire des femmes à la tyrannie des pères, des frères, des époux et même de fils qui n'ont que la violence comme mode d'expression avec les femmes insoumises.
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Dans le voile du silence, on plonge dans l' histoire de Djura qui revient sur sa vie, son adolescence rebelle à se battre avec une double culture : une culture ancestrale Vs une culture contemporaine occidentale, une culture entre prison et liberté. Puis on suit, avec Djura l'intensité de ses sacrifices, qui ne sont malheureusement pas reconnu. On suit le courage de cette femme, jeune femme dans l'histoire qui n'a pas l'air d'avoir de rancoeurs malgré tout le mal qu'elle se donne à arranger les choses et surtout malgré tout le mal que se donne ceux qu'elle aide pour la détruire. C'est encore une histoire qui m'a révolté au niveau de la place de la femme et sur le comportement que sa mère aura envers elle. Pour une mère, je trouve que c'est très décevant pour ne pas dire révoltant. J"honore la force que Djura a eu et je conseille vivement ce livre.

Dans le voile de silence, on lit également les problèmes que rencontre un couple mixte envers leur famille et surtout comment le frère et la nièce de Djura en sont arrivée à frapper à sang la grande soeur, la tante qu'est Djura
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Je n'ai pas connu Djura lorsqu'elle était au fait de sa carrière de chanteuse, mais je l'ai découverte dans ce livre autobiographique. C'est ici le récit de la vie d'une petite fille kabyle qui arrive en France avant ses dix ans et qui se prend à rêver à une autre vie, bien loin de se qu'attendent d'elle ses parents : elle ne veut pas se soumettre, ne veut pas se marier, ne veut pas être une femme au foyer soumise. Djura, ce qu'elle veut, ce sont des paillettes, de la gloire et surtout, une certaine émancipation et de la liberté. Elle l'obtiendra oui, car elle a du talent, mais à quel prix ? Sa famille réclamera vengeance parce qu'ils estiment qu'elle les a humilié et qu'elle a piétiner son honneur et le leur. Cette vengeance prendra la forme d'une tentative de meurtre contre elle, son compagnon et son fils encore bébé. Ce livre est poignant et amène à beaucoup de réflexion. Et bien qu'il soit déjà ancien, il demeure terriblement actuel vu les thèmes qu'il traite : la liberté des femmes, l'immigration, le déracinement, le racisme.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Quand dans l'Evangile il est écrit que l'épouse doit être soumise à son mari, il est également ajouté que le mari doit être soumis à son épouse. Escamotée, la phrase, pendant des siècles !
Quoi qu'il en soit, chez nous en Algérie, la femme demeure à la merci de la loi coranique telle qu'elle fut interprétée depuis le début de l'Islam. En l'absence d'une législation laïque structurée, c'est le droit musulman, millénaire, qui fait loi dans les tribunaux, acceptant comme un fait établi la suprématie de l'homme, la possibilité pour lui d'interdire à son épouse de travailler au dehors, le droit de la répudier, le droit de marier ses filles sans leur consentement et de les châtier à l'envi, et même le droit pour lui d'être encore polygame !
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Maîtriser son enthousiasme aussi bien que sa gourmandise. Parler avec retenue, manger peu et surtout ne pas commencer à manger à table la première. Réprimer ses tentations de paresse : apprendre toutes les besognes ménagères dès l’enfance, travailler en silence, balayer accroupie, à reculons, en tournant le dos aux hommes. Ne pas attende le moindre remerciement pour ces tâches, si lourdes soient-elles, mais se montrer au contraire reconnaissance vis-à-vis de ses parents qui lui enseignent ainsi son futur métier de femme.
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Une fille, disent les kabyles c’est une épine dans le pied, un pieu dans le dos de son père et de ses frères. Une source d’inquiétude et d’ennuis permanents, en somme, qui nécessite une éducation stricte, dont la mère doit se charger en multipliant les interdits au fur et à mesure que la petite avance en âge. Si la jeune enfant pleure devant tant de contraintes, personne n’ira la consoler. Il lui faut apprendre à subir, à être docile, à se maîtriser.
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Avant d'entrer chez son mari, c'est-à-dire dans la demeure de sa belle-famille, la mariée devait enjamber un bâton, posé à terre sur le seuil de la maison. Son beau-père, ensuite, jetait ce bâton sur le toit. Si le bâton restait là-haut, c'était pour tous de bon augure : la future femme serait soumise et docile à l'envi. S'il retombait, on commençait déjà à la regarder de travers : il faudrait se méfier de cette fille.
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"Je lui promis de porter un chapeau. Un chapeau cache les cheveux, non ? Ce fut l’horreur ! Car ne pas porter le foulard c’est mal, mais porter le chapeau, pour une femme, se révèle carrément diabolique ! Le chapeau est un symbole de virilité, un attribut exclusivement masculin."
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Video de Djura (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Djura
Djura chez T. Ardisson, extrait du 17/06/2006
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