AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,94

sur 140 notes
5
12 avis
4
11 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'avoue que cette lecture m'a laissée un peu perplexe. Comme tout ce que j'ai pu lire des éditions Super 8 jusque là, elle est déjantée, décalée et originale. L'écriture est très réussie, tout en finesse, fluide et agréable.
Les personnages m'ont donné un peu plus de fil à retordre. Tout au long du livre, on croise une vaste galerie de personnages, tous plus excentriques les uns que les autres. Beaucoup sont chargés d'une partie de l'éducation de Daniel, une éducation hors-norme. Mais ils sont tellement nombreux que j'ai fini par m'y perdre et à en confondre certains.
Il y a aussi pas mal de longueurs où l'histoire se traîne. Je pense notamment à la partie de poker qui est décrite en détail. N'y connaissant pas grand chose en poker, je me suis sentie, en tant que lectrice, légèrement mise à l'écart. Et je trouve également que l'enquête pour retrouver le meurtrier de la mère de Daniel se perd totalement au milieu de tous ces personnages et évènements. Malgré tout, les personnages sont attachants, surtout Annalee.
Même si j'ai pointé quelques défauts de ce livre, ça n'en reste pas moins une lecture agréable, destinée à un public appréciant les intrigues étrange et surnaturelles. J'ai beaucoup apprécié es interludes de la radio de l'AMO et du journal de Jennifer Raine, ainsi que la façon dont l'auteur intègre ce nouveau personnage à l'histoire.
J'ai trouvé la fin très théâtrale, à la hauteur de toute l'étrangeté qui se dégage de ce livre.


Merci à NetGalley et aux éditions Super 8 pour cette découverte.
Lien : https://www.facebook.com/Les..
Commenter  J’apprécie          160
Suite à la perte de sa mère assassinée et dont il n'aura de cesse de la venger, Daniel Pearse est choisi pour accomplir une initiation chez les AMO (Alliance des magiciens et Outlaws) et j'adore cette partie du livre. C'est drôle, subversif, hors norme, imaginatif. Daniel a une formation du tonnerre avec des professeurs délirants, mais toujours hors la loi : la drogue, ouvrir des coffres, jouer au poker, voler et il excellera dans ces nombreux domaines. L'auteur est très bon dans la description de ce parcours initiatique. Dans le même temps, il fustige les nombreux problèmes de la société américaine : consommation, drogue, profit, politique, Vietnam etc ….

La seconde partie m'a beaucoup moins emballée, le passage sur la période avec Volta m'a semblé longue et obscur avec des histoires étranges dont je ne saisissais pas le sens profond. L'histoire avec le diamant est complètement loufoque et la fin sans grand intérêt.

Néanmoins je salue le travail de l'auteur et son érudition qui mélange dans un délire psychédélique absolu le western, la magie, le policier, l'espionnage et son amour pour la liberté.
Je ne sais pas si ce commentaire vous aide, sur ce type de roman inclassable le mieux est de faire son propre avis.
Commenter  J’apprécie          90
C'est quoi la vie ? Jim Dodge vous donne sa réponse. Distrayant, plaisant et profondément humain.

Daniel Pearse a reçu une éducation libertaire, que ce soit par sa mère ou ses différents précepteurs : pas d'école mais un travail dans une imprimerie de faux papiers; découverte de la nature avec un Will Bill dont la seule pédagogie se limite à une question par jour, et réponses ésotériques; un autre précepteur qui adore deux choses antagonistes : les armes et les drogues; un crocheteur de serrure s'exprimant essentiellement par des citations; ... Une pédagogie pour le moins étrange, mais "qui pourra dire quelle est la leçon, tant qu'elle ne sera pas apprise ?"

Tous ces différents hurluberlus ont en commun une organisation : l'AMO, dont le sens de l'acronyme s'est perdu ou reflète les aspirations des uns des autres. Une chose est sûre :
"Indépendamment des dérives concernant son nom, l'AMO est une société secrète – enfin, davantage de l'ordre du secret de polichinelle, en fait. En gros, l'AMO est une alliance historique de criminels, d'inadaptés, d'anarchistes, de chamans, de mystiques de la terre, de romanichels, de magiciens, de scientifiques fêlés, de rêveurs et autres individus sociologiquement marginaux."

