AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782073041395
208 pages
Gallimard (07/03/2024)
3.85/5   65 notes
Résumé :
Quand Hanna découvre, parmi les effets de sa mère récemment décédée, des carnets, photographies et coupures de journaux, elle décide de descendre le cours du fleuve jusqu’à Kamouraska pour tenter de trouver le fil qui rattachera son histoire à celle de Simone, cette femme silencieuse, absente de sa propre vie.

Remontant le siècle, le long du Saint-Laurent, de Montréal à Pointe-au-Père, suivant des marées parfois cruelles, Hanna retrouvera la trace du ... >Voir plus
Que lire après Pas même le bruit d'un fleuveVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
3,85

sur 65 notes
5
10 avis
4
8 avis
3
1 avis
2
1 avis
1
0 avis
Il y a dans la vie des hasards fabuleux qui vous font croiser des gens, des romans qu'on n'aurait jamais dû connaître.
C'est grâce à ma fille que j'ai découvert ce roman d'Hélène D'orion, stagiaire à Montréal, elle travaille sur le fleuve Saint-Laurent. C'est alors qu'elle me propose de lire ce roman qui porte ce titre tellement poétique. Pas même le bruit d'un fleuve.
Je ne connais pas encore le Saint-Laurent mais l'histoire des secrets de son lit me poursuivent déjà.
Hanna vient de perdre sa mère, et comme il arrive souvent, elle se met à trier ses papiers et découvre que celle-ci écrivait sa vie dans un cahier jaune.
Pour Hanna, cette correspondance secrète est le début d'un long voyage qui la mènera à remonter le fleuve jusqu'à Kamouraska en compagnie d'une amie.
L'écriture de ce roman est extraordinaire, douce, tendre, nostalgique, on remonte le temps et l'histoire d'Hanna et des siens pour découvrir le secret d'une vie.
L'écriture d'Hélène D'orion est fascinante, poignante comme les tragédies qu'ont connu le Saint-Laurent.
Un roman exceptionnel, à découvrir sans hésitation.
Merci Malina pour cette lecture.


Commenter  J’apprécie          565
« Tu n'as jamais su que ta mère écrivait ? »

C'est une promenade toute en douceur et nostalgie, tendresse et questionnements que nous propose Hélène Dorion dans Pas même le bruit d'un fleuve. Au fil des découvertes par Hanna des écrits de sa mère défunte, sa vie s'éclaire et s'interprète d'angles nouveaux, lui donnant envie de retourner sur les traces de l'absente, au fil du Saint-Laurent.

Un cahier dans une boite ; une coupure de journal ; un pan de vie méconnu lié à un mystérieux naufrage en 1914… La parole si longtemps tue se révèle par l'écrit et donne à Hanna, une nouvelle lecture de sa propre vie.

Loin de l'image complice ou détestable des rapports mère-fille souvent véhiculée dans les romans, Hélène Dorion raconte avec sensibilité et délicatesse, la découverte posthume de deux êtres que la vie n'a pas suffi à rapprocher. « Je viens d'une étrangère dans une vie qui n'était pas la sienne ». C'est simple et douloureux, nostalgique et si beau.

Mais en explorant la souffrance de la parole absente et des relations tronquées ou tues, Hélène Dorion leur oppose la force cathartique de l'écrit - « L'écriture ne répare pas les cassures, elle ne fait qu'ouvrir les chemins nécessaires pour se réconcilier avec elles » - et de la poésie : « La poésie serait-elle notre lien secret fait de mots jamais prononcés, est-elle l'envers de l'absence, une ondée qui s'abat pour éclairer un jardin de nuit ? ».

C'est toujours difficile pour moi de m'aventurer hors de mes bases de confiance vers des textes poétiques (et encore davantage d'en faire des retours pertinents), mais je suis heureusement parfaitement guidé par Annie-Rose et Sandra, deux poissons-pilotes au goût sûr, qui ont su me pousser vers ce très beau texte vers qui je ne serais probablement pas allé seul.

Et qui me poussera probablement demain vers d'autres textes de cette auteure.
Commenter  J’apprécie          316
Un roman de tragédies familiales dans le décor du fleuve Saint-Laurent et avec une belle écriture poétique.

À la mort de sa mère, une femme fouille le passé et découvre comment le malheur se transmet de mère en fille, comment des familles sont brisées sur plusieurs générations. Elle cherche à comprendre sa mère, mais en revisitant ses souvenirs, elle trouvera aussi des miroirs de ses propres images.

