AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782268062174
456 pages
Les Editions du Rocher (22/03/2007)
4.21/5   131 notes
Résumé :
Il a seize ans, il aime les films américains et les filles. Il se sent puissant et se croit invincible grâce à la mitraillette qu'il a entre les mains. Johnny Chien Méchant, sans avoir les moyens de réfléchir, se place du côté des vainqueurs ; il vole, viole et tue avec une cruauté dont il n'est même plus conscient.

Laokolé a seize ans, elle aussi. Elle aime les mathématiques qui ordonnent le monde et rêve de devenir ingénieur. Ce matin, elle insta... >Voir plus
Que lire après Johnny chien méchantVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
4,21

sur 131 notes
5
11 avis
4
10 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Dans un pays d'Afrique centrale, qui pourrait bien être le Congo Brazzaville, un coup d'État comme il est fréquent que cela arrive.
Deux personnages qui ne se connaissent pas, mais dont les récits alternent : l'un, Johnny, attention, c'est un intellectuel, il le dit et le répète : il a niveau CM1, lui, et il utilise son cerveau, l'autre, une jeune fille avec sa mère qui a perdu les deux jambes, après mise à feu de sa maison et mort de son mari. Laokolé la trimballe en brouette, elles fuient. (Petit bémol dès le début : Dongala page 10 et page 19 redit la même chose : elle garde son argent avec la photographie de ses parents dans un étui sur son ventre, et pour tromper l'ennemi elle arbore un sac en bandoulière. Plus étrange, elle découvre à la fin du roman cette photo dont elle a oublié l'existence !)
Ces bémols mis à part, l'analyse des méfaits des bandes de jeunes qui s'accordent autour d'un soi-disant chef pour piller et tuer, racontés à la première personne par Johnny dit Lufua Liwa, puis changeant de nom pour asseoir son pouvoir serait drôle s'il n'était pas dramatique.
On sait que beaucoup de « révolutions » sont faites par des adolescents, avec pour preuve le Cambodge, ou ces petits enrôlés dans le roman d'Ahmadou Kourouma : « Allah n'est pas obligé ». Ce sont eux, les « vaillants combattants de la liberté qui se sont battus comme des lions et comme des buffles », eux qui se montent la tête, qui violent (par amour, hein !) sauf le général Giap, nous dit Johnny : son piston était mort, et comme il ne peut plus pomper les femmes, il leur frotte du piment fort dans les yeux.
Il est jeune, ce Johnny, il se veut invincible et il décide de ne pas obéir aux ordres quand c'est de lustrer les bottes du chef. Mais son intelligence prend le dessus, puisqu'il comprend tout, et il voit une raison supérieure de se plier.
Retrait stratégique, digne d'un combattant hors-pair.
Comme nous sommes en pleine révolution, bien que personne ne sache qui a eu raison, qui sont vraiment les rebelles (eux-mêmes croient lutter sans savoir s'ils représentent déjà l'autorité, qui représente l'armée régulière et qui les miliciens), les gens fuient, se bousculent, se volent, s'écrasent au passage.

Panique, chaos.

Le HCR est là, comme il a été là dans d'autres pays, la Bosnie, le Kosovo.
Il s'agit d'ouvrir les portes aux réfugiés, puis de les lâcher dans la nature quand les hélicoptères arrivent. Les Blancs, les femmes des Blancs, les enfants des Blancs doivent courir avec leur passeport, vers de grands camions militaires.
Un cri déchirant fait s'arrêter le convoi vers l'hélico : Mon bébé, j'ai laissé mon bébé.
L'humanité étant ce qu'elle est, le monde s'arrête, elle revient chercher le fameux bébé : un petit caniche tout frisé, c'est déchirant ces retrouvailles.
Emmanuel Dongala ne s'arrête pas là : nous avons droit aux commentaires du HCR : « Nous avons sauvé toutes personnes qui en avaient besoin ».
« Nous ne devons pas laisser se poursuivre ce scandale ni laisser les marchands d'armes continuer à s'engraisser sur le sang des Africains » affirme un responsable. Et lorsqu'on lui demande pourquoi ils ont refusé d'embarquer des Africains qui ont travaillé longtemps avec les ambassades européennes et dont les vies étaient menacées, la réponse fuse : « Nous sommes des militaires et ce sont les hommes politiques qui décident.
Ce n'est pas nous qui avons demandé à ces gens de s'entretuer. »





