Emma Donoghue est une auteure irlandaise, installée au Canada depuis de nombreuses années. Avant d'ouvrir ce recueil de nouvelles, je ne l'avais encore jamais lue ; juste pris une grosse claque en voyant
Room, le film sorti en 2016 adapté de son roman éponyme, quant à lui traduit en français en 2011. J'avais prévu de lire
Room, bien sûr, et puis les mois ont passé…
Et bien, sitôt refermé Egarés, j'ai commencé
Room. Et je n'ai pas pu le lâcher, aspirée un peu plus à chaque phrase, jusqu'à la toute dernière… Une plume unique, un roman éblouissant.
… Mais revenons à Egarés. Ce recueil n'a rien à voir avec
Room. Moins affûté, plus prosaïque, volontiers inégal ; mais néanmoins agréable à lire. En tous cas, il m'a bien plu.
« Quels sont ces champs inconnus ? Je me suis égarée, je me suis écartée du chemin invisible que j'étais destinée à suivre à la naissance. Comment me suis-je retrouvée ici ? »
En partant de sa propre expérience,
Emma Donoghue s'est emparée de faits, de gens, de correspondances réelles et elle a rassemblé dans ce recueil quatorze nouvelles écrites comme autant de fictions historiques sur le thème de l'exil, du XVIIème au XXème siècle. Egarés est construit en trois parties, en quelque sorte avant, pendant et après. On part de Londres, de New-York, du Texas, d'Irlande, on voyage jusqu'au Canada, au Yukon, en Arizona, à Chicago, on découvre Cap Cod et les premiers immigrants, la Louisiane et ses créoles (qui signifie de souche française), le New-Jersey pendant la guerre de Sécession, New-York au début du XXème siècle et l'Ontario en 1967.
La diversité des histoires, des contextes et des époques donne un rythme agréable à l'ensemble de ces nouvelles. On y cherche de l'or, la liberté, la survie, la vérité.
Emma Donoghue fait revivre des épisodes atroces (La chasse), le destin édifiant de femmes hors normes (Fille à papa, de l'avant, le lion) ainsi que diverses anecdotes plutôt jubilatoires (La bonne fortune de la veuve, le dernier dïner de Brown) ou encore parfaitement tristes (Compter les jours). Je me souviendrai de certains personnages : Caroline Thompson, Murray Hall baptisé Mary Anderson, l'esclave dénommé Brown. Vous parler plus avant de ces nouvelles serait hélas en dévoiler le coeur ou la chute… Voici vraiment un recueil à découvrir, mais sans en attendre trop.
« Je ne suis plus rien ni personne désormais. Juste une pelure d'orange qui flotte dans le caniveau. »
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