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EAN : 9782842612917
324 pages
Le Serpent à plumes (31/10/2001)
4.08/5   72 notes
Résumé :
Véritable saga au cœur de la colonisation, Le Feu des origines se propage de la brousse à la ville, sur les traces d'un héros en révolte, Mandala Mankunku De sa naissance merveilleuse à ses dernières années, la vie de Mandala raconte l'histoire de son pays, le Congo, et de son continent, l'Afrique. La sanglante construction du chemin de fer congolais, la mise en coupe du pays, et jusqu'à l'utilisation massive des hommes lors de la guerre de 1940, où le Tchad, le Cam... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Le feu des origines, c'est l'histoire d'un homme (Mandala Mankunku), d'un pays (le Congo), d'un continent (l'Afrique) et d'événements historiques et mondiaux (la colonisation, la guerre…).

Le personnage principal est aussi curieux que mystérieux. En effet, Mandala Mankunku qui est déjà bon guerrier et bon forgeron, voudra atteindre la perfection dans tous les domaines de la connaissance. Il enchaînera donc des métiers et des expériences très variées comme esclave révolté, médecin, politicien et conducteur de train. Il voudra toujours en savoir plus, de sa naissance jusqu'à son dernier souffle. Mandala Mankunku ou « celui qui détruit » va aller jusqu'à défier les éléments et le temps. Il va partir en quête de son passé, pour tenter de comprendre le mystère de sa naissance et de ses yeux. Il n'hésitera pas à combattre sa propre famille et les colons qui viennent d'arriver dans son village et sur ses terres pour trouver le feu des origines. Plus fasciné qu'apeuré par les étrangers, il tentera de comprendre la civilisation des colons et même de l'améliorer. de la campagne à la ville, les lieux, le progrès technique, l'histoire et la vie défilent à toute vitesse dans cet ouvrage qui semble être à la fois un documentaire, un témoignage et une sorte de conte africain. Dongala nous donne une leçon de vie et d'histoire de manière rapide, synthétique et efficace. Les 325 pages du roman se lisent étonnamment vite pour ensuite ralentir et aboutir à une fin poétique.



Dix bonnes raisons de lire l'ouvrage

1- Amusant, émouvant, passionnant et didactique, ce livre ne se lit pas comme un cours d'histoire mais en a les effets. Si vous voulez apprendre et enrichir votre culture générale sur un continent dont on parle peu tout en vous détendant…, ce livre est fait pour vous.

2- Si le contenu et la symbolique de l'ouvrage est richissime, le roman se lit rapidement et n'est pas excessivement cher. En une matinée de lecture et pour seulement 10 euros vous visiterez l'Afrique… Ça vaut le coup, non ?

3- Ce roman dégage une sorte de magie africaine indescriptible qui vous plongera au coeur d'un continent et de ses traditions. En l'espace d'une lecture, vous aller vous identifier à Mandala Mankunku et devenir africain. de colon, vous deviendrez colonisé, tout comme vous troquerez le statut de lecteur pour celui de héros.

4- le feu des origines évoque des valeurs humaines fortes et importantes sur lesquelles nous devrions constamment penser. En effet, le pays, la mémoire et la famille ont par exemple une place très importante dans le roman tout comme dans notre quotidien. Dongala nous rappelle qu'il faut surtout penser à l'essentiel.

5- On trouvera dans ce roman des chansons et du vocabulaire africain que l'on ne trouverait pas dans un roman ordinaire ou dans un cours d'histoire magistral. Cet ouvrage est unique, tout comme votre lecture sera une expérience unique.

6- C'est le genre de roman qu'on peut relire plusieurs fois sous différents angles de vue sans se lasser. (du point de vue de l'historien, d'un point de vue littéraire…).

7- L'auteur étant congolais d'origine, professeur de chimie, de littérature et écrivain, il a utilisé son vécu et sa culture pour rendre le roman le plus réaliste possible. On ne sait plus quand l'auteur invente et quand il décrit la réalité. le roman devient alors un jeu de devinettes dans lequel le lecteur prend plaisir à se perdre.