Commenter  J’apprécie          474
Quelle lecture éprouvante... de par les thèmes abordés: la guerre civile dans le Congo de l'auteur...raconté à travers le récit alterné des deux bords: celui du bourreau, et celui de la victime. Représentés par deux adolescents de seize ans:

Johnny chien méchant, enfant-soldat, se sent puissant grâce à la mitraillette qu'il a entre les mains. Imbu de lui-même, vaniteux, il s'est mis d'emblée, et sans réfléchir du côté des vainqueurs...

Il fait le mal, fait actes de barbarie dans un état d'inconscience, de banalisation terrifiants !

De l'autre, son opposé, Laokolé, a seize ans, également. Elle aime les mathématiques, adorait aider son père (tué par les milices armées)à faire de la maçonnerie, construire des murs, etc. Elle rêve de devenir ingénieur. Elle se retrouve seule à défendre et protéger sa mère handicapée, mutilée
( par les mêmes milices qui terrorisent la population) , son petit frère, Fofo dans un sauve-qui-peut général !

En dépit de son courage, de son amour pour eux, elle les perdra tous deux... Cela ne l'empêchera pas de protéger plus faible qu'elle..dans sa fuite désespérée...
Un très beau portrait d'adolescente,rendue plus mature par la violence des évènements...

Nous passons alternativement, de la voix de "Johnny chien méchant" à celui de Laokolé...pour narrer la sauvagerie de cette guerre civile, où sévissent la cupidité, la barbarie des "nouveaux maîtres", qui affament, tuent, violent leurs propres compatriotes... au nom d'une dite nouvelle démocratie !!!

J'ai découvert il y a quelques mois, et avec un immense enthousiasme cet écrivain, avec un texte également très dur mais plus lumineux, "Photo de groupe au bord du fleuve". Les deux romans donnent un regard acéré, lucide sur un Congo ravagé par la guerre civile, la corruption généralisée
des gouvernants, la condition aberrante, inhumaine faite aux femmes et aux plus faibles[ dans ces années 1997 de guerre interne]


Dans ce roman très réaliste, il est aussi beaucoup question, à travers les angoisses de Laokolé [l'adolescente] du pourquoi de la présence persistante, gratuite, spontanée, de la bonté, de l'empathie, du bien que l'on fait à autrui, et cela même, au coeur de la barbarie la plus innommable.

Comme le quatrième de couverture l'exprime très justement: "Empathique et cruellement réaliste, Emmanuel Dongala rend hommage au fol espoir des innocents et à la ténacité des faibles"

Deux extraits que j'ai particulièrement choisis, très explicites...

"Trois femmes dans un camp d'Afrique centrale, qui essayaient d'aider l'humanité; trois forces fragiles qui refusaient de baisser les bras devant l'indifférence du monde.
Pourquoi faisaient-elles cela ? Pourquoi venir risquer leurs vies dans un pays où les gens étaient assez stupides pour ne rien trouver de mieux à faire que de s'entretuer pour le pouvoir et empêcher leurs enfants d'aller à l'école ? (...)
Qu'est-ce qui faisait que malgré la cruauté dont les humains étaient capables, il y en avait qui se sacrifiaient pour en aider d'autres ? Autrement dit, vu tout le mal que les êtres humains s'ingéniaient à réaliser, le bien ne devait plus exister, et pourtant il existe . Pourquoi ?" (p. 186)


"Comment expliquer que je me souvienne en détail de toutes les scènes de cruauté dont j'avais été témoin, même témoin éloigné, alors que rien ne me restait d'un acte d'humanité qui me touchait directement ? Est-ce à dire que le mal laissait plus de traces dans nos mémoires que le bien ? "(p. 163)

J'ai en tête de lire son dernier texte, qui semble différent, même si le contexte social reste toujours prégnant dans l'histoire racontée. Je souhaitais nommer, "La Sonate à Bridgewater"... qui reste une perspective de "bonheur de lecture"... La plume et le ton de Emmanuel Dongala,
me touchant infiniment !