Un roman de naufrages, un bateau coulé dans le fleuve, mais aussi les naufrages des grandes amours toujours et des couples sans amour.
Commenter  J’apprécie          320
Long poème s'écoulant comme le Saint Laurent, complicité impossible à retrouver entre Hanna et sa mère Simone qui lui a légué ses carnets.

J'ai un problème avec cette belle écriture poétique mais je suis convaincu qu'elle saura séduire ceux et celles qui arrivent à mettre du contenu par exemple dans 'Consentir au mouvement des ombres'.
Commenter  J’apprécie          250
Hélène Dorion vient de faire paraître chez Alto un roman intimiste et poétique. Dans ce dernier, elle nous présente l'histoire d'Hanna, une écrivaine. À la suite de la mort de sa mère, Hanna découvre une boîte contenant des coupures de journaux, des lettres, des cahiers, des photos. Intriguée par sa découverte, elle part en voyage en suivant le Saint-Laurent et elle se rend jusqu'à Kamouraska. Sa meilleure amie Juliette, une artiste viendra la rejoindre. Ainsi, elle est amenée à revisiter le passé de sa mère et de sa grand-mère en comprenant à quel point ces dernières ont été marquées par le deuil de l'Amour. À cet égard, la souffrance intérieure apparaît comme le fil conducteur des femmes de sa famille. Différents évènements historiques viennent modifier le parcours de ces figures féminines comme la Première Guerre mondiale ou encore le naufrage de l'Empress of Ireland. Ces dernières apprennent à survivre dans le silence, en retrait du monde. La souffrance peut-elle être transmise de génération en génération? Quels drames le fleuve Saint-Laurent abrite-t-il en son sein? L'Art peut-il assurer le salut d'Hanna?

Le fleuve Saint-Laurent

Je me suis beaucoup retrouvée dans cette histoire. J'ai grandi devant le fleuve Saint-Laurent. J'ai observé ses vagues, j'ai entendu le récit de ses drames, j'ai vu sa beauté, j'ai son odeur imbibé dans ma chair, je sens parfois son souffle sur ma peau. Ce dernier détient une place capitale dans cette histoire tout comme dans la mienne. Comme le mentionne Antoine, le grand Amour de Simone, la mère d'Hanna :

Quand je navigue sur mon voilier, poursuit Antoine, le fleuve devient un corps qui traverse les saisons – des vagues hautes pour le printemps, les vents chauds de l'été, les glaces de l'hiver qui s'entrechoquent, et déjà les secousses de l'automne ramènent les mois de dénuement où le cours s'immobilise. Tout ce temps, les poissons, les crustacés, les baleines, les cachalots, les phoques et les oursins disent une vie que la surface des choses connaît à peine. (p. 70)

C'est cela le fleuve et notre rapport au temps, à la nature, à la vie et à ses mystères. Hélène Dorion doit l'avoir beaucoup observé pour présenter autant de vérité par rapport à notre lien au fleuve. Ce dernier rythme les pages de ce récit, des personnages et des êtres humains le côtoyant. Elle a su déceler une parcelle de son mystère, de sa grandeur, de son intensité.

«Par le fleuve, on refait le trajet de l'amour et celui des conquêtes, on voit le bien et le mal au fond des mêmes eaux embrouillées du temps. (p. 68)»
Ainsi, Hanna le suivra pour tenter de refaire le trajet de l'Amour. Elle arrivera tant bien que mal à bon port.

Les racines de l'Amour

Mais encore, grâce à Hanna, j'ai repensé à ma grand-mère qui n'a pas pu épouser son grand Amour, un Juif alors qu'elle était chrétienne. Mon arrière-grand-père avait refusé la main de ma grand-mère Marianne à son amoureux. J'ai repensé à ma mère qui avait dû choisir entre deux amoureux la veille de son mariage. Ces histoires ont-elles marqué mon devenir? Comme il est mentionné dans le récit :

Nos racines courent sous le sol, invisibles, impossibles à déterrer toutes. On peut essayer d'en arracher une, espérer qu'elle nous mènera vers une autre qu'on pourra dégager, elle aussi, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'on perçoive un sens à cette histoire qu'on appelle notre vie. (p. 11)

Hanna est amenée à dénouer les noeuds silencieux de ses racines pour en arriver à retrouver son identité. La nouvelle vague la frappant pourra-t-elle lui donner accès à une certaine paix émotionnelle? C'est ce que vous devez découvrir par le biais de cette histoire.

Lire Pas même le bruit d'un fleuve, c'est se lancer dans une quête profonde, celle d'Hanna, où la nature, le pouvoir des mots et l'Art dévoilent la beauté cachée de l'univers.