8- Structuré en 42 petits chapitres et de nombreuses subdivisions, le livre est un outil à la fois pédagogique et didactique. C'est en partie un cours organisé.

9- Les personnages comme l'oncle Bizenga et le vieux Lukeni, dont le caractère et le comportement sont forts, captivent facilement notre attention.

10- Si vous êtes un petit lecteur vous dévorerez tout de même ce livre entraîné par la curiosité naturelle qui est en vous. Tout le monde devrait découvrir la littérature africaine.
Fiche de Victor

http://littexpress.over-blog.net
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Je découvre Emmanuel Dongala dans ce livre que je qualifierai d'atypique et d'excellent.
Atypique par la ponctuation qui surprend parfois mais donne un rythme narratif très intéressant et immersif.
Excellent car l'histoire est plaisante et nous emmène avec Mandala Mankunku, cet homme qui veut comprendre le Monde et ses mystères, et qui déploiera d'incroyables talents sans jamais satisfaire sa soif de connaissance.
Et puis c'est l'arrivée des colonisateurs européens, sans pour autant que Monsieur Dongala ne stigmatise les uns ou les autres ; les Blancs débarquent avec leurs fusils, mais certains chefs de clans, comme Bizenga, s'en accomodent très bien...
L'auteur sait que la mal n'a pas de couleur ni de visage, et s'efforce de faire évoluer Mankunku à travers l'histoire de son pays, déchiré entre ses racines ancestrales et le monde moderne des nouvelles générations.
Un très bon livre.
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Dans une plantation de bananiers, loin des regards des habitants de ce petit village Congolais, mais sous les pouvoirs de tous les ancêtres enterrés dans cette luxuriante terre africaine, est né un petit garçon. De par sa naissance extraordinaire, on lui donna le nom d'un illustre ancêtre : Mandala Mankunku.
Ses yeux verts nyctalopes inspirent méfiance au sein du clan, n'est-ce pas le signe d'une malédiction ?
En grandissant, il ne peut se résoudre, comme l'exigent les règles du clan, à exercer le métier de son père. Avide de savoir et doté d'une fine intelligence, il oscille entre le respect des règles ancestrales et l'envie de bousculer cette petite société immuable qui ne répond pas à sa soif de connaissances.

Du petit village avec ses us et coutumes africaines, à la capitale où il va tenter de participer à l'évolution de son pays, Mankunku se heurte à la colonisation française, à la fin du monde des ancêtres, à l'arrivée d'un monde technocratique qui le dépasse.

Ce n'est pas un simple exposé d'une tranche d'histoire du Congo que nous livre ici l'auteur. C'est, à travers les interrogations pertinentes de Mankunku, une réflexion profonde sur le comment et le pourquoi du devenir de cette terre africaine.
Sur le chemin de l'Histoire de son pays, Emmanuel Dongala a réussi à me passionner tout au long de ma lecture.
J'ai été charmée par sa belle plume soutenue, au vocabulaire riche et instructif !
En posant les yeux sur les pas de Mandala Mankunku et de son peuple, j'ai découvert avec un intérêt grandissant la transformation inéluctable du Congo suite à sa colonisation.
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"En ce temps-là, la semaine n'avait que quatre jours, l'année comptait ainsi beaucoup plus de semaines et les gens vivaient donc plus longtemps sur la Terre. L'enfant survécut à deux semaines, à trois, puis à quatre. On attendit trois lunes entières. L'enfant se mit à babiller, à gazouiller. Il devint beau et fort comme les hommes de la lignée de sa mère. Ce n'est qu'alors qu'il fut considéré comme une vraie personne, une créature indépendante qui méritait un nom bien à elle pour la distinguer du reste de la Création. Compte tenu de sa naissance extraordinaire, on lui trouva un nom prestigieux, le nom d'un de ces ancêtres dont les hauts faits se perdaient dans la nuit de l'histoire de son peuple. Toute la famille se réunit et le vieux Nimi A Lukeni, mémoire de la nation, le présenta aux ancêtres : “... Ainsi, à partir d'aujourd'hui, tu seras un homme appelé à vivre, tu auras un nom à toi, celui de Mankunku, celui qui défie les puissants et les fait tomber comme les feuilles tombent des arbres. Que l'esprit du grand ancêtre accepte, avec le vin de palme que je crache aux vents et les feuilles de kimbazia que je mâche et crache devant tous, de veiller sur toi. Tâche de devenir fort comme lui et de ne craindre personne, pas même les puissants. Sois digne de la lignée de ta mère.

