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Critique de UnKaPart


Une suite à Goldorak, c'était risqué. L'oeuvre et le personnage sont cultes, avec dans l'Hexagone un poids générationnel énormissime, que même Harry Potter n'atteint pas. En même temps, je vois pas comment, en agitant une baguette en bois et en déclamant du latin de cuisine, un mioche binoclard tiendrait plus de trois secondes face à un fulguro-poing… Moins vingt pour Gryffondor et retourne chez mémé, petit Potter empoté !
Or donc, les auteurs avaient zéro droit à l'erreur sur ce coup, sans quoi le fulguro-poing, c'était pour leur pomme jusqu'à les réduire en compote.


À la fin du 74e et dernier épisode de Goldorak, tout était réglé. Les forces de Vega vaincues, la base de la Lune noire détruite, la Terre sauvée. The end. Actarus s'en repart sur Euphor avec Phénicia, qui balance en arrivant en vue de la planète “maintenant, nous allons tout pouvoir recommencer”. Vu ce qu'on nous avait raconté au long de la série, j'avais toujours cru Euphor calcinée de fond en comble par Vega et je me suis toujours demandé ce que Phénicia comptait recommencer. Pas repeupler la planète à deux avec Actarus, j'espère, ils sont quand même frère et soeur…
‘Fin voilà, c'était fini, terminé, bouclé.
Quarante ans plus tard dans le monde réel, dix dans celui de Grendizer, il revient, il revient pour les enfants de la Terre. Ah non, ça, c'est Albator. N'empêche qu'il repointe le bout des cornes, le Goldo, dans une suite made in France approuvée par le créateur nippon du robot géant.
Goldorak, Gō (Nagai) !


Pour les Hibernatus qui auraient passé les quarante dernières années dans un caisson cryogénique et n'auraient jamais entendu parler du géant de fer, l'album s'ouvre sur un résumé d'une page de la série, à la fois complet et synthétique, histoire de ne pas décoller les mains vides.
Et c'est parti pour une nouvelle aventure !
Et un nouveau graphisme. Si vous vous attendez à retrouver Actarus, Goldo, Alcor, Vénusia et toute la clique comme au temps de votre jeunesse perdue, vous allez être déçus ou à tout le moins surpris. Est-ce un bien ou un mal ? Ni l'un, ni l'autre. Juste différent et affaire de goût. Perso, je n'aurais sans doute pas accroché à du graphisme old school, ou alors juste par nostalgie, faute de voir l'intérêt de proposer la même chose que dans les années 70-80. Ressortir le truc à l'identique ? Pour quoi faire, puisque ça a déjà été fait ? Pis bon, le monde du dessin a changé en quarante ans, les styles ont évolué, se sont hybridés au contact les uns des autres. Ce Goldorak en est la preuve, avec son cocktail franco-belge, comics, manga, un peu de tout, de tout un peu. Dans d'autres mains, le résultat aurait pu donner un immonde gloubiboulga, là ça en jette !


L'histoire… Les forces de Vega sont de retour et, ô surprise (ou pas), attaquent la Terre. Plus précisément, elles tombent sur le râble du Japon… dans un joli pied de nez à la VF du dessin animé où toute référence au Pays du Soleil levant avait été gommée.
On redécouvre un à un les personnages (Vénusia, Alcor, Procyon, Mizar, Rigel), qui se redécouvrent eux-mêmes les uns les autres, chacun étant parti vivre sa vie après la fin de la guerre contre Vega en perdant le contact avec le reste de la bande, à la manière du Club des Ratés dans le Ça de Stephen King.
Démarrage classique pour une suite, mais qui fonctionne bien pour refléter l'écoulement du temps et l'évolution des protagonistes depuis le dernier épisode de l'animé. Et le procédé fonctionne d'autant mieux pour les dinosaures de ma génération, parce que c'est pareil pour nous : les jeunes téléspectateurs d'antan ont tracé leur voie, les contacts avec nos idoles d'enfance se sont distendus pour relever du souvenir, loin du rendez-vous quotidien devant Récré A2.
Le temps a passé, pas pour le meilleur… Mais quand il s'agit de ressortir Goldorak, les liens se renouent. Et j'espère que ce sera le cas pour le lectorat avec cette renaissance de l'homme de fer et de son pilote d'Euphor, qui mérite un succès.
Pari réussi ! le scénar est bon, le dessin magnifique, il y a de la thématique et des nuances de gris, pas juste une gentille histoire pour les tout-petits. Les auteurs prennent soin de tout bousiller au début pour bâtir leur propre récit, tout en respectant le matériau de Nagai, le mythe Goldorak, les gimmicks de la série (l'OVT d'Alcor flingué en deux secondes de combat, le saut dans le vide-ordures, le tour de fauteuil…). Ça donne quelque chose d'un peu différent de quand on était petit mais avec la même saveur.
“Nous ne sommes plus seuls”, comme dit si bien Actarus.
Lien : https://unkapart.fr/goldorak..
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