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EAN : 9782867469916
384 pages
Liana Lévi (04/01/2018)
3.77/5   137 notes
Résumé :
Pas de corps reconnaissable, pas d'empreintes, pas de témoin. L'homme brûlé vif dans l'abri de jardin des Barlow est difficilement identifiable. Pourtant la police parvient assez vite à une conclusion : il s'agit d'un travailleur immigré estonien, Jaan Stepulov. Ils sont nombreux, à Peterborough, ceux qui arrivent des pays de l'Est, et de plus loin encore, à la recherche d'une vie meilleure. Et nombreux sont ceux qui voudraient s'en débarrasser. Les deux policiers q... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (48) Voir plus Ajouter une critique
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Dans la banlieue de Pertersborough, une ville de l'Est de l'Angleterre, au petit matin, l'abri de jardin d'un pavillon part en fumée. A l'intérieur, Jaan Stepulov, un SDF letton qui faisait le malheur des propriétaires de la maison. Violent, alcoolique, il squattait les lieux et terrorisait le couple Barlow. Poussés à bout, ont-ils allumé cet incendie mortel pour se débarrasser de leur locataire indésirable ? Ils sont en tout cas les premiers suspects de l'inspecteur Dushan Zigic et son adjointe le sergent Mel Ferreira, de la brigade des crimes de haine. Mais les autres pistes ne manquent pas. Crime raciste ? Crime familial ? Crime lié au travail des clandestins ? A charge pour Zigic et son équipe de démêler les fils dans un milieu qui pratique la loi du silence.

Bien loin des images de cartes postales d'une Angleterre bucolique et accueillante, Eva Dolan nous emmène dans le monde invisible des travailleurs clandestins exploités par les marchands de sommeil, les pourvoyeurs d'emplois peu regardants, les patrons peu scrupuleux, les contremaîtres intransigeants. Ici, les polonais, les portugais, les serbes, les chinois, les lettons et tous ceux qui viennent tenter leur chance à l'Ouest, se retrouvent prisonniers d'un système bien rôdé où tout le monde trouve son compte sauf eux bien sûr, précaires, mal payés, mal logés, assignés aux tâches les plus rudes, quand ils ne sont pas simplement réduits en esclavage, brimés, frappés, enfermés, pas rémunérés. Tous se taisent, par peur des représailles, par peur d'être renvoyés au pays, parce qu'ils n'ont aucun droit, aucune existence légale.
Issus eux-mêmes de l'immigration, lui est d'origine serbe, elle est portugaise, Zigic et Ferreira sont bien placés pour comprendre les difficultés, les peurs et les espoirs déçus de cette population clandestine. Ce n'est donc sans doute pas par hasard qu'ils se retrouvent à la brigade des crimes de haine, soucieux qu'ils sont de rétablir les droits de ceux qui souffrent de l'exil, de l'exclusion, du racisme et des préjugés.
Avec ces deux enquêteurs bien croqués, Zigic le pondéré et Ferreira l'impétueuse et sa volonté marquée de nous montrer en face la triste réalité d'une Grande-Bretagne touchée par la crise mais qui garde toujours son pouvoir d'attraction pour les migrants, Les chemins de la haine est un polar social très réussi qui énonce quelques vérités bien senties sur nos sociétés favorisées et la façon dont nous fermons les yeux sur ce qui nous dérange...Un livre qui fait réfléchir.
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Un polar oui parce que les deux enquêteurs tenteront de trouver qui a assassiné ce travailleur estonien brûlé vif mais aussi une espèce de chronique sociale sur le racisme, les crimes haineux et le travail (l'esclavage plutôt) des travailleurs migrants.
Ce premier récit d'Eva Dolan est très bien mis en scène, bien amené et bien conclu. On nous parle souvent du sort réservé aux femmes de l'est qui immigrent clandestinement et se retrouvent esclaves sexuels, ici le sort des hommes migrants venus chercher du travail n'est guère mieux. Prisonniers de "gangmaster", logés dans des baraquements à la limite de la salubrité, peu ou parfois pas payés, ces hommes venus chercher un meilleur ailleurs se trouvent sous le joug de la peur, de la brutalité et de la haine, se retrouvent là où leur vie n'a de valeur que si leurs muscles travaillent et encore. Et tout ça se passe dans une petite ville toute britannique. La particularité ou plutôt la sensibilité particulière de ce roman est que nos deux enquêteurs, Zigic et sa partenaire Ferreira sont eux-même issus de communauté culturelle immigrante, polonaise et portugaise. Ce qui leur donne une motivation particulière à travailler au bureau des Crimes de haine.
Eva Dolan nous a conduit dans un monde parallèle, tout juste à côté de chez soi, là où il ne fait pas bon vivre. Perturbant.
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Il était mort, mais « sa famille [en Chine] poursuivrait le cours de son existence en pensant qu'il avait dû trouver là-bas quelque chose de mieux, quelque chose qui faisait qu'il les avait oubliés. Une autre femme, peut-être. Une meilleure vie. C'était pour ça qu'on allait en Angleterre, après tout. »