Et le vent répondit en acceptant le vin, il le porta en gouttelettes fines dans les quatre directions, monta, baisa la face du ciel en effleurant le Soleil avant de retomber sur la mère et le père, grand forgeron. Et l'esprit de l'ancêtre accepta l'enfant en arrêtant définitivement la douleur qui n'avait cessé de mordre le bas-ventre de la mère depuis la naissance du garçon. On l'appela donc Mandala Mankunku."

Ces lignes p 18/19 relatent l'officialisation de la naissance du héros de ce roman. Ce n'est pas pour autant l'heure de son intégration car la découverte de ses yeux verts conduit à son ostracisme, "des yeux glauques, vert-de-palme, phosphorescents la nuit, [...] des yeux verts de fauve nyctalope, des yeux de sorcier malfaisant voyageant la nuit avec les chouettes et les hiboux", "C'est à cette époque-là que l'enfant reçut le nom de Mambou, enfant-de-la-discorde."

D'autres dénominations s'ajoutent au fil de l'histoire (Maximilien Massini Mupepe) de ce garçon "né sans naissance, sans origine donc sans fin" (p 324/325) et son histoire épouse celle de son pays : la colonisation, l'exploitation, la construction des chemins de fer congolais, la révolte, l'exode vers les villes, la fin de la colonisation, le départ vers l'Europe jusqu'à ce qu'il découvre "ce qu'il avait cherché pendant toute sa vie : retrouver, comme au premier matin du monde, l'éclat primitif du feu des origines."

En 2002, nous avons étudié en 2nde ce roman publié en 1987 chez Albin Michel pour en 2001 au Serpent à Plumes. C'était l'année où Emmanuel Dongala, professeur de chimie et de littérature aux États-Unis venait à Paris faire la promotion de son dernier livre Johnny Chien méchant ce qui nous a permis de le faire venir au lycée pour une rencontre mémorable. Alors que je m'apprête à me débarrasser de mes vieux dossiers, il fallait bien que j'en garde une trace !
Lien : http://www.lirelire.net/2020..
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De la naissance de Mandala Mankunku dans la forêt, à sa mort dans cette même forêt, le roman nous invite à découvrir la vie d'un homme et tout autant celle de son pays, le Congo.

L'enfance de Mandala se déroule dans une Afrique ancienne, où le culte des ancêtres et le respect des traditions prennent toute la place, positionnant chaque individu à une place définie dont il ne peut quasiment pas bouger. Mandala va chercher, lui, à faire vaciller ces lignes, frontières invisibles qui cloisonnent le clan. Il va remettre en cause certains principes et surtout chercher à comprendre le pourquoi ... Autant dire que ces relations avec ceux du village ne sont pas lisses.

Et puis les Blancs vont arriver, violences, massacres, viols, exploitation des hommes noirs, rien ne sera épargné aux habitants du pays. Mandala va suivre le mouvement, s'impliquer dans ce changement pour comprendre d'où vient le pouvoir de l'homme blanc.

La guerre emportera les dernières illusions des Congolais. La paix leur ramène peu d'hommes, en mauvais état et qui racontent l'envers du pays des Blancs. le temps de l'indépendance est venue même si les Blancs ne le savent pas encore.

