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Lise Caillat (Traducteur)
EAN : 9782366245165
200 pages
Cambourakis (02/09/2020)
3.95/5   109 notes
Résumé :
Un premier roman percutant qui nous plonge au coeur de la Sacra Corona Unità, organisation mafieuse des Pouilles, dans les pas de son chef, Domenico Trevi (dit Mimi), fou de de douleur à la suite du suicide de son fils de 15 ans. Obéissant à sa logique et à ses instincts habituels, il va chercher à se venger quand bien même il n'existe aucune preuve à l'encontre de quiconque. Tandis que se met en place une spirale de violence à laquelle il va être difficile d'échapp... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Menacer, torturer, blesser, humilier et même tuer : lorsque comme Domenico « Mimi » Trevi, on est à la tête de la Sacra Corona Unita, la mafia qui règne sur les Pouilles, c'est le lot quotidien pour affirmer son contrôle et sa puissance. Mais le jour où Michele, le fils de Mimi se jette par la fenêtre, son monde s'écroule et ses certitudes vacillent. Mimi était tout, Mimi n'est plus rien. Reste la bête…


Entre colère et doute, rage et déstabilisation, les premiers réflexes de Mimi reviennent vite et la jeune Nicole rendue responsable du suicide de Michele pour ne pas avoir répondu à ses avances se retrouve enfermée sous la surveillance de Veli. le geôlier se livre, les prisonniers s'apprivoisent, le passé se dévoile et avec Marta, Arianna, Vincenzo et Carmine, les acteurs se positionnent : les conditions du drame sont réunies et seul le sang peut espérer solder les comptes.


Je suis la bête d'Andrea Donaera – traduit par Lise Caillat – est un livre d'une puissance inouïe, solidement appuyé sur une tension permanente produite par l'obsession et l'incompréhension qui tournent en boucle et torturent l'esprit de Mimi, le conduisant vers une dérive bestiale, irraisonnée et aveugle. Un livre servi par une langue brute et directe dans les dialogues, mais qui sait aussi s'adoucir et s'évader quand elle explore l'âme des protagonistes.


Un livre marqué par « l'adjacence » de ces parcours de vies qui restent en parallèle sans pouvoir se croiser. Un livre marqué par la violence qui atteint une jeunesse peu préparée, élevée dans l'insouciance du « Come as you are » de Nirvana. Un livre qui résonne comme une réunion d'âmes en peines, d'âmes torturées, dont l'absence de repères ne peut conduire qu'à la violence bestiale. Un livre sombre, antique, dramatique, noir et torturé comme je les aime. Un livre magnifique.
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L'histoire est étonnante et le style plus encore.
Une tension qui monte crescendo et qui met le lecteur dans l'attente angoissante que Mimi, personnage principal et père de la " victime, n explose de rage, de fureur et de violence.
l'écritvain donne, chapitre après chapitre la parole aux différents protagonistes jusqu'au dénouement final.
Satisfaite d'être arrivée à bout de ces 207 pages car le sujet de ce récit tout comme la série les" Soprano" me met toujours mal à l'aise .
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La douleur de perdre un enfant ne peut pas se mesurer.
Un père peut être capable de tout, juste pour essayer d'éliminer cette douleur.
Et si ce père est Mimì, chef de la Sacra Corona Unita, et si ce fils s'est suicidé, il faut désigner un coupable.
Michele a sauté du 7ème étage, à priori parce que la belle Nicole a refusé son amour.
Il n'y a qu'une seule façon de laver ce sang: la vengeance.
Et Mimì est prêt à sacrifier tout et tout le monde pour venger la mort du fils.
Aveuglé par la douleur, Mimì fait enfermer Nicole dans une maison de campagne, où Veli, victime aussi d'un amour qui ne doit pas être, est retenu depuis des mois maintenant.
Cruelle et impitoyable, l'histoire se dirige vers une fin sanglante, dont même les survivants sortiront anéantis.