L'Angleterre, Eldorado pour de nombreux migrants, notamment en provenance d'Europe de l'est.
Mais plus souvent qu'un bon job et le salaire décent qui va avec, ils y trouvent des marchands de sommeil, qui les font travailler pour rien ou quasi, les vendent/louent à des industriels, des employeurs du bâtiment, des exploitants agricoles, des proxénètes.
La vie de ces femmes et de ces hommes ne vaut rien, et si la façon dont ils sont traités ne les en a pas encore convaincu, la haine des sympathisants des mouvements nationalistes britanniques sera là pour le leur rappeler. De même que l'inertie des pouvoirs publics, qui ferment les yeux à double tour car cette économie souterraine est bien pratique.
« Ceux qui avaient le pouvoir d'arranger les choses profitaient trop de la situation telle qu'elle était pour vouloir qu'elle s'améliore. »

Voilà le contexte de ce polar social.
On y rencontre des exilé(e)s fraîchement arrivé(e)s au Royaume-Uni, des victimes, des bourreaux et leurs complices. Et deux flics enfants d'immigrés - l'une fille de Portugais, l'autre descendant de Croates. C'est sans doute grâce à leurs origines que ces deux-là se battront pour aller au bout d'une enquête aussi complexe que périlleuse.

Ce roman est un précieux témoignage sur les conditions d'accueil de certains étrangers en Occident et sur la xénophobie des populations locales - aggravée par la crise économique.
J'ai peiné à le lire malgré l'intérêt du sujet. Est-ce la chaleur, ou l'intrigue est-elle particulièrement lente ?
J'étais rassurée de lire cette phrase (p. 431/525, quand même) : « Enfin du mouvement dans cette enquête. »

A compléter avec le roman 'Les Echoués' (Pascal Manoukian), la BD 'Chantier interdit au public' (Claire Braud & Nicolas Jounin, collection Sociorama), etc.
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Bien des atouts !

• Une intrigue policière qui ne joue pas la surenchère en rebondissements inappropriés ou irréalistes,
• Une équipe d'enquêteurs constituant une cellule d'investigations en Crimes Haineux, collant à l'actualité contemporaine liée aux problèmes des migrants et au racisme ordinaire associé,
• Un sujet controversé sur la cohabitation d'une population britannique et d'immigrants illégaux exploités, et l'impact sur l'économie locale,
• Un décor de laideur et de tristesse dans une petite ville éreintée par la crise et une ruralité désespérante.

Eva Dolan nous embarque tranquillement mais sûrement dans une Grande-Bretagne multiculturelle par ce livre social et militant qui brouille les pistes avec savoir-faire, nous donnant aussi l'impression de plonger en enquête journalistique. Elle évite le manichéisme, façonnant des personnages complexes tels les enquêteurs issus eux-mêmes de l'émigration.

