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Critique de clude_stas


Jérôme K. Jérôme Bloche est né en 1982. Il est né, tout formé, déjà âgé de vingt ans, avec la dégaine d'une adulescent binoclard à la tignasse rousse. Il doit son prénom à l'auteur de « Trois Hommes dans un bateau ». Il vit en traduisant des romans policiers tout en ayant le vague projet d'en écrire un lui-même. Son amie Babette, une hôtesse de l'air, lui rapporte des enregistrements de sirènes de police des quatre coins du monde, pour sa collection. Son véritable but dans la vie est de devenir détective, façon film noir hollywoodien. D'ailleurs, il trempe sa baguette dans son bol de café comme Humphrey Bogart fume sa clope, avec style et détermination. D'ailleurs, il suit des cours par correspondance pour devenir l'égal de Mike Hammer.
Nous sommes à Paris. Devant l'Opéra Garnier, un homme est tué par une fléchette empoisonnée. Tant d'années après les aventures de Rouletabille, un autre tueur en série va sévir dans la capitale, semant derrière lui les cadavres comme autant de petits cailloux. Si bien que le professeur de Jérôme lui donne un dernier devoir avant de mourir : parmi ses étudiants apprentis détectives, se trouve « l'Ombre qui tue ». Mais tous ont reçu le même message avec un suspect différent à surveiller…
L'intrigue est un classique « Whodunit ? » Et nous sommes plus proches, dans l'ensemble d'une enquête d'Hercule Poirot que d'une recherche à la Philip Marlowe, le personnage de Raymond Chandler, le modèle de Jérôme K. Jérôme. Il y a donc des meurtres plutôt spectaculaires. Une série de suspects qui sont éliminés, l'un après l'autre, comme dans « Dix Petits Nègres », après que Jérôme les a rencontrés. Des personnages hauts en couleurs, fantasques, hors normes, légèrement fêlés, tous susceptibles d'être le meurtrier. Si bien que l'entourloupe de la fin ne nous surprend guère : le lecteur s'y attend un peu.
Tous les éléments d'un bon polar s'y trouvent : le feutre, l'imper, la gare du Nord, les auditoires de la Sorbonne, le parc du Luxembourg, les colonnes Morris, les Folies-Bergères, les rues trempées par la pluie, les toits glissants, une cave à la lumière glauque, sans oublier les objets exotiques pour un soupçon de magie noire. Graphiquement, Dodier se cherche encore. Jérôme n'a pas encore reçu cette silhouette un peu ronde et élastique qui fera les belles pages des albums ultérieurs. Il est parfois presque caricatural, tellement il présente un visage difforme. Par contre, les décors sont déjà très bien sentis au point de traduire toute une atmosphère. le découpage de l'action cherche l'originalité dans les points de vue : effets de plongée et de contre-plongée dans les escaliers, effets de champ et contre-champ dans les discussions, reflet d'une scène dans une flaque d'eau. Il est très cinématographique, ce qui donne un rythme plus soutenu à l'ensemble. Enfin, en se jouant des constantes du genre (à savoir l'histoire de détective), en les transgressant par l'humour, voire le non-sens, les auteurs permettent une certaine légèreté au personnage, victime d'un humour de répétition (le vol du Solex).
Une première enquête qui augurait de bien mieux, ce qui fut le cas par la suite.
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