Diverses connotations sont rattachées au mot "hermétique". On peut l'employer dans un sens vague et très général, à propos de toutes sortes de pratiques occultes; on peut aussi l'employer dans une acception plus restreinte pour évoquer l'alchimie, considérée comme la science hermétique par excellence. Cet usage imprécis du mot a eu tendance à en obscurcir la signification historique - et c'est dans cette seule signification historique que je l'emploie ici. Je ne suis pas une occultiste, ni une alchimiste, ni une quelconque sorcière. je ne suis qu'un humble historienne, dont l'activité favorite est la lecture. Et à force de lectures et de lectures, j'ai été frappée par un phénomène sur lequel des chercheurs - en Italie, aux Etats-Unis, et autour de moi à l'Institut Warburg - ont attiré l'attention; la diffusion des textes hermétiques à la Renaissance.
Il serait peut-être éclairant de distinguer deux phases dans la révolution scientifique; la première correspondant à un univers animiste sur lequel on agit par des opérations magiques, la seconde à un univers mathématique, sur lequel on agit par des procédés mécaniques. Enquêter sur ces deux phases, et sur leur interaction, constituerait peut-être une approche plus fructueuse des problèmes dont traite la science d'aujourd'hui que celle qui se concentre uniquement sur le triomphe du XVIIè siècle.