Commenter  J’apprécie          413
Chien méchant n'est pas qu'un personnage de roman, ni mythique, mais il fut un vrai guerrier fabriqué par la guerre de 1997 qui a sévi le Congo.
La violence de sa nature et sa témérité l'ont rendu célèbre bien évidemment sous le nom de son sobriquet de guerrier chien méchant.

Aussi méchant que le chien, les actes morbides de ce guerrier ont été portés tellement haut par les rumeurs qu'ils ont semblé faire partis d'un mythe...et que même sa mort miraculeusement mystérieux a parcouru les oreilles Brazzavilloises sous diverses versions ...

Enfin, nous en sommes encore à la période de guerre avec Johnny chien Méchant d'Emmanuel Dongala où notre héros est un enfant soldat, un adolescent à qui l'arme a fait connaitre le plaisir d'accéder à un pouvoir notamment celui de décider de la vie ou de la mort de ceux qui croisent sa route et pour mieux faire répandre ou asseoir son pouvoir il se fait appelé par Chien Méchant, car, il des années plutôt, à Brazzaville, personne n'osait franchir un portail où il y avait l'inscription "Attention, interdit d'entrer, ici chien méchant" ...

Une fois de plus Dongala aborde un sujet assez osé comme dans Photo de groupe au bord du fleuve bien que je reconnais que celui-ci est le premier à être publié. Un sujet glissant au la liberté d'expression n'a pas encore fait long chemin dans la plupart des ^pays africains.

Le livre nous décrit deux univers, deux mondes ou deux façons d'aborder les problèmes de la guerre. Deux narrateurs ayant deux objectifs différents dans la situation telle qu'elle se présente. Nous suivons simultanément deux récits opposés qui nous permet d'avoir deux regards sur la guerre: le premier est celui de l'oppresseur et le deuxième est celui de la victime.

D'un côté, Johnny le guerrier nous parle de sa mission pendant la guerre, de ses ambitions de devenir chef de groupe, prouver par là de sa volonté d'être un bon guerrier capable de conduire la guerre comme il se doit jusqu'à la victoire. Ensuite Il veut émerger, se rapprocher du grand chef...

Et de l'autre côté Laokolé une adolescente fuis la guerre avec sa mère qui est privée de ses deux jambes. La fille est obligée de la transporter dans une brouette, elle doit en même temps veiller à la sécurité de son petit frère...

C'est un livre très violent où les scènes, bien qu'elles fassent partie des faits réels, sont trop crues, épouvantables...

J'ai aimé le style, cette force d'imagination qui a su prendre corps sur une réalité très poignante!
Commenter  J’apprécie          281
La guerre à travers le destin tragique de deux adolescents. L'une fuit les combats avec sa mère handicapée et son jeune frère ; l'autre intègre un groupe de miliciens et devient tueur pour ne pas être tué. Deux parcours opposés où la violence de l'un n'aura d'égal que la grandeur de l'autre.

Chaque chapitre, dédié à chacun des deux protagonistes est en réalité le reflet de l'absurdité de cette guerre où les ennemis se renouvellent tous les jours. Brefs moments de répit et exactions, peurs et espérances se succèdent à un rythme effréné, et ce, sous la plume juste et imagée d'Emmanuel Dongala.