Je vous recommande cette belle traversée du Saint-Laurent rythmée par le silence la marée.

Je tiens à remercier les Éditions Alto pour cet envoi en service de presse.

Avez-vous déjà lu du Hélène Dorion? Que pensez-vous de mon billet?

https://madamelit.ca/2020/03/11/madame-lit-pas-meme-le-bruit-dun-fleuve/
Lien : https://madamelit.ca/2020/03..
Commenter  J’apprécie          64

Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Un jour j'ai vu ma mère entrer dans la mer comme si elle enlaçait un corps aimé, comme si les coups violents des vagues contre ses hanches étaient ceux d'un amant auquel elle s'abandonnait. Pour elle, l'eau n'était pas glaciale, le soleil ne brûlait pas sa peau. Le vent balayait ses cheveux , révélait la beauté de ses traits et la forçait à ancrer ses pieds plus profondément dans le sable.
Commenter  J’apprécie          140
Une vague se forme au loin. De quel brouillard surgit-elle, et quelle hauteur
aura-t-elle atteinte lorsqu'elle attendra la berge où Simone marche vers sa fille, la regardant déchirer un autre voile qui les relient ? Hanna reçoit aussi , intact, le secret qui , pareil à une bouée sans ancrage, a remonté les eaux troubles du fleuve jusqu'à elle.

Simone prend la main de sa fille . Ensemble elles avancent vers le large .Leur douleur surplombe le fleuve, ne sait d'où viennent les vagues ni où va la lumière. L'absence s'est changée en une étendue bleue qui jamais ne se refermera.
Commenter  J’apprécie          70
Allongée sur le dos, les bras en croix, ouverts comme des voiles à la surface de l'eau, la tête immergée, Simone n'entend plus que le bruit sourd du monde .C'est le son des souvenirs, des voiles déchirées, des mâts cassés, les vagues trop hautes qui broient les navires. Elle se met à réciter spontanément un poème qu'elle a recopié dans un cahier :

Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas moins un gouffre moins amer.
Commenter  J’apprécie          50
Enfant, je détestais dessiner. C'étaient les mots qui m'intriguaient . Quand Juliette prenait ses crayons de couleur, je traçais ce qui , sans en être, ressemblaient à des lettres. J'avais hâte qu'elles se transforment en mots devant mes yeux , puis en phrases. Le jour où je suis rentrée de l'école ayant lu un mot pour la première fois, tout a changé . J'avais désormais accès à un autre univers que celui où les paroles étaient projetées sur les murs de la maison .
Les mots touchaient les choses pour les rendre vivantes.
Commenter  J’apprécie          50
Je raconterai des histoires, car n'est-ce pas ce que nous laissons , des récits ?
N'est-ce pas ce qui reste de nos vies, ces histoires de naissance, d'amour et de mort qui en sont les tissus ? Je confierai aux mots cette étrange aventure pour qu'ils lui donnent sens, pensait-elle, ils la garderont vivante. au-delà de nos pas qui s'effaceront , les mots en réservera la mémoire, et ce qui a vécu avant moi , je le donnerai à qui viendra après moi.
Commenter  J’apprécie          60

Videos de Hélène Dorion (22) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hélène Dorion
Rencontre animée par Nicolas Dutent Son nom semble la relier à une constellation, mais sa présence au monde la rend indissociable des paysages qu'elle traverse : Hélène Dorion vit environnée de lacs et de forêts, de fleuves et de rivages, de brumes de mémoire et de vastes estuaires où la pensée s'évase. Dans ce recueil écrit au coeur d'une forêt, elle fait entendre le chant de l'arbre, comme il existe un chant d'amour et des voix de plain-chant. Et l'on entre à pas de loup dans une forêt de signes où l'on déchiffre la partition de la vie sur fond de ciel, sur fond de terre, sur fond de neige, de feuillages persistants et de flammes qu'emporte le vent, de bourgeons sertis dans l'écorce et de renouvellement. Un chemin d'ombres et de lumière, « qui donne sens à ce qu'on appelle humanité ». Figure majeure de la littérature québécoise et francophone, Hélène Dorion connaît aussi une forme de consécration en France avec ce recueil qui vient d'être inscrit au programme du bac.
À lire – Hélène Dorion, Mes forêts, éd. Bruno Doucey, 2023.
Projection du "Le bruissement du temps", court-métrage de Pierre-Luc Racine : https://www.youtube.com/watch?v=BTY1nzC_OVg
+ Lire la suite
Les plus populaires : Littérature française Voir plus
Livres les plus populaires de la semaine Voir plus


Lecteurs (176) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1219 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..