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EAN : 9782842610036
205 pages
Le Serpent à plumes (24/03/2003)
3.6/5   55 notes
Résumé :
Emmanuel Dongala a dix-sept ans en 1958, quand le Congo devient une république indépendante. Dans huit longues nouvelles au rythme balancé et à l'humour corrosif, il fait revivre la Révolution rouge de Brazzaville, qu'il considère avec un profond pessimisme, et promène son blues dans les boîtes de jazz de New York, où il se repaît des sonorités inspirées de John Coltrane. Sous la naïveté burlesque des sujets, tels ces extraterrestres prenant possession de la planète... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Prendre un verre de vin, mettre un disque de jazz, ouvrir ce petit livre rouge. La révolution, par le vin, par le jazz, par le communisme. Un beau programme sur une Afrique des années 70, une vision colorée… monochrome en Rouge. Il n'y a que du rouge, même dans la couverture. Les premières nouvelles parlent de cette période où le communisme devient la religion d'état. Avec une verve toute africaine, Emmanuel Dongala s'amuse de ces situations derrière lesquelles se cachent une pointe de cynisme et de désillusion. Sortir de la colonisation blanche pour verser dans la colonisation rouge… avec du vin rouge qui tâche… âpre et écorchant.

Nuit noire, nuit blanche, quatre heures du mat', la bonne heure pour penser à ma misérable vie, ou l'oublier. le froid pointe, je ne suis pas à Pointe-Noire malheureusement, les femmes couleur ébène s'immiscent dans mon monde de rêves et de musique, des tambours qui auraient pu être du Bronx mais qui viennent des bidonvilles, et surtout du jazz. Un verre de vin... de palme, c'est toujours mieux qu'un vieux rouge qui râpe la gorge. Je mets un disque sur la platine. le soleil est couché mais sa lumière reste intense, au fond de mon coeur. La lune se dévoile, éclaire mes ondes, sensuelle, blue moon je l'appelle, et Sun Ra m'illumine.

Tu n'aimes pas Sun Ra, trop illuminé… Je te l'accorde, sa musique est trop libre, de ses mouvements, de sa fougue et ses fugues, le saxo s'échappe même dans un délire digne des grandes discothèques à l'air libre de l'Afrique noire. Noire et rouge à la fois, la révolution. Sun Ra est un révolutionnaire, à sa façon. Un illuminé surtout.

Alors si tu n'es pas passionnée par l'Afrique et si Sun Ra t'émeut autant que l'indifférence d'un homme à exprimer ses sentiments, il te reste quand même la dernière nouvelle. Vibrant, émouvant. Un hommage, The Trane, A love Supreme, John Coltrane, l'autre illuminé qui impressionne Emmanuel Dongala tout au long de sa vie. Moi, j'adore l'Afrique, j'aime Sun Ra, Coltrane et son Love Supreme font partie intégrante de ma vie, alors ce petit fascicule rouge, je l'ai profondément aimé. Il m'a touché, ému, fait sourire – ah non pas sourire, je suis le genre de bison à ne pas avoir de sourire sur sa vieille face triste -, illuminé. Ah… Ça fait donc trois illuminés pour une femme extraordinaire, car dans tous livres, il y a une femme…
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Le recueil d'Emmanuel Dongala, auteur congolais qui rappelle, par sa critique, les oeuvres d'Ahmadou Kourouma ou de Tierno Monénembo, comprend 8 nouvelles qui se partagent entre l'Afrique et New York. L'approche de Dongala est très critique, pessimiste aussi quant à l'avenir de ce continent aux multiples et riches promesses puisque, si les pays africains ont réussi à se libérer du colonialisme, ils n'ont pas réussi à se départir des plus profonds vices humains : recherche du profit, exploitation d'autrui, mensonges idéologiques.