Tout au long de cette colonisation et décolonisation, Mandala cherche à comprendre et à trouver sa place et à réunir ce qu'il sait "d'avant" à ce qu'il sait de "maintenant" , il veut trouver un sens, une dimension qui explique le monde . La quête de Mandala, parallèle à l'histoire du pays est profondément touchante et juste. C'est un bien beau personnage que Mandala Mankunku!

Le roman quant à lui, est à mon avis une pure réussite. Sans affadir les monstruosités de la colonisation, un questionnement est posé sur la place et les choix faits ou non par les Congolais, les sortant du rôle passif de victime. le charme de l'Afrique est dans la langue utilisée, dans la magie qui affleure, dans le lien aux éléments naturels.

Un très très beau roman !
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
voyageur, si un jour tu prends le chemin de fer qui mène du grand fleuve à l'Océan, écoute attentivement le claquement des roues sur les rails car chacun d'eux, chaque tac-tac, dénombre un mort ; alors pense un peu à tous ces hommes ensevelis dans ces montagnes où tu passes et rappelle-toi qu'ici il y a un mort pour chaque traverse. Cela aidera peut-être leur âme à dormir en paix
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Evidemment, pendant ce temps, il négligeait ce qu'on attendait de lui dans une société où chaque individu a son rôle ; de ce fait, il s'était mis lui-même hors des normes ancestrales du clan. On ne le vit plus ni à la forge de son père ni à la chasse. Personne ne sut que penser de cette conduite sans précédent qui risquait d'introduire un point faible dans la maille du clan. (p. 35)
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En ce temps-là, la semaine n’avait que quatre jours, l’année comptait ainsi beaucoup plus de semaines et les gens vivaient donc plus longtemps sur la Terre. L’enfant survécut à deux semaines, à trois, puis à quatre. On attendit trois lunes entières. L’enfant se mit à babiller, à gazouiller. Il devint beau et fort comme les hommes de la lignée de sa mère. Ce n’est qu’alors qu’il fut considéré comme une vraie personne, une créature indépendante qui méritait un nom bien à elle pour la distinguer du reste de la Création. Compte tenu de sa naissance extraordinaire, on lui trouva un nom prestigieux, le nom d’un de ces ancêtres dont les hauts faits se perdaient dans la nuit de l’histoire de son peuple. Toute la famille se réunit et le vieux Nimi A Lukeni, mémoire de la nation, le présenta aux ancêtres : “... Ainsi, à partir d’aujourd’hui, tu seras un homme appelé à vivre, tu auras un nom à toi, celui de Mankunku, celui qui défie les puissants et les fait tomber comme les feuilles tombent des arbres. Que l’esprit du grand ancêtre accepte, avec le vin de palme que je crache aux vents et les feuilles de kimbazia que je mâche et crache devant tous, de veiller sur toi. Tâche de devenir fort comme lui et de ne craindre personne, pas même les puissants. Sois digne de la lignée de ta mère.

Et le vent répondit en acceptant le vin, il le porta en gouttelettes fines dans les quatre directions, monta, baisa la face du ciel en effleurant le Soleil avant de retomber sur la mère et le père, grand forgeron. Et l’esprit de l’ancêtre accepta l’enfant en arrêtant définitivement la douleur qui n’avait cessé de mordre le bas-ventre de la mère depuis la naissance du garçon. On l’appela donc Mandala Mankunku.
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D'ailleurs la cause était entendue dès le moment où le vieux Lukeni avait dit : " Il était parti, il est revenu. Il faut souvent partir pour mieux revenir " (p. 55 / Collection Babel, mai 2018)
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(...) il y avait une reine, des soldats, des ouvrières, des esclaves... Chaque fourmi connaissait sa place, sa fonction ; ainsi la société tournait, équilibrée, et chacune se sentait indispensable car la défaillance de l'une brisait la chaîne de solidarité. Mais toi, je ne sais pas qui tu es et c'est la première fois que je n'arrive pas à mettre quelqu'un à sa place dans notre société. (Babel, mai 2018, p. 34)
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« Photo de groupe au bord du fleuve », d'Emmanuel Dongala, c'est à lire en poche chez Babel.
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