Stone Junction, c'est l'histoire de Daniel, bercé par la contre culture américaine. Au vue de la fameuse brochette de personnages, on aurait pu croire à un récit où la surenchère était la seule raison d'être, le fameux Sex, Drugs, And Rock 'n Roll mais il n'en est rien. Jim Dodge parvient à garder un équilibre juste entre délire et raison, contre-culture, alchimie et ésotérisme. Une approche à la lisière de différents genres : quête initiatique, roman noir et fantastique.

L'auteur ne se prend pas au sérieux, son texte est truffé de pointes d'humour, parfois de loufoquerie. Son but n'est pas tant un discours thétorique sur la contre culture, mais de nous conter une quête identitaire dans un monde où la vitesse fait que l'on oublie qui l'on est. Cependant, pas de c'était mieux avant (sans toute cette paperasse, cette surveillance généralisée, cette éducation imposée), juste une vision d'un mode de vie alternatif, où le mot valeur a encore du sens, où la magie est réaliste.

Malgré ses 700 pages, le style de l'auteur nous fait tourner les pages à vitesse grand V, j'ai pris beaucoup de plaisirs à rencontrer les différents protagonistes, tous bien brossés et originaux dont la pédagogie et les modes de vie remplissent les deux tiers du livre. le dernier tiers, que j'ai moins apprécié, est un peu plus ésotérique, mais reste compréhensible, et clos ce récit de vie de manière assez pessimiste (réaliste ?)

Livre chroniqué dans le cadre d'un service de presse.
Commenter  J’apprécie          70
Il y a peu de temps de ça, un réjouissant petit opus fit le tour de la blogosphère : L'oiseau Canadèche. La curiosité me poussa à découvrir son autre roman qui est aussi gros que Canadèche était succinct.
Bien m'en a pris...

" Ce livre est une oeuvre de FICTION. Pensez le contraire à vos risques et périls. "

Le ton est donné !

Dans Stone Junction, nous suivons le destin de Daniel Pearse, depuis son enfance jusqu'à ...
Daniel a pour mère une adolescente rebelle de 16 ans qui préfère fuir l'asile des bonnes soeurs qui veulent faire adopter son enfant, pour mieux élever le fruit d'un plaisir inconnu (elle ignore qui est le père parmi tous ses amants).

Suit un début de vie rocambolesque ( tout comme le sera aussi la suite !). Annalee et son fils se retrouvent pris en charge par l'AMO, Alliance des magiciens et Outlaws. Logée gratuitement dans une vieille maison au milieu de nulle part, Annalee est simplement chargé d'accueillir de mystérieux visiteurs en fuite pour le compte de l'organisation (dont un certain Johnny Sept Lunes... rappelez-vous... ). Regroupant une floppée de personnages tous plus originaux les uns que les autres, l'AMO est une société secrète aux fonctions un peu floues mais inévitablement hors la loi.

Daniel, déscolarisé, apprend la vie auprès de sa mère et de ses différents visiteurs. Il grandit et fait preuve d'une curiosité et d'une vivacité d'esprit peu communes.
Mais son univers est bouleversé quand sa mère meurt dans l'explosion d'une bombe. Accident ou meurtre ? Daniel jure de découvrir la vérité. Mais en attendant, Daniel, à 14 ans, est encore un enfant. C'est l'AMO qui, une fois de plus, le prend en charge et s'occupe de lui donner une éducation par l'intermédiaire de Volta, sorte d'agent coordinateur et magicien à ses heures. Volta, qui a descellé chez lui des capacités alchimique hors du commun, va diriger le destin du jeune homme et le confier successivement aux mains d'experts bien particuliers... Mais dans quel but ? Trouver la cause de la mort de sa mère ou pour un autre dessein plus ésotérique... Une soi-disant pierre philosophale à voler, par exemple... ?

