Fatiguée, elle s'immergea toute dans l'ombre épaisse du pont, sans fermer les yeux. Dans les profondeurs, l'eau était pleine d'un tel silence, d'une fraicheur et d'une luminescence tellement silencieuse que l'idée de remonter à la surface était effrayante. Mais soudain, l'eau se mit à parler, hurler, taper sur des gongs, sur des rails, puis sur des cloches qui tintaient lourdement, comme fêlées. En réponse, un coeur pris d'effroi cognait fort. Maria se débattait, avalait de l'eau. Elle émergea à l'air. L'ait tonitruait par-dessus sa tête d'un fracas de ferraille qui vibrait et gémissait. Maria nagea jusqu'à la berge, regardant avec terreur le ciel.
Le dos calé contre le mur, le petit garçon est assis au-dessus de la falaise, sur une saillie de rocher jonchée de plumes d'oiseaux et d'éclats de briques. C'est au début de l'été, alors que les églantiers moussaient de toutes leurs corolles, qu'il a découvert et fait sien ce minuscule morceau de mont que nul ne connaissait.