Il est assez simple, au début du roman, de comprendre à qui le titre se réfère. Cependant, en lisant le livre jusqu'au bout, on en vient à douter car cette bête a plusieurs tête.
Est-ce Mimi ? parrain d'une mafia locale, bossu sadique, perclus de haine, poussé par des pulsions de violence depuis toujours et aujourd'hui rongé par la perte de son jeune fils Michele.
Ou peut-être est-ce Arianna ? la seule fille qui reste maintenant à Mimi, coupable d'être tombée amoureuse de Veli, même si elle savait que cet amour était maudit, interdit et que cette relation allait ajouter un poison fétide à la colère noire qui a englouti toute la famille Trevi et dont il est désormais impossible d'émerger.
Et si la bête était Nicole ? la belle et séductrice Nicole, trop sûre d'elle, coupable d'avoir refusé l'amour de Michèle, de s'être moqué de lui et donc probablement à l'origine de son suicide.
Mais peut-être que la bête est Veli ? à la fois prisonnier de Mimi et geôlier de Nicole, interprète d'un drame qui ne lui appartient pas, forcé de se transformer pour survivre et forcé d'oublier son amour incestueux.
Et s'il n'y avait pas de bête ? juste des hommes et des femmes qui se comportent bestialement.

Ne vous attendez pas à un roman classique sur la mafia. Andrea Donaera réussi la tâche très difficile d'apporter un regard introspectif sur les organisations criminelles, il parvient à parler d'émotions, à parler du pouvoir et de l'inutilité de ce pouvoir face à la douleur.
Dans un récit aux voix multiples, avec son écriture pleine de répétitions délibérées, l'auteur perturbe son lecteur. Il nous parle d'histoire d'amours contrariés, interrompus. Il mêle la saleté de l'âme et les rêves d'adolescents, la férocité et la candeur, la monstruosité et l'ingénuité. Il raconte avant tout la violence gravée en nous, la violence qui explose.

A relire peut-être dans quelques temps pour mieux saisir toutes les nuances des personnages.