Wild Bill Weber lui enseignera l'art de la méditation et de la patience. Lui imposant des séances quotidiennes, il l'obligera aussi à pêcher et à savoir survivre dans la nature.
Ensuite c'est Mott Stocker qui initie le jeune Daniel aux plaisirs de la drogue ! Toujours en train de planer ou avec la gueule de bois, nourrissant sa mûle de whisky, il est néanmoins LE spécialiste des stupéfiants. Il connait tout sur les plantes psychotropes, les mélanges détonnants et les pouvoir de la drogue.
Daniel poursuivra son apprentissage avec Willis Clinton, le roi de la fauche. Crocheteur redoutable, aucune serrure ne l'arrête. Il a transformé ses capacités en art de haut vol et se plait plus à ouvrir les coffres qu'à voler leur contenu.
Bad Bobby prendra le relai pour lui apprendre tous les subtilités des jeux et du poker en particulier.
Puis c'est Jean Bluer qui initiera Daniel à l'art du travestissement et du déguisement. Grace à une connaissance poussée des postiches, du maquillage, des vêtements, des langues et des accents, des postures propres à chaque profession ou origine.
Enfin, c'est dans les mains de Volta que Daniel terminera son apprentissage. Volta, grand spécialiste de la disparition, connaît la manière de dématérialiser son corps. Un art dangereux qui comporte de nombreux risques et auquel Daniel semble très sensible.
Toutes ses techniques permettront-elles au jeune homme de trouver la raison du décès de sa mère ? Rien n'est moins sûr !

Difficile de résumer un tel roman à la fois simple et complètement foutraque !
Stone junction tient bien évidemment du roman d'apprentissage. Suivant Daniel depuis sa naissance, on assiste à son évolution et à l'acquisition des différentes connaissances, aussi originales soit-elles ! Il rencontre donc une série de personnages hauts en couleur et se révèle un très bon élève. Il mènera notre héros dans une véritable quête existentielle où ce dernier se trouvera enfin, de quelque manière que ce soit.
Mais ce roman totalement anticonformiste va bien au-delà : roman d'aventures, traité mystico-ésotérique, roman anarchiste et libertaire, ... Les dénominations sont nombreuses pour ce roman qui ne se laisse pas appréhender facilement !
Le ton est ironique et humoristique à souhait et n'est pas sans me rappeler les excentricités de Tom Robbins, autre spécialiste des romans déjantés. Certains dialogues valent leur pesant d'or !
Le pitch de départ qui est de découvrir la cause de la mort d'Annalee finit par devenir complètement secondaire au profit du parcours de son fils.

Découpé en 4 parties : l'air, la terre, l'eau et le feu, le roman reprend ici les éléments de base de l'Alchimie. le sous-titre du roman est d'ailleurs : "Une grande oeuvrette alchimique".
Ecrit en 1989, en pleine montée d'internet, du monde virtuel et du numérique, Stone Junction se veut une ode à un monde à taille humaine où les gens continuent de vivre grace à l'entraide de quelques uns (le réseau AMO) qui fournissent secours et informations en cas de besoin, le tout en marge du système officiel. Critiques consuméristes, FBI tourné en ridicule, apologie de la contre-culture et d'un choix de vie libre et libertaire.
A travers le destin hors-norme et en dehors des "circuits officiels" de Daniel, Jim Dodge appelle à l'imagination, au libre choix des individus. La fin de l'histoire en est la parfaite illustration. Il vaut peut-être mieux parfois se noyer dans sa propre imagination plutôt que d'avoir à vivre une petite vie étriquée, bien balisée.

Stone Junction est donc un roman vraiment très particulier qui plaira forcément aux lecteurs de Pynchon (qui signe par ailleurs la préface) et Robbins.
Inutile de vous dire que j'ai adoré ce roman qui est pour moi un très grand livre !
Je conçois néanmoins que ses nombreuses digressions et circonvolutions, son histoire déjantée ne trouve pas forcément preneur chez d'autres lecteurs moins amateurs de bizarreries !
Lien : http://legrenierdechoco.over..
Commenter  J’apprécie          60
Livre étrange et fascinant tout à la fois que ce Stone Junction. Paru il y a une dizaine d'année déjà en français il passera totalement inaperçu pour être au sommet des ventes lors de sa réédition en 2017 .
Le roman démarre sur les chapeaux de roue pour s'enliser au coeur de l'histoire dans des descriptions longues et fastidieuses ( partie de poker , initiation à l'invisibilité..) pour redécoller dans un final haletant et splendide .
Jim Dodge a donné vie à des personnages absolument fantastiques, complexes et certes parfois difficiles à suivre, mais toujours intéressants. Des personnages différents évoluant chacun dans une sphère bien spécifique mais passionnants chacun à leur manière.
En lisant ce roman j'ai un peu retrouver un Harry Potter mais qui serait anarchiste et libertaire .
Une lecture qui donne envie de liberté , de vivre à la marge et de vivre selon ses envies.Une véritable ode à la liberté..
Stone Junction est donc un livre passionnant regorgeant de personnages hauts en couleurs et riche en émotions diverses
Une véritable ode à la liberté



