Comment et quand ce « chien dans la soupe » s'est retrouvé dans ma PAL ? Je n'en ai aucun souvenir. Je sais seulement qu'il dort dans ma bibliothèque depuis plusieurs années. Ne sachant rien de ce roman ni de son auteur, totalement inconnu au bataillon, je n'étais pas impatiente du tout de m'y attaquer mais comme il correspondait à un item du multi-défis je me suis dit que c'était l'occasion de le lire et de m'en débarrasser. J'ai donc entamé ma lecture sans rien savoir de ce roman et je dois admettre que j'ai passé un bon moment, pas inoubliable, très anecdotique mais marrant.
Mais de quoi s'agit-il ? «
Un chien dans la soupe est un périple nocturne trash, noir et déjanté. On suit Latchmer, un type lambda pas spécialement intéressant ni attachant, déambuler avec un vrai-faux chauffeur de taxi un brin givré et un chien mort dans un New-York aux allures d'antichambre de l'enfer. Comment il s'est retrouvé avec ce cadavre de chien et ce qu'il compte en faire, je laisse les futurs lecteurs le découvrir.
Le récit est vraiment ludique, ça se lit tout seul et très vite, on ne s'ennuie pas une seconde. Une chose est certaine, pour apprécier cette lecture, il ne faut pas être allergique à l'humour noir. «
Un chien dans la soupe » est souvent drôle mais le roman ne joue pas sur le registre de l'humour subtil mais plutôt sur le noir, le trash et le politiquement incorrect. le roman date de 1985 et je me demande s'il pourrait être publié tel quel aujourd'hui. En effet,
Dobyns s'amuse régulièrement avec certains clichés autour de certaines communautés. Au cours de leur périple les personnages vont se retrouver aux prises avec, entre autres, des fourreurs juifs, des restaurateurs chinois, des clients d'un club SM… A chaque fois, l'auteur joue sur le ressort comique du cliché rattaché à cette communauté. Par exemple, dans le restaurant chinois dans lequel les protagonistes se rendent, on cuisine de la viande de chien. En 85 ce genre d'humour impoli et inapproprié passait, à notre époque où il faut veiller à ne plus blesser personne je ne suis pas certaine que ce serait le cas et le roman serait sans doute vilipendé. Moi, ça m'a fait marrer, ça finit même par être rafraîchissant ce ton inconvenant et pourtant, je le répète, le roman ne joue pas du tout sur un humour fin et subtil.
J'ai bien aimé le côté buddy-movie du récit. le duo, quasiment un trio d'ailleurs, fonctionne bien. La dynamique des rapports entre Latchmer et
Jean-Claude, le taxi, est efficace. Si je dis qu'il s'agit presque d'un trio c'est que Jasper, le chien décédé, occupe une place tellement centrale dans le récit qu'il en devient un protagoniste quasiment à part entière. S'il n'agit pas, il est tout de même un catalyseur de l'action. J'ai trouvé ce parti-pris bien trouvé.
Tout comme j'ai aimé aussi que des motifs se répètent tout au long du récit. En fait, chaque épisode de l'intrigue se déroule selon un schéma récurrent : Latchmer est introduit dans un milieu étrange au sein d'une communauté non moins étrange, la rencontre est cordiale, Latchmer fait une négociation qui n'aboutit pas, Latchmer raconte une histoire drôle au sujet d'un chien, l'histoire choque l'interlocuteur qui fout Latchmer à la porte. Ce choix narratif permet de créer une connivence avec le lecteur, une sorte de jeu entre l'auteur et son lecteur.
Dobyns semble dire « tu sais les grandes lignes de ce que je vais raconter, mais attends de voir les détails, tu vas te marrer ». Et en effet, on se marre, notamment en attendant avec impatience le moment où Latchmer va raconter son histoire canine.
Il y a donc pas mal de choses que j'ai trouvées réussies mais «
un chien dans la soupe » n'est pas pour autant un roman qui va me marquer. C'est une lecture plaisante mais un peu creuse. Il n'y a aucune profondeur dans ce roman, on éteint son cerveau et on se laisse porter. Ce n'est pas forcément un mal, c'est parfois agréable de s'offrir une lecture peu exigeante. le souci c'est que le roman souffre de défauts qui l'empêche de se hisser au rang de divertissement de haut niveau. Tout d'abord, le roman n'est pas seulement creux intellectuellement, il l'est aussi émotionnellement. Au cours de la lecture, j'ai trouvé les situations amusantes mais à aucun moment je ne me suis attachée aux personnages. Ils peinent même à exister tant ils sont inconsistants. Ce sont des coquilles vides dont on se fiche bien qu'il leur arrive des malheurs. Pourtant, l'auteur semble chercher à donner une profondeur à son personnage principal. En effet, au fur et à mesure de ses tribulations nocturnes Latchmer se remémore des événements de son enfance. Cette promenade mémorielle aurait dû donner une consistance psychologique au personnage. Je n'ai pas trouvé que c'était le cas. J'ai trouvé ces passages longs, ennuyeux et prétentieux. Longs et ennuyeux car ils viennent casser le rythme du récit et ne racontent rien de bien passionnant. Prétentieux parce que ces passages m'ont donnée le sentiment qu'ils n'existaient que pour donner l'impression que le roman est plus profond que ce dont il a l'air, pour lui donner de la hauteur. Cela m'a semblé artificiel et j'ai eu l'impression que l'auteur voulait péter plus haut que son cul pour dire les choses crûment. du coup, cette prétention nuit beaucoup à l'attrait du divertissement.
J'ai donc globalement passé un bon moment de lecture avec «
un chien dans la soupe ». Je me suis bien marrée mais ce roman est loin d'être marquant. Je l'aurai sans doute oublié dans 2 mois.