Ainsi, on referme ce livre, avec la désagréable impression d'avoir été le témoin impuissant d'une énième catastrophe universelle.
Déroutant, émouvant, nécessaire.
Commenter  J’apprécie          250
Johnny chien méchant retrace le quotidien en alternance des deux personnages principaux de ce roman : Johnny, enfant soldat d'une part et Laokole, jeune fille en fuite dans son pays en guerre.
L'une des forces du livre est l'alternance entre chapitres évoquant le bourreau et la victime. Récit assez court, mais d'une telle force!
Sans doute l'un des livres qui m'a le plus marquée et impressionnée, tant le sujet est dur et les descriptions réalistes et précises. Certaines scènes sont à la limite de l'insoutenable et on souffre avec Laokole notamment par tant de haine et d'inhumanité.
C'est un roman certes mais qui m'a semblé être très proche de la vérité et du vécu de trop nombreux enfants et adolescents vivant dans des pays en guerre où ils sont enrôlés.
A lire absolument, mais plutôt lorsque l'on est dans un contexte positif.
Commenter  J’apprécie          214

Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
L'air frais m'a donné un coup de fouet. Et j'ai ressenti une joie m'envahir. Joie d'être vivante. Joie d'avoir survécu. Joie de continuer à vivre. L'air frais a aussi ravivé l'enfant, puisqu'elle s'est mise à pleurer. C'était bien ainsi car un enfant qui pleure est un enfant qui vit. Et je me suis souvenue que ma petite fille n'avait pas de nom. Or toute existence dans l'univers commençait par un nom. J'ai plongé ma mémoire dans le riche patrimoine de la langue de mon grand-père et j'en suis revenue avec le mot le plus pur de la tribu, le mot le plus beau reflétant parfaitement ce moment : kiessé ! la joie ! Mon enfant, je te nomme kiessé ! Et j'ai regardé vers le ciel: elles étaient là, diamants brillants, couronnant nos têtes . Que ferions-nous sans les étoiles ? (p. 376-377)
Commenter  J’apprécie          130
J'ai donc demandé à mon cerveau de se taire. De faire autre chose. Lire par exemple. Lire un livre sous les sifflements de roquettes comme on lit un roman avec de la musique en arrière-fond. Un livre peut vous faire oublier la mort. Cette pensée m'a fait sourire. (p. 259)
Commenter  J’apprécie          230
Comment expliquer que je me souvienne en détail de toutes les scènes de cruauté dont j'avais été témoin, même témoin éloigné, alors que rien ne me restait d'un acte d'humanité qui me touchait directement ? Est-ce à dire que le mal laissait plus de traces dans nos mémoires que le bien ? (p. 163)
Commenter  J’apprécie          170
Maman m'avait souvent dit, quand elle revenait fatiguée d'avoir vendu au marché toute la journée, qu'elle se sentait instantanément détendue, relax, dès qu'elle franchissait la porte de notre maison, car les murs d'une maison délimitaient un espace de paix, de sécurité et de sérénité. Ce qu'elle ne savait pas c'est qu'à l'inverse, un mur pouvait aussi être une barrière. (p. 129)
Commenter  J’apprécie          110
Souvent, par un phénomène bizarre, quand les gens avaient trop peur, ils n'avaient plus peur et pouvaient agir avec une audace que même les gens les plus téméraires jugeraient suicidaire. (p. 99)
Commenter  J’apprécie          211

Videos de Emmanuel Dongala (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Emmanuel Dongala
Retrouvez les derniers épisodes de la cinquième saison de la P'tite Librairie sur la plateforme france.tv : https://www.france.tv/france-5/la-p-tite-librairie/
N'oubliez pas de vous abonner et d'activer les notifications pour ne rater aucune des vidéos de la P'tite Librairie.
Quel est le plus beau livre consacré aux femmes africaines ? Une pépite.
« Photo de groupe au bord du fleuve », d'Emmanuel Dongala, c'est à lire en poche chez Babel.
autres livres classés : enfants soldatsVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (326) Voir plus



Quiz Voir plus

L'Afrique dans la littérature

Dans quel pays d'Afrique se passe une aventure de Tintin ?

Le Congo
Le Mozambique
Le Kenya
La Mauritanie

10 questions
289 lecteurs ont répondu
Thèmes : afriqueCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..