Commenter  J’apprécie          50
Bonjour Mesdames, bonsoir Messieurs, ouvrez vos esgourdes, délassez votre ouïe, ici c'est le DJ qui murmure à l'oreille des aventuriers, des magiciens, des rêveurs et des drogués, le Devil July à l'antenne pour vous causer au creux de l'orillon, écoute bien, détends-toi, tu y es, quand à savoir si tu vas tout comprendre, oublie ce que tu sais et laisse-toi embarquer, vogue, vogue sur mes pensées. Je dois vous raconter une histoire, celle d'un bouquin qu'est pas la Bible mais qui va vous guider sur un chemin spirituel connu que des grands esprits ou des fous, si la folie n'est pas signe de grandeur d'esprit. C'est le prophète Jim Dodge qui tient les manettes et qui vous invite dans ses pensées. le chemin n'est pas facile, [...]

Pour lire la suite de cette chronique, rendez-vous sur yuyine.be!
Lien : https://yuyine.be/review/boo..
Commenter  J’apprécie          30
«Ce livre est une oeuvre de FICTION. Pensez le contraire à vos risques et périls.»

( première page, première phrase…)

Thomas Pynchon, auteur, et non des moindres, préface le dit livre, et dis ceci :

«Stone Junction est une épopée illégaliste pour notre époque de sentimentalité corrompue et d'honneur dégradé, avec son cortège d'usurpateurs sordides et de persévérances jacobitesques…» voilà, tout est dit, manque de bol pour moi, parce que je suis loin d'être Pynchon, et c'est pile ça qu'il faut dire en fait. Enfin essayons, tout de même…

Pour poser un peu un contexte, je tente de vous résumer le fil conducteur (si tant est qu'il n'y en ai qu'un…) du roman.

Daniel Pearse, suite au décès, suspect de sa mère, Analee, est «embrigadé» dans l'AMO. L'AMO (Alliance des Magiciens et Outlaw) qu'est-ce que c'est ? Une espèce d'alliance plus ou moins officielle, de gens plus ou moins respectables, unis et réunis par leurs talents plus ou moins palpables, dans un but plus ou moins clair de quête d'un graal, qui ressemblerait à un diamant à 6 faces au centre duquel brille une flamme, qui ne s'éteint jamais et renfermerait, PEUT ETRE, le mystère de l‘Univers.

Voilà, allez salut les enfants, je vous laisse vous débrouiller avec ça.

Et pour le coup vous penserez alors que je vous parle d'un roman ésotérique paumé. Et ce n'est pas ça, et pas du tout.

C'est à la frontière entre le roman initiatique, le road trip haletant - sur fond de thriller – et la fiction qui pose des questions sur les fondements même de tout, du tout, de rien – surtout.

Là ou je suis restée, littéralement (c'est le cas de le dire) sans voix, c'est que les 500 et quelques pages se lisent à vitesse grand V tant l'histoire est prenante et tant les personnages sont entiers, complexes, loufoques, tordus, détraqués, surdoués, (humains en fait ?) et surtout combien, ils sont attachants.

Au fil de l'intrigue et du roman, tous vont apprendre quelque chose, leur talent, leur don, leur vice, à Daniel. Matt Stocker non sans un certain génie, l'initie aux joies éphémères des drogues, en TOUT genre. Will Bill Weber, sage parmi les sages, s'il en est, se charge de lui apprendre la paix intérieur, la méditation, le vide et la patience comme vertus immuables, et ce, bien évidemment, canne à pêche en main. Volta, qui est un peu comme le gourou de cet étrange bande va s'évertuer à lui enseigner la technique qui consiste à disparaître, purement et simplement, pas comme un prestidigitateur, non, non, pas de ça camarade, disparaître, devenir matière zéro, néant absolu, et oui (et le pire – ou le mieux - dans tout ça, c'est que telle que vous me lisez je suis réfractaire au possible à tout ce qui peux toucher, de près ou de loin, au fantastique, à la fantasy où l'ésotérisme.

