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Critique de Montahagharib



 
Lecture de Montaha Gharib

« Un été immobile »,
le titre alléchant et intrigant du deuxième roman du poète et romancier Claude Donnay clignote devant mes yeux sur Facebook.
Je guettais son apparition depuis la lecture de son premier roman “La route des cendres” qui m'avait sidérée et ce n'était pas une surprise pour moi qu'il ait été bien accueilli par la critique et finaliste du prix Saga Café.
Le roman commandé, l'attente est interminable. Entretemps, les critiques ont commencé à fuser sur Facebook. Je les ai toutes lues et j'ai vu aussi une interview du romancier sur une chaîne de télévision locale.  Partout, l'éloge de ce nouveau roman qui, dit-on, diffère beaucoup du premier.
Je n'exagère donc pas si je vous dis que j'ai reçu le roman avec la joie d'un enfant qui attend son cadeau du père Noël.  Et mon plaisir a grandi encore quand j'ai vu l'épaisseur du livre (296 pages), j'allais bien me régaler! J'ai mis de côté tout ce que j'avais entre les mains, fermé les yeux aux corvées quotidiennes, et dès que l'occasion se présentait, je m'enfermais dans mon coin préféré avec mon trésor à la main...

Dès le début, le roman annonce un style épatant propre à Claude Donnay : « au bord d'une mer qui n'est pas une mer, juste un doigt d'océan pointé vers le nord ». 
Je trouve quelque chose de fascinant dans l'écriture de ce romancier belge...
La curiosité du lecteur commence dès la première page avec l'apparition des deux personnages principaux : Amelle « enserrée » « dans un triangle parfait ciel-mer-sable », épousant le paysage et Noël, qui a déjà depuis deux semaines « développé une addiction à un bonnet, à un maillot, à une femme qui se baigne... », mais qui se contente d'observer de loin cette naïade.....
Je ne vais pas raconter les événements qui s'enchaînent d'une manière bien structurée, logique et très attrayante, à vous couper le souffle, puisque beaucoup l'ont déjà fait avant moi...  Il s'agit d'une histoire d'amour, et puisque le romancier est Claude Donnay, on peut s'attendre à une histoire d'amour hors normes, car on ne peut rien prévoir avec lui et sûrement rien de banal et de répétitif.  Chaque chapitre nous apporte quelque chose de nouveau, impossible de s'ennuyer ou de survoler des pages.  Au contraire, on ne sait sur quoi se concentrer ? Sur les événements où sur la beauté du style? Même ceux qui ne savent pas que Claude Donnay est l'auteur d'une vingtaine de recueils,  vont humer la poésie dans son écriture! Quel talent de conteur! Quel talent de poète! Tout chez lui épouse les contours et les indécisions de la pensée, les troubles du coeur et exprime bien les nuances des sentiments : vocabulaire, images, syntaxe, rythme...  S'il m'arrive parfois de parcourir des pages rapidement pour apaiser ma curiosité de lectrice, je ne peux que reprendre à nouveau ma lecture minutieusement pour savourer, déguster, goûter, me délecter, me régaler de la beauté de cette écriture.  Comment rester insensible devant de telles images : « irradier une lumière patinée par le temps, par les caresses des mains de la vie... »
« Une éruption de joie qui traverse la pièce ruisselle sur le balcon, et s'abat sur le trottoir comme une cascade folle »
« Rêveur impénitent dont les silences parlent plus qu'un concert de goélands... »
Sans exagération,  je pourrais citer tout le livre.  Où que tu ouvres le roman, tu trouves des tableaux, un orchestre à lui tout seul…
On suit donc, haletant, ces amoureux jusqu'à la fin, jamais sûr de ce qui va arriver.  Noël succombera-t-il  au charme de Mireille la bibliothécaire-cuisinière « aussi appétissante que les menus qu'elle lui concocte? »
Le diabolique Docteur Elie va-t-il céder à Noël « Son objet de fascination » ?
Tout ce qu'on sait c'est qu'on se sent emporté avec ces personnages, où qu'ils aillent, et on arrive à les trouver sympathiques à la fin,  même le pervers, l'obsédé sexuel Docteur Elie, même les parents injustes d'Amelle, bourgeois ingrats,  on les suit tout le long du roman, on connaît leurs moindres ressentiments, leurs hésitations, leurs sensations, leurs états d'âme...
Claude Donnay ne nous relate pas seulement l'histoire d'un amour insolite et difficile, il ne ménage pas une certaine bourgeoisie belge, qui veut à tout prix sauver les apparences, même aux dépends d'une petite fille innocente, et quand il est question d'amour, on ne peut omettre l'érotisme, la sensualité qui se dégagent de certaines pages, sans jamais tomber dans la trivialité.
Comme le premier roman, « Un été immobile » nous laisse sur notre faim.  On quitte Noël tristement en train « de scruter l'horizon les doigts croisés au fond des poches, pour susciter encore un sourire au destin ».
Je ne peux pas dire que j'ai lu ce roman d'une traite, ça ne se fait pas avec les romans de Claude Donnay je l'ai dit et je le répète encore et encore, on s'arrête longtemps pour se réjouir de la beauté du style et on aime prolonger la lecture, car quand c'est terminé, on va se sentir comme amputé d'un être cher, un être qui a rempli notre vie. Et il ne subsiste que la sensation du vide après la lecture, et il faudra attendre longtemps, très longtemps pour apprivoiser un autre roman aussi fascinant, fond et forme…
 
Montaha Gharib
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