Derrière la plume, l'indignation semble palpable et l'intelligence de l'intrigue accroche.
La lecture devient addictive, tant par le désir d'aboutir à la vérité que par le contexte en grisaille de bidonvilles, de trafiquants d'esclavage moderne, d'exploitation des femmes et de familles brisées.

Une nouvelle voix dans le genre polar, qu'il conviendra de suivre si ses personnages deviennent récurrents.
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Une réussite !

Ça faisait bien longtemps que je n'avais pas lu un polar aussi bien ficelé et à l'intrigue totalement crédible et cohérente. Avec Les chemins de la haine, Eva Dolan réussit à nous tenir en haleine pendant 450 pages dont pas une n'est de trop !

À Peterborough, dans l'Est de l'Angleterre, les migrants des pays de l'est ne sont pas à la fête. Sitôt arrivés et sitôt alpagués par les gangmasters locaux qui leur promettent le gîte et le couvert en échange d'un travail dans le bâtiment. Derrière la promesse d'une épargne à venir pour bâtir un avenir meilleur, la réalité est toute autre : parqués dans des baraquements insalubres, exploités du matin au soir sans contrepartie financière, tout juste nourris, privés de liberté. Et parfois, en cas de velléité de rébellion, battus à mort.

Alors quand l'un d'eux est retrouvé carbonisé dans l'incendie d'une cabane de jardin qu'il squattait, puis un autre déchiqueté sous les roues d'un train, c'est naturellement vers ce monde à part - que tous les bons Anglais ont sous les yeux mais qu'ils préfèrent ne pas voir - que le sergent de police Zigic va se tourner.

L'intrigue est remarquablement déroulée, sans artifices ni twists à deux balles à chaque fin de chapitre, dans un rythme particulièrement agréable - en grande partie dû aux dialogues enlevés - qui fait entrer Les chemins de la haine dans le cercles fermé des "livres qu'on ne peut pas lâcher sans les avoir terminés". Sauf qu'ici, c'est vrai.

Eva Dolan travaille ses personnages et les rend particulièrement attachants - avec une mention particulière pour Ferreira - ce qui laisse penser au début d'une série. Elle ajoute un côté social objectif et jamais moraliste, sur cette Angleterre moderne à deux vitesses et ces communautés parallèles qui tentent de survivre au coeur d'une crise qui permet le retour à un esclavage moderne, dont la société s'accommode facilement en regardant ailleurs.