Traduit par Lise Caillat
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Un roman noir noué comme une tragédie.
Alors que Michele 15 ans s'est suicidé, son père chef de la mafia décide de le venger de Nicole une adolescente qui a repoussé les avances de l'adolescent.
Toute l'intrigue se dénoue à travers les récits croisés de Mimì, Veli, Arianna et Nicole.
Pour chaque personnage, l'auteur a soigné une syntaxe différente, une tonalité caractéristique. Entre pièce de théâtre, tragédie et roman noir, le lecteur plonge dans la part sombre d'un village étouffé par le silence et la violence.
Une bonne lecture à faire. Je conseille vivement ce roman.
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•ANCORA E NON BASTA•
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🦊 Je suis la bête. Ancora. Celle qui sommeille en chacun de nous. Parfois par vengeance, par injustice, par impulsivité. Celle qui ne contrôle plus rien. Et pourtant, il demeure l'humanité. Celle qui parfois ne se voit pas au premier coup d'oeil, celle qui peut être enfouie au plus profond de nous. Sans jamais être manichéen, Andrea Donaera appuie là où ça fait mal, là où il demeure la douleur. Ancora. Celle de perdre son fils. Tout démarre dans ce salon, cercueil rigide et froid ou Michele gît depuis son suicide. Quinze ans, il avait quinze ans, jeune poète obèse éconduit par la fille qu'il convoite. Son dernier message fera état d'une haine envers tout le monde pourtant, sauf elle. C'est dans la peau de son père, Domenico Trevi surnommé Mimì, que nous parcourons les pages de ce roman d'une noirceur emplie de clarté. Il est bossu, autoritaire, le regard noir, marié à une femme qui le dégoute mais il est surtout celui qui dirige la Sacra Corona Unita. Cette mafia qui terrorise la région des Pouilles dans le sud-est de l'Italie. Avec ses hommes de main Vincenzo et Carmine, la mort, le sang et la vengeance sont inhérents à leur caractère. Alors ensemble ils vont devoir trouver la personne responsable, coupable de la mort de son fils. Peu importe les explications, les justifications, les erreurs, il faudra que quelqu'un paie. Quand un Homme est convaincu et déterminé, lorsque la douleur est trop ancrée, nul ne peut l'arrêter. L'innocence n'est plus un mots acceptable. A chaque page, on s'attache à ces hommes, on se détache une page plus tard. Ancora•••
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🦊 Ce yoyo permanent entre le bien et le mal déstabilise, interroge, surprend pour un premier roman. Car il y a une véritable gouaille, une empreinte Donaera sur ce texte. Une marque de fabrique au vocabulaire répétitif, assénant chaque phrase de sa puissance. Ancora e non basta. Nous avons sans cesse envie que cette histoire se perpétue, continue à passer devant nos yeux ébahis, choqués ou révoltés. Chaque personnage demeure incarné comme jamais, chaque caractère se dessine dès les premiers mots. Il ne s'agit pas d'un énième roman sur la mafia mais bien d'un roman sur la succession d'humanités brisées. Où rien ne demeure plus interdit, tout devient possible. Ancora. En choisissant d'écrire un roman polyphonique, où chaque personnage intervient à chaque chapitre, le rythme explose, le coeur s'emballe, les intonations pullulent. Andrea Donnera a une formation plutôt de poète et cela se ressent à chacune de ses envolés, alternant les différents genres aux coeur du récit. Mimì est là. Partout. Ancora. Il ressasse, Michele ne sortira pas de sa tête de sitôt. A travers ses mots, on sent que tout finira mal, on sent la peur de ses interlocuteurs, on sent le souffre qui va bientôt jaillir. Écriture qui pique, qui innove, qui casse les codes, elle est profondément cérébrale. Au coeur de l'esprit humain, à travers ses failles, ses impulsions et sa part d'humanité détournée. Un roman profondément ancré dans la tête de lecteur où les odeurs, les objets et les paysages font corps avec notre coeur. Un monstre quoiqu'on en dise possède un coeur, parfois meurtri, souvent déchiré pour agir ainsi. Un monstre demeure celui par qui toute rédemption est possible. Je suis la bête; Celle qu'on ne peut enfermer dans une case trop réductrice mais qu'il faut absolument réprimer. Andrea Donaera est déjà un écrivain un talent, un écrivain qu'il faudra suivre les années prochaines car il éclabousse de sa virtuosité en prose. Ancora e non basta•••

Lien : https://www.instagram.com/p/..
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critiques presse (1)
LeMonde
16 septembre 2020
Faux roman sur la Sacra Corona Unita (la mafia des Pouilles), mais vraie tragédie sous tension : un premier roman rageur.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Et Mimì pense qu’il va les tuer tous. Tous, s’ils ne partent pas, s’ils ne partent pas d’ici, s’ils ne le laissent pas seul, dans ce salon, Mimì va faire un carnage, il va les tuer tous. Dans ce salon, où il y a eu de bons moments, rien que des bons moments, des soirées à jouer aux cartes, du vin, des amis, des parents, des discussions, des projets, des rires, les femmes à côté en train de dormir, dans ce salon, qu’on n’ouvrait que pour ça, pour les soirées. Et maintenant, tout est humide, tout suinte, avec un cercueil, fermé, entouré de chaises, des chaises partout. Les femmes, assises, qui se donnent de l’air avec leurs éventails, les hommes, debout, qui vont et viennent, les vêtements, la peau, tout est humide, tout suinte, même les meubles, tout. Les personnes, les tasses, les thermos, les cafetières. Tout. Et il y a une odeur dans ce salon, une odeur insupportable qui se dépose partout, de café corretto à l’anis. Seuls les hommes le boivent, tandis qu’ils vont et viennent, échangent des signes, des regards. Les femmes, non. Certaines pleurent, certaines fixent le sol, tout agitées sur leur chaise, muettes. Les hommes sortent fumer, rentrent, s’observent, des signes, des regards. Il y a une espèce d’odeur dans ce salon, et des fleurs, des couronnes de fleurs, autour du cercueil.