L'écriture de Dongala révèle un Congo qui, en pleine Guerre froide, a choisi le camp du communisme. Toutefois, loin de renier ses traditions, Dongala insère dans ses récits une dose de magie - qui semble toute naturelle, et rappelle par là-même les auteurs sud-américains -, comme dans L'étonnante et dialectique déchéance du camarade Kali Tchikati ou dans le procès du père Libiki. Dongala fait le portrait de ce Congo supposé égalitaire, mais qui rejette toujours l'étranger et plus facilement encore quand c'est une femme (Une journée dans la vie d'Augustine Amaya) et qui s'est militarisé dangereusement (L'Homme). Sa vision de l'art, et de la place de celui-ci dans la vie des hommes, Dongala l'exprime quand il évoque le jazzman John Coltrane, figure désormais mythique de la musique noire américaine mais figure honnie quand il vivait.
Résolument humaniste, le recueil interroge les possibilités humaines, non sans quelque scepticisme.
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Après m'être régalé de son roman "Les petits garçons naissent aussi des étoiles" j'ai lu avec beaucoup de plaisir ce recueil de nouvellesd'Emmanuel Dongala publié aussi dans la très chouette collection "Motifs" du Serpent à Plumes. En quelques histoires souvent désopilantes, parfois grinçantes ou amères, il nous livre une vision très acerbe du régime inspiré par les "avancées" staliniennes et maoïstes qui a sévi quelques temps dans son pays, et dont le "socialisme scientifique" se trouve en butte aux féticheurs et aux traditions animistes des habitants. La dernière nouvelle du recueil est un superbe hommage au saxophoniste John Coltrane, où la sensibilité de l'auteur est très présente. Entre jazz et vin de palme, à la tienne Emmanuel !
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C'est un recueil de nouvelles grinçantes, l'humour est caustique et beaucoup de tendresse pour son pays le Congo.
Dans les six première nouvelles il parle de l'Afrique marquée par le parti communiste. Emmanuel Dongala dresse un portrait de l'Afrique cynique et désenchanté, qu'il a connu avec ses croyances et ses histoires d'ethnie. Dans les deux dernière nous sommes à New York, la musique de Coltrane et la moiteur de la ville est au rendez-vous. J'ai personnellement trouvé ces deux dernières nouvelles magnifiques. Extrait de la dernière nouvelle A love suprême en référence à un morceau de Coltrane justement l'ami d'Emmanuel Dongala, un très bel hommage, Sublime . Un auteur à découvrir ... J'adore son style d'écriture je m'en lasse pas surtout ce dernier plaisir de relire ses nouvelles.
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Joli recueil de nouvelles marquées par les contradictions africaines, dans un Congo des années 70 qui se voudrait résolument moderne mais en proie à ses croyances et à ses traditions que les hommes au pouvoir veulent à tout prix chasser pour asseoir encore plus leur légitimité.
Mais la population, souvent illettrée et dont la plupart n'ont jamais quitté leur village, a bien du mal à échanger le culte des ancêtres contre celui de Marx ou de Mao.
La dernière nouvelle, elle nous emmène dans le New-York des années 50-60 à la rencontre du légendaire John Coltrane exceptionnel saxophoniste de jazz.
Alors je ne peux que vous donner ce conseil : écoutez un bon morceau de jazz, et pourquoi pas le sublime Alabama de Coltrane, et partez à la découverte des textes d'Emmanuel Dongala.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Jazz et vin de palme. Le vin de palme les mettait dans un état très réceptif (résultats des études faites aux Laboratoires de Beaujolais en France) et ils adoraient en boire. La musique de John Coltrane les jetait dans un état catatonique d'abord, puis dans une sorte de nirvâna (Laboratoire de Katmandou au Népal), ce qui permettait ensuite à la musique cosmique de Sun Ra de les volatiliser (Laboratoire Wernher-Braun aux Etats-Unis en collaboration avec les laboratoires Gagarin de Moscou). A part cela, rien n'y faisait ! On ne pouvait plus les blesser, ni les transpercer, ni les brûler... Ils n'aimaient ni le whisky, ni l'eau, ni les femmes. Rien ! Jazz et vin de palme !
Des millions de disques de John Coltrane furent gravés en secret. Jamais l'agriculture tropicale et l'industrie du vin de palme ne connurent un tel essor et jamais le monde n'eut besoin de tant de pédologues et d'agronomes. On traitait partout Sun Ra en roi et jamais son orchestre solaire n'eut tant de travail.