Vivement le prochain !
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critiques presse (4)
Telerama
06 août 2018
Il y a du Ken Loach chez cette jeune romancière qui parle de zones d’ombre, d’esclavagisme moderne et de misère quotidienne tout en composant une enquête au cordeau.
Lire la critique sur le site : Telerama
LeFigaro
22 juin 2018
La mort atroce d'un travailleur immigré dans une ville anglaise frappée par la crise mobilise la toute récente section des crimes de haine. Par la nouvelle voix du roman noir britannique.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LePoint
26 janvier 2018
Loin des scones et du tea time, « Les Chemins de la haine » d'Eva Dolan inaugure une série qui raconte la Grande-Bretagne en proie au racisme et au populisme.
Lire la critique sur le site : LePoint
Actualitte
24 janvier 2018
Efficace, dense, d’une construction impeccable et rigoureuse, rythmé avec ardeur, témoin d’une actualité brûlante, le roman policier d’Eva Dolan révolte autant qu’il désespère.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Combien d'hommes Tombak logeait-il au total ? Six dans la première pièce à l'entrée de la maison, sans doute six de plus dans la pièce d'en face et dans chacune des chambres. Une bonne trentaine de personnes entassées dans un espace conçu pour la famille nucléaire classique des années 70. Chacun lui versant 90 livres par semaine, sans compter les petits suppléments qu'il arrivait sans doute à leur soutirer.
(…)
[Mais] Tombak n'était pas seulement leur logeur. La maison lui appartenait, mais aussi les hommes. Non seulement il leur faisait payer le gîte et le couvert, mais il se chargeait de les placer chez les employeurs, et il contrôlait leur salaire, décidant quand il leur était versé et combien ils recevaient. Les horaires de travail étaient irréguliers et imprévisibles, et personne ne restait au même endroit assez longtemps pour savoir exactement combien le travail était censé rapporter. Tombak s'enrichissait sur leur dos et ils lui en voulaient, mais la situation était la même partout.
(p. 99 & 107)
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- Vous n'êtes pas anglaise, si ?
- Je suis née au Portugal. J'avais sept ans quand on est arrivés.
- Y avait pas de travail là-bas ?
- Disons que les opportunités étaient rares. (…) On est allés à Spalding d'abord, et quand mes parents ont mis assez d'argent de côté, on est venus s'installer ici.
- Et ils travaillent, vos parents ?
- Oui, dit Ferreira en allumant sa cigarette. Ils ont un pub.
- Ça leur a bien profité de venir ici, on dirait.
Ça leur a bien profité, se répéta intérieurement Ferreira. En trimant seize heures par jour, sept jours sur sept, son père dans les champs, sa mère dans des entrepôts gelés ? En vivant deux ans dans une caravane, puis cinq ans dans un trou à rats, elle et ses trois frères cadets entassés dans une chambre ?
- Ils doivent être fiers de vous, d'être rentrée dans la police.
- Ça a été quelque chose pour eux, oui.
- C'est toujours vous qu'on envoie quand un immigré est tué ?
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Ceux qui partaient tenter leur chance à l'ouest préféraient ne pas faire le voyage seuls : ils demandaient autour d'eux jusqu'à tomber sur l'ami du cousin de quelqu'un, lui aussi décidé à partir. Ils faisaient alors équipe pour la traversée en bus, longue et monotone, de l'Europe et de la Manche. Ils dormaient à quelques centimètres l'un de l'autre, buvaient, jouaient aux cartes, évoquaient les montagnes d'argent qu'ils allaient se faire, la maison et la voiture qu'ils s'achèteraient. Ils se berçaient de rêves pour calmer l'angoisse qu'ils sentaient croître dans leurs tripes à mesure qu'ils s'éloignaient de chez eux. Deux jours ainsi passés ensemble, et ils devenaient comme des frères de sang.
Jusqu'à ce que, une fois parvenus en Angleterre, l'un des deux réalise que l'autre ne partageait pas la même conception du travail.
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Derrière la maison, existait un dédale d'extensions illégales et de garages qui étaient reconvertis en logements pour les travailleurs immigrés trop fauchés pour se payer un lit dans une vraie maison. Officiellement, la mairie désapprouvait. Mais il devait y avoir une tolérance tacite. Il était bien plus économique de faire comme si de rien n'était que de mettre à disposition des logements avec l'argent public. Et tant pis si des gens se faisaient extorquer et vivaient dans des endroits insalubres.
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Elle avait toujours eu envie de travailler dans un bureau. Avoir un ordinateur, un téléphone, porter un tailleur élégant et déjeuner à sa table comme faisaient les femmes dans les publicités. Elle ne savait pas trop ce qu'elle ferait dans un bureau, mais soupçonnait pas mal des gens qui y travaillaient de ne pas trop le savoir eux non plus. Ils déplaçaient des papiers d'un endroit à un autre, jouaient à leur ordinateur.
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Vidéo de Eva Dolan
Hommes et femmes sous emprise. Louise Mey décrit le calvaire d'une femme sous l'emprise d'un homme manipulateur et violent. Eva Dolan explore les mensonges au coeur de la relation entre deux militantes politiques. Quant à Éric Cherrière, c'est l'emprise de la guerre qu'il met en scène : comment fabrique-t-on des bourreaux ?
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