Tout est humide, tout suinte.
 
Et puis il y a une bannière, à côté du cercueil. Une bannière énorme, avec un Christ imprimé, un Christ qui semble te regarder, le visage un peu tourné vers la gauche. Le visage du Christ, dans ce salon. Un cercueil au centre, un cercueil fermé, plein, plein d’un corps. Un corps de quinze ans, un mètre soixante à peine, cent trente kilos, cheveux noirs, bouclés, yeux noirs, petits, joues rouges. Mais on ne le voit pas, on ne le voit pas, on ne voit rien, le cercueil est fermé, il est plein, mais il est fermé, le cercueil. Et le Christ, sur la bannière, le visage un peu tourné vers la gauche, qui semble te regarder.

(INCIPIT)
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Mimi ferme les yeux, sa blessure lui fait mal, sa tête lui pèse, une chose dedans, dans sa tête, lui pèse, puis il ouvre les yeux. A nouveau il demande où ça en est. Carmine dit, avec cette voix de merde, il dit qu’ils ont découvert que, un jour avant les faits, on a vu Michele devant le lycée, il s’était approché d’une gamine, elle était assise sur un scooter garé, Michele s’est approché, on l’a vu parler un moment avec la gamine, puis lui donner une chose, Michele à la gamine, une chose comme un livre ou des feuilles, puis la gamine a éclaté de rire, et rien, après ça Michele est parti, il est allé en cours, il était huit heures du matin, et rien, il a été nerveux toute la journée, sans parler, toute la journée, et rien. Mimi reste silencieux un moment, il fixe Carmine, puis il demande qui est c’te gamine. Carmine dit qu’ils savent où elle habite, qu’elle vit seule avec sa mère, qu’ils y vont quand ils veulent lui poser quelques questions.
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Ils la tueront sans savoir qu'ils commettent un crime bien plus grave qu'ils ne le pensent : ils privent le monde d'une chose belle, une chose pure, vraie.
Une chose sacrée.
Ils ne faudrait pas les toucher, les choses sacrées.
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Je jure sur la pointe de ce poignard, baigné de sang, d'etre fidèle à cette société organisée, de renier père, mère, frères et sœurs, jiusqu'à la septième génération. Je jured'ëtre toujours fidèle à cette société d'hommes libres, actifs et affirmatifs appartenant à la Sacra corona unita et de représenter partout le Saint, saint Michel archange. Serment des membres de la Sacra corona unita
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Il y pense un instant, mais il est fatigué, Mimì. Il rouvre les yeux. Devant lui, ces deux gamines. Leur vue l’agace. Sur leur visage il voit une espèce de curiosité stupide. Or Mimì voudrait voir la peur. Il voudrait qu’elles sachent ce qui lui passe par la tête, quand il les regarde. Les amies de cette petite pute qui lui a tué son fils. Il les regarde, elles ont les yeux perdus, les yeux qui errent dans la pièce comme si elles admiraient on ne sait quoi. Il les regarde, Mimì, ces deux-là, et il pense, Mimì, il pense qu’il sort, descend au garage, prend l’acide, remonte, verse l’acide sur ces deux-là, il y pense Mimì, à comment elles crieraient, à combien elles crieraient, et cette foutue expression de curiosité stupide elles ne l’auraient plus, ces deux-là. Puis soudain, Vincenzo parle : « Alors », dit-il. Noemi et Samantha cessent de regarder autour d’elles. Mimì sourit, de son sourire le plus calme, il dit, séraphique : « Nous, les filles, on veut savoir une seule chose. C’est vrai que l’autre matin mon Michele a fait sa déclaration à c’te Nicole ? Et c’est vrai que c’te Nicole lui a ri au nez ? »
 
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