C'est dimanche. Une cloche sonne dans l'église du quartier.Dehors il pleut et il fait froid. Une odeur dorée, tiède, une odeur de dimanche qui emplit l'auto, de dimanche, de
ce dimanche-là…..les empanadas de Violeta pour le déjeuner dominical d'Alvaro et Chepa avec leurs filles, gendres et petits-enfants….
Don Alvaro, Chepa, Violeta, Maya…. Les deux premiers un couple de la haute bourgeoisie chilienne, les deux autres, une bonne et un homme du peuple, ex-prisonnier.
José Donoso avec brio nous entrevoie la relation chassé-croisé de ces quatre personnages qui ne sont pas exactement à leur place sur l'échiquier social . Derrière ce déjeuner de famille qui a lieu tous les dimanches chez Alvaro et Chepa , se cache un tout autre monde de décadence moral, de solitude,de misère et d'égoïsme nourri par la charité…. Des personnages introduits par la porte de derrière donnent une vision assez effarante d'un monde d'apparence dont la superficie lisse et brillante laisse vite voir l'hypocrisie social qui bat son plein .…. Relations émotionnelles entre aristocratie et gens du peuple au coeur du roman , deviennent profondément tragiques sous la plume de Donoso, qui les décortique avec brio en employant divers styles narratifs qui créent une mise en abyme déroutante,« Violeta n'était rien d'autre que la succession éternelle de l'image du miroir dans le miroir , parce qu'en réalité , qui que ce fût, Violeta n'avait aucune importance »…..Une narration rétrospective , qui alterne pensées et désirs des personnages engoncés dans leur carcan sociale exprimés en directe , avec un narrateur, tiers personne qui vient approfondir, souligner leurs ingénuités, leurs inconsciences et leurs frustrations. S'y ajoute la voix d'un petit-fils qui contribue à cette mise en abyme, donnant une vision tout autre des grand-parents. Les petits enfants surnommant Alvaro, La Poupée avec l'idée seule que leur grand-mère adorée Chepa puisse « faire la sieste » avec La Poupée les emplissant d'horreur 😁 !
Une lecture complexe où les personnages cherchent désespérément une sortie de secours à leur fausseté , leur frustration et leur solitude. La solution est en eux, mais arriveront-ils ? Première rencontre avec l'auteur chilien
José Donoso dont la prose m'a éblouie.