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EAN : 9782809724967
192 pages
Editions Picquier (04/04/2019)
3.81/5   21 notes
Résumé :
"Tempête Rouge" est le roman de la tragédie tibétaine, ces deux décennies noires de la fin des années 50 au début des années 80.L'auteur campe un anti-héros de lama tibétain arriviste et lâche affublé du nom de "Yak Sauvage Rinpoché". Courtisé par les nouveaux conquérants du Tibet, le voilà promené en Chine lors de tournées politiques - stratégie de séduction pour s'assurer la loyauté des "minorités ethniques". Bientôt pourtant, la révolte gronde au Tibet et le clan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Amdo, Tibet, 1958, un an avant le Tibet Central et sa capitale Lhassa, la région se faisait envahir par les communistes, métaphoriquement "la tempête rouge", de nombreuses réformes furent engagées ainsi que de nombreux massacres perpétués et les survivants envoyés en "camps de travail". Il s'agit là d'anéantir la culture tibétaine et sa richesse. Plus de monastères, plus de religion, plus de nomadisme... Yak Sauvage Rinpoché, lama respecté est le personnage central de ce roman concentrationnaire où effectivement on le suit de camp en camp, coupable lui aussi vis à vis de ses camarades prisonniers de vilenies en tout genre pour sauver sa peau.

Yak Sauvage Rinpoché est le personnage central de ce roman interdit en Chine et pour lequel son auteur est visé par une interdiction de quitter le territoire. Que de poésie dans cette écriture malgré l'horreur de la situation, l'horreur des camps où chacun dénonce, mêmes les personnes censées être les plus vertueuses. Cette poésie me semble être la signature de la littérature tibétaine que j'aime tant. Il y est question de résilience, de nature, de cycles de vie, de positivité et ce malgré les coups portés par la vie.
Il est démontré dans ces lignes romanesques que peu importe son camp, celui des Tibétains ou celui des envahisseurs, toute personne peut devenir malhonnête et malveillante.

Merci aux Editions Picquier de nous faire découvrir de nouveaux textes tibétains et à Françoise Robin pour la qualité de ses traductions !
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Une tempête rouge s'est abattue sur le Tibet. Rouge comme le sable et la poussière déferlant sur le pays, mais aussi rouge comme le sang et le communisme. Ce titre est bien trouvé pour un roman traitant des malheurs ayant suivis l'annexion du Tibet par la Chine dans les années
cinquante. L'auteur nous y narre l'histoire de Yak Sauvage Rinpoché et de pasteurs nomades arrêtés et emprisonnés dans un camp de travail. Nous les suivons dans leur quotidien, y découvrons la faim, le froid, les mauvais traitements, les séances de lutte, les poux, les suicides et les mouchardages.
Le sujet du roman est très intéressant et surtout inédit en littérature, peu d'auteurs ont osé parler du changement radical de la situation tibétaine à partir des années cinquante : les sévices endurés par la population locale, les quotas de prisonniers à remplir, l'absurdité de certaines situations et surtout l'interdiction de pratiquer leur religion et les difficultés rencontrées dûes au fait que leurs langues soient différentes. Un passage m'a d'ailleurs particulièrement marquée, où il était question de la crainte des prisonniers tibétains de se rouler des cigarettes avec du papier journal : ils pouvaient écoper d'une peine beaucoup plus lourde s'ils utilisaient un article parlant d'une personnalité politique importante. Ne parlant pas chinois, c'était donc très risqué !
J'ai trouvé également très intéressant le fait que l'auteur ne voit pas les choses soit tout en blanc soit tout en noir. Des Tibétains ont effectivement pu mal agir, se liguer avec les Chinois contre leurs compatriotes et vice-versa, certains chinois ont essayé d'améliorer les conditions de détention de prisonnier tibétains. de même, le personnage principal ne ressemble aucunement à un héros, il peut même parfois en être l'exact opposé. Ce lama semble ne jamais savoir exactement ce qu'il fait, il profite de sa situation privilégiée et est prêt à tout pour améliorer ses conditions de vie et diminuer sa peine, quitte à devoir moucharder.
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La traductrice, Françoise Robin, dans un long avant-propos fort intéressant, explique la genèse de ce livre, comment l'auteur à rusé pour que, une première fois, son livre soit publié, à compte d'auteur -aucune maison d'éditions tibétaine autorisée n'a voulu publier ce livre par peur de représailles- et vendu avant que les autorité chinoises ne puissent l'interdire. Lors de sa reparution, il est interdit et Tsering Dondrup ne peut plus quitter le territoire.

