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Critique de Fleitour


Fiction ou réalité, le livre "Au clair de la lune" nous invite à oublier nos certitudes pour rentrer dans ce monde de l'imaginaire, celui des inventeurs.
Février 2008. à Université de Berkeley Californie.
Les deux chercheurs du laboratoire de Berkeley empruntent une antiquité le Phonautographe d'Édouard Scott de Martinville un français né le 25 avril 1817 à Paris.
Ils procèdent à quelques réglages, ils ont la satisfaction d'entendre une voix sortir du haut-parleur de l'ordinateur comme de la nuit des temps, c'est la voix de Scott qui chante au clair de la lune. P 268


Christopher Donner en restituant ce que l'homme a cherché à inventer au long du 19 ème siècle, après le siècle des lumières, éclaire d'un jour nouveau la place de la France dans l'émergence de nouveaux moyens de communication.

Dans l'un de ses romans Christopher Donner s'était offert ce titre, "à quoi jouent les hommes". Fallait-ils qu'ils soient français, pour illustrer de façon prémonitoire ce titre. En effet on ne parle pas d'industrie, mais de frivolité, de choses inutiles, et comme le disait mon propre père cela concerne les saltimbanques.

Comment se fait-il, que les frères Montgolfier dès 1783, imaginent puis réalisent le moyen de s'envoler ? Mais qu'on laisse cet inimaginable invention se dissoudre dans le temps, malgré la place croissante de l'aérien, c'est peut être inimaginable mais typiquement français.
Pourquoi Bonaparte était-il sujet au vertige ? Et pourquoi il n'a pas su ni voulu entrevoir, les perspectives que lui offrait cet imaginaire ?


Passant par dessus les frères Montgolfier, c'est d'abord Nicéphore Niepce dont on va suivre la surprenante histoire, qui grâce aux frasques d'un frère, se propulsera à Londres où par hasard, ou par flegme ou par dépit il dépose un brevet marquant son antériorité sur la découverte de la photographie.


La carrière d'Édouard Scott de Martinville est encore plus hallucinante. Car le jeudi 26 novembre 1857 "Édouard Scott chante", au clair de la lune mon ami Pierrot" devant un aréopage de savants français 50 membres de la société dite d'encouragement ( quorum requis pour l'ouverture d'une séance de l'académie).
Toute l'élite française, célébrités, palmés, décorés, édités, réédités dont l'astrophysicien François Arago, ou d'autres qui ont déjà leur nom dans les dictionnaires, est présente, p 222.
Son intervention fait un flop !


Mais la chose n'est pas banale c'est par l'industrie du livre, comme typographe et correcteur que le jeune Édouard Scott de Martinville eut l'intuition du premier livre audio.
D'une intelligence hors norme, le jeune Edouard acquiert seul des bases scientifiques en dévorant les livres qu'il corrige comme ouvrier typographe. Au point de suggérer à l'astrophysicien François Arago de modifier la présentation d'une équation, qui prête à confusion. Désormais Arago exigera qu'Edouard, et lui seul, corrige tous ces ouvrages.


On sait depuis qu'un certain Koenig lui a enlevé son invention avant de la céder à Edison qui en fit le début de la plus belle des industries.
Ne faut-il pas ouvrir les yeux devant Amazone et Audiolib qui aujourd'hui réalisent ce que le jeune Édouard Scott de Martinville avait imaginé : restituer de façon orale le livre papier.


Si Nicéphore s'est livré dans les mains de Daguerre permettant à la France de poursuivre son avancée dans le domaine de la photographie, Christopher Donner nous a malicieusement glissé la belle histoire des frères Lumière qui dans le domaine du cinéma ont déposé brevets sur brevets et développé le septième art.


Je pense d'ailleurs que l'ironie et l'humour de Christophe Donner aurait pu le projeter sur notre siècle le 21ème siècle et se faire l'écho des tracasseries, comme des multiples entraves au développement de notre capacité d'inventer. L'INPI s'est englué dans des structures administratives scrupuleuses au bénéfice d'officines qui seuls sont habilitées à présenter des brevets,. Quant aux officines spécialisées reconnues pour qualifier rigoureusement une invention, nous y trouvons plus facilement les moyens de déjouer un inventeur novice ou naïf.


Quant à l'Europe faute de définir une langue propre aux brevets européens, chaque inventeur doit déposer dans chaque pays de l'union. Que les Américains se rassurent, l'Europe du 19 ème siècle face à des physiciens soucieux de finir un bon repas plutôt que d'écouter un imaginatif un peu fou, n'a rien à envier à notre chacun pour soi d'aujourd'hui dans le domaine de l'imaginaire, on sait naturellement élever des obstacles plutôt que d'entrevoir le futur.

Place à l'imagination, place aux inventions inutiles et dérisoires, place à tout ce qui peut transformer nos déchets, nos rebuts, nos invendus, en possibilités de richesses.

Merci Christophe Donner de nous avoir raconté la belle vie de doux rêveurs, qui ont connu la gloire mais pas la richesse.

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