Et là, là ça passe. Et ça passe tellement que la frontière entre imaginaire, fiction et réalité devient floue, jusque dans votre esprit. Jean Bluer, transformiste première classe, va permettre à Daniel de devenir un véritable caméléon, jusqu'aux bout des doigts, de la voix, de l'être presque. Willis Clinton, fait de lui un as de l'ouverture de coffres, portes, serrures, et toutes autres choses ayant, par définition, une fermeture inviolable. Johnny Sept Lunes, vieil indien mystérieux, va juste à un moment donné, lui apprendre la vie. Enfin, Bad Bobby va l'entraîner dans un sombre tournoi de Poker, passage hallucinant et hallucinatoire du genre un peu à la Hunter S. Thompson dans Las Vegas Parano.

C'est tordu, c'est glauque, et c'est jouissif, au plus haut point. Tout comme on finit presque par penser que OUI on peut disparaître physiquement, on se laisse complètement happer par toutes les réflexions plus ou moins philosophiques auxquelles l'air de rien Jim Dodge nous amène, on est complètement conquis par la critique à peine revendiquée et pourtant inhérente au roman tout entier que l'auteur fait de la société en générale, et toutes les restrictions mentales, physiques, sociales qu'elle porte avec elle.

Bref ce livre est tout simplement, gigantesque. Tant par son histoire, que son écriture. On entre dans un monde complètement dingue, et pourtant tellement réel, sorti du quel vous restera un sentiment inouï de liberté.

Une dernière phrase, au passage :

« Je sais que dalle. Ça doit vouloir dire que je suis saine d'esprit. Ce qui est un excellent point de départ pour redevenir dingue.»
Lien : http://vagabondssolitaires.w..
Commenter  J’apprécie          30
De l'oiseau canadèche à grande échelle, qui rate toutefois le très grand roman par abus de longueurs et de mysticisme.

Troisième roman de Jim Dodge, publié en 1990, cette longue histoire de l'apprentissage du jeune Daniel Pearse permet de renouer, avec plaisir, avec certaines des obsessions oniriques de l'auteur de "L'oiseau canadèche".

Sous l'aile bienveillante de la mystérieuse A.M.O. (Alliance des Magiciens et Outlaws), nébuleuse anarchiste et mystique, versée dans les arts très pratiques comme dans l'ésotérisme le plus approfondi, le jeune Daniel apprendra, au fil des séjours avec d'exigeants mentors, à cultiver de la marijuana, à devenir un expert en arts martiaux, un champion de poker, un maître en déguisement, et in fine, l'une des très rares personnes capables de se rendre invisible, tout en cherchant à en savoir plus sur le mystère du meurtre de sa mère, suite à une trahison non élucidée au sein de l'organisation...

"-Et qu'est-ce qui te dit que pour deux mille dollars je ne vais pas trahir ces individus sans ciller ?
- Si je te croyais capable de les balancer pour DEUX MILLIONS, je ne serais pas en train de te parler.
- Jack, si tes amis criminels sont moitié aussi sympas que toi, je te rendrai les mille dollars par mois et on sera quittes.
- HORS-LA-LOI, rectifia Smiling Jack. Pas des criminels, des HORS-LA-LOI. Mon ami Volta dit qu'il y a une différence de taille. Les hors-la-loi ne font le mal que lorsqu'ils estiment agir pour le bien ; alors que les criminels, eux, ne se sentent bien que lorsqu'ils font le mal."

Si l'on retrouve les sympathiques complicités nourries de philosophie de la vie et de substances diverses qui faisaient le charme de "L'oiseau canadèche", dans un climat qui rappelle souvent "Les clochards célestes" de Kerouac, et si l'AMO et ses ramifications font aussi comme un gros clin d'oeil aux conspirations bienveillantes de la "Trilogie des Illuminés" de Robert Shea et Robert Anton Wilson, Jim Dodge rate toutefois le chef d'oeuvre pour se contenter d'un bon (allez, très bon même) roman, par abus de longueurs répétitives (chacun des apprentissages du héros est sur le même modèle, et pourrait aisément être réduit de moitié...) et par noyade progressive de l'histoire dans un mysticisme qui, pour être de pacotille bien entendu, ne parvient toutefois pas à maintenir le prometteur degré d'humour initial... Une déception donc, car éviter ces deux écueils aurait sans doute permis de viser le sublime...
Commenter  J’apprécie          21
" La naissance se déroula sans complications. Dix-neuf heures plus tard, après que l'infirmière eut amené Daniel pour sa troisième tétée, Annalee sauta hors du lit, s'habilla en hâte et quitta la maternité, tenant Daniel emmitouflé dans ses bras. (...)