Le livre paraît sans chronologie logique, pour mieux me perdre et me retrouver. Nous sommes fin 50, Ce roman décrit l'apocalypse qu'ont subi les tibétains de la région de l'Amdo sont envahis, étouffé par l'armée chinoise et doivent renoncer à toute leur culture, leur croyance et se soumettre entièrement à la dictature maoïste. Sinisation à marche forcée avec son corollaire de morts, déplacés, emprisonnement dans des camps de travail qui n'ont rien à envier aux camps russes ou allemands.
Le héros de ce livre ? Un lama qui ne ressemble en rien à la figure de sagesse à laquelle l'on pense de suite. Une réincarnation de Bouddha qui n'en a pas la sagesse, la frugalité, la droiture, non il est pleutre, gourmand, arriviste, prêt à tout pour son petit confort égoïste.
Il est tour à tour, « exposé » auprès des autorités chinoises comme garant de la bonne volonté du pouvoir, puis, après la révolte de 1958, le voici en camp de travail où sa veulerie excelle à dénoncer ces congénères, même le seul fidèle sujet qui le respecte encore. Comme le dit le chef du camp «  ça, ce n'est pas du mouchardage, c'est du service mutuel. On peut dire aussi que c'est ^pr la sauvegarde de tous. »
Les tempêtes rouges, outre les tempêtes de ce sable rouge qui surgissent dans la région, est l'image de l'armée rouge qui déferle tel un nuage de sauterelles et qui ravagent tout sur leur passage tant et si bien que lorsque Yak Sauvage Rinpoché est enfin libéré, après vingt années d'enfermement, ne reconnaît plus son pays, son Tibet qui est devenu chinois. le rouge, couleur porte bonheur pour les chinois, devient le signe du malheur du peuple tibétain.
« Frappés au visage, leur sang se mettait à couler » Dans le livre, il ‘agit bien sûr du sable de la tempête rouge, mais….
Un roman vraiment exceptionnel par ce qu'il m'apprend de la guerre au Tibet, région de l'Amdo plus particulièrement. La plume de l'auteur qui, tel un peintre, joue sur les palettes de l'humour, voire du rire en suivant le lama, de l'horreur, de la description, du récit permet une lecture plus qu'agréable avec, pour valeur ajoutée, la bonne traduction de Françoise Robin. Tsering Dondrup ne minimise pas l'attitude de certains tibétains, dont de hauts dignitaires religieux qui ont, sur les mains, du sang de leurs compatriotes.
Tsering Dondrup dénonce la sinisation à marche forcée, les exactions commises en son nom, l'éradication de la civilisation tibétaine, son environnement par la disparition des forêts qui font que les tempêtes rouges climatiques sont de plus en plus nombreuses et fortes et ce pendant vingt années et cela perdure sous une autre forme non moins violente. Bien entendu, tout ceci au nom de la libération du Tibet !
Un coup de coeur pour ce livre fort, dérangeant et beau.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Un roman historique magistral, raconté d'une belle écriture contemporaine, avec un léger humour. L'humour, on en a besoin pour suivre la tragédie de la mainmise des communistes Chinois sur cette partie du Tibet.

Le contexte historique est très bien présentée dès le début, dans la préface de la traductrice, Françoise Robin.
Ensuite nous suivons les péripéties romancées de Yak Sauvage Rinpoché, un lama très respecté avant l'invasion, qui va s'avérer être plutôt opportuniste, quitte à bafouer ses croyances et à moucharder sur ses compagnons de misère, tout en ponctuant le récit de ses réflexions désabusées sur l'impermanence des choses, la rétribution des actes blancs ou noirs, et sur le bardo, le monde intermédiaire après la mort.

La narration des évènements n'est pas chronologique mais je l'ai trouvée parfaitement maîtrisée par l'auteur, il sait où il veut nous emmener. Et la préface nous renseigne sur la chronologie.

Ce que l'auteur nous raconte, c'est la destruction d'un peuple, l'anéantissement, l'écrasement des volontés, de l'identité, des croyances et de l'individu lui-même, transformé en « robots de labeur », crevant de faim (littéralement), de folie, d'épuisement ou de froid. Ainsi après avoir déboisé toute une forêt, ne trouvent-ils plus de bois pour se chauffer. de nombreux suicides parsèment le récit et l'eau de la rivière devient vite polluée suite aux cadavres qu'on y déverse.

Le roman couvre une période de vingt ans après laquelle tout a changé et tout l'univers de Yak Sauvage a disparu.