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- A notre santé et à nos retrouvailles, mon cher Kali, dis-je, en levant mon verre.
- Et pour les ancêtres aussi, répondit-il, en versant par terre quelques gouttes de son vin.
J'ai d’abord pensé qu'il continuait à se moquer de ces théoriciens du mythe de l'authenticité contre lesquels il avait, en bon progressiste, milité toute sa vie. Et pourtant il y avait dans son geste quelque chose de plus, d’authentique, presque un acte de foi. Cela me surprit fort mais je ne m'y attardai pas. Nous bûmes alors, moi ma bière, lui son vin, ce mauvais vin rouge que la France nous envoyait lorsqu'elle nettoyait le fond de ses caves et cuves ;
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Harmoniques incessamment reprises presque simultanément sur divers tons, comme s'il jouait deux, trois saxophones sur des octaves parallèles ! La ferveur monta, monta, devint si intense, si captivante qu'on ne distinguait plus les mouvements de ses doigts tant ils montaient et descendaient les gammes de son instrument à une vitesse que l'on aurait cru plus rapide que la lumière ; cette ferveur transforma l'homme et la musique confondus dans un tourbillon de son à l'état pur : une nébuleuse qui éclate dans l'univers, hors du temps des horloges des hommes, dans un univers où toutes choses sont passionnées et brûlantes, où tout n'est qu'essence, une étoile qui éclate donnant mille petits feux, mille petits soleils. Nous n'existions plus ; nous aussi, nous faisions le voyage avec le Maître, le sorcier ; grande fête païenne, festin dionysiaque, enfer et damnation, soufre et sel, l'amour, le salut. Le Maître nous avait atteints et transpercés. Nous baignions dans un monde d'amour suprême sublimé. « A love supreme », criait-il.
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Il commença à parler en disant qu'il fallait combattre le tribalisme. Ça me faisait bien rigoler parce que tous les trois, le secrétaire général du syndicat, le nouveau directeur et le président de la République venaient tous de la même région du pays. Et je ne suis pas sûr qu'aujourd'hui je ne serais pas directeur de cette usine avec trois cent mille balles en poche si j'avais été originaire du même coin qu'eux. Oh, attention, ce n'est pas une attaque, il est normal que la direction du pays soit dominée par les gens de la région et de l'ethnie du président car, comme dans un jardin, certains coins donnent de meilleurs légumes et fruits que d'autres.
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Les États-Unis proposèrent ce qu'ils appelaient "saturation bombing", le système de tapis de bombes qu'ils avaient essayé en Allemagne, en particulier à Dresde, et perfectionné au Vietnam (...). Les Russes, au contraire, étaient pour la bonne vieille méthode d'une intervention massive de chars et de véhicules blindés qui avait si bien réussie en Hongrie, en Tchécoslovaquie et en Afghanistan. La Chine, vu la gravité de la situation, proposait de faire déferler dans le Cuvelle congolaise des millions d'hommes ; on pouvait en tuer quelques millions, il en resterait toujours assez pour vaincre les envahisseurs qui après tout n'étaient que des tigres de papier. Cuba, appuyé par le Vietnam et la Corée du Nord, proposa d'employer la méthode de la guérilla : si l'envahisseur avance, nous reculons, s'il recule, nous avançons, ainsi nous jugerons de ses forces et de ses faiblesses. L'Afrique du Sud, elle, proposa tout simplement de construire des barbelés, une sorte de ligne Verwoerd autour du lieu de contamination et suggéra de placer le long de cette ligne des soldats de pure race (...). Ils continuaient à venir par dizaine de milliers. (...) Le délégué soviétique accusa les États-Unis de n'avoir rien fait pour prévenir l'invasion et affirma qu'il ne serait pas le moins du monde étonné s'il apprenait que ces derniers étaient derrière tout cela (...). Le délégué américain riposta (...). De toute façon, il était de notoriété publique que les Russes ne cherchaient qu'à saborder le travail de l'ONU.
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Quel est le plus beau livre consacré aux femmes africaines ? Une pépite.
« Photo de groupe au bord du fleuve », d'Emmanuel Dongala, c'est à lire en poche chez Babel.
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