- Okay, mon gars, dit-elle. C'est parti. "

Et c'est ainsi que Daniel fit son entrée dans le monde et l'aventure ne faisait que commencer.

" Peu après le cinquième anniversaire de Daniel, Annalee s'assit pour lui exposer scrupuleusement les avantages et les inconvénients possibles, inhérents à la fréquentation de l'école. Elle laissa le choix à Daniel. Il ne lui fallut pas longtemps.

- Nan, dit-il, ça a l'air merdique, l'école. "

Mais n'allez pas croire qu'Annalee était une mauvaise mère, Elle avait déjà apprit à lire à Daniel, et il fréquentait assidument la bibliothèque à chacun de leur passage en ville. Et puis dans le Relais de bandits de grands chemins dont elle s'occupait, les hors-la loi apprenaient à Daniel des tas de combines de survies. Et bien plus encore quand ils furent recueillis par un conglomérat de magiciens. Daniel découvre la vie, la méditation. On lui enseigne la pêche, la dope, le crochetage de coffre-fort, le poker, la dissimulation, la métamorphose et même l'invisibilité.

Plus tard, sa mère étant partie dans des circonstances que je vous laisse découvrir, il n'aura de cesse de retrouver son assassin, avec autant de conviction qu'il en mettra pour retrouver son père.

" - Et merde, qu'est-ce que ça peut foutre, hein ? Pourquoi se faire chier avec des broutilles quand la mort connait ton adresse..."

Et à ces recherches s'ajoutent une autre mission pour lequel il semble avoir été formé, dérober un diamant au pouvoir magique...

" Les disciplines dans lesquelles il excellait - des occupations essentiellement solitaires- étaient illégales dans la plupart des États. Faire pousser de la drogue, ouvrir des coffres-forts et jouer au poker, autant d'activités potentiellement lucratives, et, à défaut d'autre chose, prendre des risques ne lui faisait pas peur. "

Ce livre est un objet littéraire identifié comme fantastique. Sept cents pages de pur bonheur.

La magie opère dés les premières pages dans ce conte de faits pour adultes. On s'envole pour une aventure livresque hors du commun. On accompagne Daniel dans sa quête survoltée, parsemée d'épreuves à surmonter en chemin, tout en gardant un regard optimiste. On y célèbre la vie et on se souvient des morts. Parfois tendre, cynique, et en même temps féroce.

Jim Dodge a l'imagination débordante, une belle verve, pétillante, truculente, mystérieuse, drôle, intelligente, inventive. Il a réussi à me faire rêver, rire, à me redonner mon âme d'enfant.

Un livre qui ne peu pas laisser indifférent, capable de changer la vie des lecteurs ou tout du moins de la rendre plus agréable pendant et après la lecture.

Tout comme pour " Carter contre le diable " de Glen David Gold, les éditions super 8 nous font un beau cadeau en rééditant ce livre tout aussi extraordinaire.

Un véritable émerveillement pour les lecteurs, une folle aventure livresque qui laisse des étoiles dans les yeux, et un pincement au coeur une fois terminé.

Un beau coup de coeur pour toute cette fantaisie couchée sur du papier.

Lien : https://dealerdelignes.wordp..
Commenter  J’apprécie          10
Une grande oeuvrette alchimique en sous-titre, les mots semblent contradictoires mais à la lecture de ce roman initiatique, ils prennent tout leur sens. Daniel Pearse, le héros de l'histoire, garçon, adolescent puis jeune homme, élevé seul par sa mère Annalee dans les collines non loin de San Francisco, connaîtra toute une transformation au contact des membres de l'Alliance des Magiciens et Outlaws. La quête d'un diamant brut, sorte de pierre philosophale, détenue par le gouvernement fédéral des États-Unis, sera l'objectif ultime qui déchaînera toutes les passions. Chamanisme, magie, alchimie... J'ai vraiment flippé!
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (343) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1820 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *}