Thorgal est une véritable madeleine pour moi. Une série que j'aime de manière un peu irrationnelle, sans doute parce qu'elle fu cele qui me fit sortir de l'école de Marcinelle. Mais aussi parce qu'elle a proposé quelques très bonnes histoires. Au départ de van Hamme, j'avais un temps abandonné la série avant d'y revenir. Et d'assister à un aufrage éditorial, d'autant plus évident lorsque
Van Hamme, qui suit toujours la destinée de XIII, son autre série-phare pour laquelle il a également confié les clés à une nouvelle équipe créative, a décidé de se retirer complètement de l'aventure. Pourquoi cet abandon ? Je ne sais pas.
Mais ce fut le départ d'une errance éditoriale assez tragique.
Au départ
Van Hamme avait lassé la série avec une conclusion ouverte, laissant à Sente la possibilité de développer l'univers selon un nouvel axe: se concentrer sur Jolan, la fils de Thorgal. Il est en effet dans l'ADN de cette série de voir les personnages vieillir et évoluer. Mais le public suivit finalement difficilement. Il fut alors décidé de revenir aux fondamentaux et de refaire de Torgal le héros. A l'instar de XIII, il faut aussi décidé de proposer des spin off. Si, dans un premier temps, on pensait qu'il s'agirait de récits centrés sur des personnages secondaires (
Dorison et
Alcante avait développé des projets en ce sens), comme pour XIII, très vite, un autre projet vit le jour (sous l'impulsion de
Rosinski, il me semble): la création d'un vaste cycle en 3 séries parallèles qui se rejoindraient à terme. Et de rajouter une série sur la jeunesse de Thorgal en plus.
Yann fut engagé pou
r animer la jenesse et une série consacrée à Louve, la fille de Thorgal.
Sente continua Thorgal et développa le personnage de Kriss de Valnor.
Et tout est parti progressivement en eau de boudin.
Si on fait abstraction de la jeunesse, on se retrouve avec 3 séries senses être cohérentes mais qui semblent chacune vivreleur vie saspenser aux autres.
Yann développe une série très tous publics, avec l'introduction d'un maximum d'éléments mythologiques nordiques.
Sur la série-mère, Sente joue d'abord avec l'effet
Tolkien, arrêtant de parler de Mitgard pour parler de Terre du Milieu, et se perd dans une intrigue qui n'en finit pas, avec des tomes de transition qui succèdent à des tomes de transition.
Mais sur Kriss de Valnor, il fait son Game of Thrones.
Puis Sente est débarqué brutalement, remplacé par
Dorison et Mariolle, qui ont la mission de conclure ce bourbier.
Yann conclut son Louve.
Dorison fait ce qu'il peut sur Thorgal.
Et sur Kriss de Valnor, après un tome de transition, il doit conclure les aventures de Kriss de Valnor et de Jolan pour que les séries puissent se rejoindre.
Là où la logique aurait voulu 2 albums distincts, consacrés à l'un, puis à l'autre, le choix fut pris de mélanger les 2 histoires. Et de la manière la plus absurde qui soit: moitié-moitié.
La montage du temps s'ouvre sur 23 pages consacrées à Kriss de Valnor, puis se termine sur 23 pages consacrées à Jolan. le Maître de justice inverse les séquences.
Si on lit les 2 histoires dans leur continuité, on découvre 2 aventures pas désagréables qui, sans atteindre des sommets, renouent avec les marqueurs de la série historique. Mais cette scission est juste une décision éditorale stupide de plus.
Ajoutez à cela que Dorisona entretemps été remercié (on lui aurait reproché d'avoir voulu insuffler un côté trop sombre à la série... en même temps, quand on voit son travail, c'est un peu ce quon attendait de lui) et c'est Mariolle seul qui est crédité sur ce dernier tome tandis que Yann conclut le prochain tome de Thorgal, qui achèvera cette déroute éditoriale.
Deux scénaristes débarqués (Sente et
Dorison). Un troisième sans doute condamné (Mariolle). Un dessinateur dégouté (Da Vita), un autre sacrifié (Surzhenko dont on peut voir la qualité du travail se déliter au fils des albums q'il a dû aligner à une vitesse ahurissante, alant jusqu'à animer 3 des 4 série en même temps). Un projet boîteux et qui s'achève sur la retraite du dessinateur historique, lassant les clés de la série à Vignaux, dont les 2 albums ont laissé une bonne impression, et Yann, mercenaire de son état qui n'a jamais vraiment convaincu dans l'aventure.
Et pourtant, ce dernier diptyque de Kriss de Valnor laissait entrevoir quelque chose de bien.