Thomas Covenant, atteint de la lèpre, brave le mépris et le dégoût que ses concitoyens ressentent à son égard pour se rendre à la compagnie de téléphone de sa ville et y régler sa facture.
En chemin, l'ancien écrivain à succès rencontre un étrange vieillard, avec lequel il échange quelques paroles auxquelles Covenant ne comprend pas grand chose.
Alors qu'il rentre chez lui, Covenant est victime d'un étrange accident : tentant d'éviter la collision avec une voiture de police qui lui fonce dessus, il se réveille dans un autre monde. Là, il se retrouve aux prises avec Sialon Larvae et le seigneur Turpide. Ce dernier exige que Covenant soit son messager : il devra traverser le fief afin de communiquer une prophétie funeste aux seigneurs du Fief.
Thomas Covenant est un anti-héros pur jus. Il est colérique, antipathique, pessimiste, entêté. Il ne fait confiance à personne et jure comme un charretier toutes les trois lignes tout au long d'un bouquin de près de 700 pages... Et pourtant, il reste attachant !
Car le destin de ce héros pas comme les autres est suffisamment dramatique pour attirer la sympathie.
Atteint de la lèpre, il est abandonné par une épouse dont il espère soutien et réconfort, et n'a plus de contacts avec son jeune fils, Robin. Ensuite, il est littéralement "catapulté" dans le Fief, univers auquel il ne comprend rien et qui va mettre à l'épreuve tous les mécanismes de survie que Covenant a développé afin de survivre à la lèpre. On comprend donc la colère et la révolte dont le personnage fait montre tout au long du récit.
Ce premier volet des aventures du lépreux s'est d'ailleurs révélé passionnant à tout points de vue, et pas seulement du fait de la personnalité du personnage principal.
Tous les ingrédients d'une excellente saga de fantasy sont présents et distillés petit à petit par Donaldson. Et de nombreux éléments m'ont rappelé mon auteur préféré,
J.R.R. Tolkien (ce qui explique sans doute en partie pourquoi les aventures de Thomas Covenant m'ont autant passionnée) : les ranyhin ressemblent furieusement aux Mearas du Rohan (Gripoil choisit de se laisser monter par Gandalf comme les ranyhin choisissent certains cavaliers), le Mont Tonnerre partage de nombreuses similitudes avec la Montagne du Destin de Sauron, et Morinmoss pourrait carrément s'appeler Fangorn. Quant à l'alliance de Covenant, elle rappelle l'anneau de Bilbo et Frodon,
si ce n'est que son porteur ne devient pas invisible en la portant.
Mais même si
le Seigneur des Anneaux semble clairement avoir influencé Donaldson lors de l'écriture de son roman, il ne faut pas avoir peur de se lancer dans La Malédiction du Rogue. Car l'intrigue développée par l'auteur garde malgré tout suffisamment d'originalité pour se distinguer de son illustre prédécesseur, et les aventures de Covenant sont passionnantes à suivre.
Les divers personnages qu'il croise sur sa route sont très intrigants et j'ai hâte de découvrir la suite de cette saga, afin de savoir si la plupart (ou tous ?) sont toujours présents dans les autres volumes.
Enfin, les aventures qui attendent Covenant et ses acolytes sont absolument prenantes.
La quête du lépreux, des seigneurs et du géant Suilécume paraît désespérée et vouée à l'échec dès le début, mais les différents membres de l'expédition font preuve de suffisamment de ressources pour se sortir de situations apparemment inextricables et nous offrir de beaux rebondissements au passage.