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J'étais impatiente à l'idée de découvrir ce roman, pour son sujet, mais aussi pour le courage de son auteur, qui a risqué sa vie pour partager la version romancée de ce pan de l'Histoire du Tibet, à partir des documents trouvés dans les archives où il exerçait. Depuis la publication de son roman, Tesring Dondrup subit d'énormes pressions, et sa vie quotidienne s'en ressent fortement. Je pensais dévorer ce livre, tant j'étais curieuse de découvrir ces événements dont j'ignorais l'existence. Je savais que la Chine avait commis de terribles exactions au Tibet (et en commet sûrement encore), mais je n'en avais qu'une vague idée. Or, j'ai mis un temps fou à le lire, pour plusieurs raisons :
La première, c'est la dureté des événements racontés, qui a nécessité des pauses régulières pour respirer et me changer les idées. Heureusement que le personnage principal, Yak Sauvage Rinpoché, a un côté désopilant tellement il est désespérant dans ses comportement, pour alléger la tension de l'intrigue.
La deuxième, c'est le choix éditorial, ou de traduction, je ne sais pas, de créer un glossaire en fin d'ouvrage pour tout ce qui concerne les termes tibétains ou références culturelles. de par son sujet, les renvois sont nombreux, et si les informations sont très intéressantes, j'ai trouvé très lourd les allers-retours incessants entre le corps du texte et le glossaire. J'ai beau l'avoir marqué par un post-it pour le retrouver rapidement, ça a haché ma lecture. Même si ça avait surchargé les pages, je crois que j'aurais préféré avoir les explications en bas de page, au moins en quelques mots, quitte à les retrouver effectivement dans un glossaire après. J'ai essayé, au bout d'un moment, de lire l'intégralité du glossaire avant de continuer ma lecture, mais les entrées sont trop nombreuses pour que je les retienne toutes, et j'ai dû continuer les allers-retours.
C'est vraiment dommage, car j'ai par ailleurs beaucoup apprécié la traduction de Françoise Robin, qui a su garder certains éléments dans leur langue d'origine, ce qui renforce leur importance dans la culture et les traditions tibétaines. Son glossaire est lui aussi vraiment intéressant. Mais il hache vraiment trop la lecture à mon goût.
J'ai beaucoup aimé le style de l'auteur, brut, sans détour. Il décrit avec un réalisme incroyable le quotidien des nomades déportés, alternant par moment avec des retours sur la vie « d'avant », dans les montagnes du Tibet.
La vie de Yak Sauvage Rinpoché et de ses compagnons d'infortune est terrible, incommensurable. En effet, comment comprendre ce qu'ils ont vécu, dans les camps de travail où ils ont été déportés, dans la chaleur ou le froid extrême, avec peu ou pas à manger. Je suis contente d'avoir persévéré dans ma lecture, car c'est important que ce type d'histoire soit diffusée au plus grand nombre, notamment en occident où ce genre d'événements peine à être connu à cause de la censure chinoise. C'était il y a soixante ans, ça a duré près de vingt ans… c'était hier et j'ai l'impression que c'est déjà oublié, hormis par les concernés qui ont survécu à ce massacre. Car les conditions dans lesquelles les chinois les ont fait vivre s'apparente à des meurtres de masse…
Françoise Robin, qui est par ailleurs Maître de conférences de langue et littérature du Tibet à l'INALCO, présente la révolte en Amdo en 1958 dans le rapport de groupe interparlementaire d'amitié du Sénat du 18 juin 2012, « L'histoire du Tibet du XVIIème au XXIème siècle ». Si vous êtes curieux d'en apprendre plus sur ces événements, vous trouverez le compte-rendu par ici.
Tempête rouge est, sous forme romancée, une chronique acerbe mais hélas réaliste d'une période récente de l'histoire du Tibet et de la Chine. On y découvre comment le gouvernement chinois a, à défaut de faire rentrer dans son moule les nomades tibétains, massacrés ces pauvres gens, dont la principale faute était de vouloir conserver leurs traditions. Je rends hommage au courage de l'auteur, qui vit en chine et a pourtant décidé de raconter ce morceau d'Histoire.
J'ai reçu la version papier de ce livre dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Picquier. Merci à eux pour la confiance.
Lien : https://leslecturesdesophieb..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Ainsi, le plus difficile à se procurer pour les pasteurs nomades prisonniers, ce n'était pas le tabac mais le papier à rouler "sans danger". Ils pouvaient certes se procurer du papier journal déchiré, mais c'était très dangereux : sans parler même d'utiliser les feuilles de journal où figuraient des photos de dirigeants (le plus éminent étant le grandioses dirigeant) ou de révolutionnaires, rouler son tabac dans une feuille mentionnant leur simple nom de famille alourdissait immanquablement la peine du coupable d'un à cinq ans eu égard à l'identité de sa "victime" et à la valeur de celle-ci.
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Plus démolarisants et menaçants encore pour les êtres vivants étaient les hurlements de la tempête rouge. Par moments, ils évoquaient des milliers de loups tourmentés par la faim et la soif, hurlant en même temps dans les grands pâturages solitaires; à d'autres, on aurait dit les cris de dizaine de milliers de gardes rouges lançant leurs slogans tous ensemble sur la place Tian'anmen.
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Une du tempête rouge se mit à hurler tout à coup, emportant dans l'espace, tels des chevaux de vent, quelques tentes de coton parmi celles du groupement qui était venu pour l'intronisation, ainsi que les zen de plusieurs moines du monastère de Tsehung.
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Malheureusement, la force de l'éducation peut non seulement anéantir la force de la bienveillance et de l'amour, mais elle peut aussi rendre fou l'homme sain, rendre idiot l'homme sage, pleutre le brave et malveillant le bienveillant ; et à un moment donné, sa femme lui conseilla de se rendre volontairement et de retourner en prison.
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Si on ne répond pas au bien par le bien, les bienfaisants se raréfient ; si on ne répond pas au mal par le mal, les malfaisants se multiplient.
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