AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,08

sur 196 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Glorieuse jeunesse!
Mais que de travers…

John Dos Passos était le fils illégitime d'un avocat d'affaires, très lié aux trusts américains de la fin du XIXème siècle, et d'une dame de bonne famille, dans cette Virginie qui avait été si Sudiste lors de la Guerre de Sécession. Enfant, il voyage en Europe avec sa mère, qui épouse le père de John après son veuvage. Même si celui-ci tarde à reconnaître son fils… Adolescent, John étudie à Harvard - où l'on le trouve “ d'apparence si peu américaine”- puis s'engage, comme Hemingway, en tant qu'ambulancier dans les armées alliées en Italie, et commence à écrire. Ses sympathies de gauche s'amenuisent au fur et à mesure que l'expérience soviétique vire au stalinisme, et John finira homme de droite modéré, allant même jusqu'à soutenir Nixon à la fin de sa vie. Ce “42ème parallèle “, écrit en 1930, appartient à une période où il entame ce long virage.

Le roman se compose d'un corps principal, constitué de (petits) chapitres décrivant la vie d'une demie douzaine de personnages principaux, séparés par des vignettes anecdotiques donnant un autre regard sur les événements contemporains, elles-mêmes interrompues par des manchettes de journaux (“Le Titanic coule !”). Procédé audacieux pour l'époque ! le langage employé est simple, fluide, conversationnel.

On peut lire ce roman comme une série de récits biographiques, ou comme une dénonciation des vices du capitalisme outrancier, mais j'y ai plutôt vu une saga, celle de l'éclosion de la puissance américaine en ce début du vingtième siècle. Une nation, nouvelle, découvre sa puissance agricole et industrielle, reconnaît le caractère paradoxal d'une puissance fondée sur la coexistence de la richesse et de la misère, mais est emportée par sa fougue, sa jeunesse, son élan. Nous assistons aux débuts d'une percée vers le futur, qui fera une embardée lors des années trente, mais qui se ressaisira pour faire naître une superpuissance, avant d'être minée par les inégalités, les dissensions et, finalement, la surextension impériale et la bêtise .

Une lecture intéressante à notre époque, où la puissance américaine est sur le déclin et où d'autres nations se disputent l'espace qui se libère.


Commenter  J’apprécie          573
Voilà un livre qui trainait dans ma bibliothèque depuis plusieurs dizaines d'années et qui avait résisté à mes nombreuses tentatives de lecture. Mais voilà j'y suis arrivée, au prix d'un acharnement qui est l'apanage de l'âge 😉 et dont je suis très fière.

Pourquoi tant de résistance ? Plusieurs raisons. D'abord l'histoire en elle-même : il s'agit plus d'un témoignage journalistique que d'une histoire purement inventée et romancée. le texte est très factuel. Dos Passos nous décrit plusieurs destins de façon séquentielle, ce qui nécessite une certaine dose de concentration pour s'y retrouver, d'autant plus que ces destins convergent dans une sorte d'apothéose. Car oui, contrairement aux parallèles, et la 42ème n'échappe pas à la règle, les destins convergent … enfin dans les romans.

Il y a aussi la forme du livre : la narration principale est entrecoupée de coupures de journaux, qui reprennent aussi bien des faits divers que des actualités politiques et internationales majeures, et de portraits de quidam et de célébrités. La forme de ce roman est donc tout à fait originale et précurseur.

Dos Passos nous plonge dans l'Amérique du début du XXème siècle et dresse un portrait sans concession de son pays et de ses compatriotes. Bien sûr, on retrouve un pays raciste mais aussi progressiste. Ainsi la réflexion d'une des héroïnes : « je suis contre la peine capitale comme toutes les femmes à l'esprit équilibrée. La pensée qu'une femme puisse assister à une pendaison me fait horreur. C'est une chose terrible pour l'Etat que de commettre un meurtre ». Dos Passos fait d'ailleurs la part belle à ces femmes du début du XXème siècle qui se libèrent peu à peu du carcan patriarcal.

J'ai découvert une Amérique où les pauvres rêvaient d'une révolution socialiste, où les escrocs faisaient gonfler des bulles spéculatives sur l'immobilier, où la grogne des ouvriers et des syndicats était manipulée par des lobbyistes et sapée par d'habiles campagnes de communication …. Eh oui, notre époque n'a rien inventé !
Commenter  J’apprécie          372
Article publié sur : http://souslevolcan.over-blog.com/

La simplicité avec laquelle les écrivains américains ont décrit le monde dévasté qui a suivi la première guerre mondiale tient autant à leurs talents qu'à leur immersion personnelle dans le temps du conflit. Cette proximité a façonné leur prose. Leur besoin de témoigner d'une époque était trop fort pour l'abandonner au seul exercice de style. Un langage clair et précis était le seul contrepoint possible au choc vulgaire de la guerre et aux difficultés qui ont suivi. Les romantismes Français et Allemand s'étaient élevés les uns contre les autres et avaient disparu dans la boue des tranchés, la place était libre.
Dos Passos exerce cette application scientifique, cette écriture construite avec la précision d'un entomologiste bavard au-delà du métier d'un journalisme d'exception, c'est devenu un art nouveau. Steinbeck, Hemingway, Faulkner, Fitzgerald et Dos Passos ont tous commencé leur carrière littéraire dans l'esprit de cette fin de cycle qui annonçait la vie moderne, et ils ont inventé la littérature moderne qui allait avec.
Dans cette veine, Dos Passos n'est pas celui qui a rayonné le plus, Faulkner, Steinbeck et Hemingway étaient des bâtisseurs de chefs d'oeuvres à la puissance surnaturelle, mais il était probablement le plus inventif. Il expérimentait, l'air de rien. Dans 42ème Parallèle, il contracte en quelques phrases la biographie d'un personnage et dilate tout à coup le temps autour d'une scène vivante, comme l'aurait fait un cinéaste animalier avide de nous montrer ses spécimens dans leur milieu naturel. Dos Passos peut faire passer plusieurs années en une phrase et faire courir une heure sur des dizaines de pages. Ça n'a l'air de rien, mais pour qu'un tel montage fonctionne et soit digeste au lecteur, il faut un talent hors norme. Dos Passos est un équilibriste brillant, capable de marier des actualités à son récit, des personnages existants, des biographies d'Edison ou de Charles Steinmetz. Il a ouvert la voie aux modernes et décrit fidèlement différents milieux sociaux, divers sens moraux, il a renforcé la voix narrative par l'assemblage de points de vue et souscrit pour la littérature un bail emphytéotique de vraisemblance dont on peine à renouveler les exploits. Il se dégage pourtant de l'ensemble une forme de faiblesse qui la rend attachante, Dos Passos sait l'impermanence des choses et du monde et en fait un art délicat, et c'est sa beauté autant que sa fragilité.

Lien : http://souslevolcan.over-blo..
Commenter  J’apprécie          70
Trois roman magistraux pour décrire l'histoire de l'Amérique industrielle, le capitalisme en marche, la dépossession progressive des petites gens, des ouvriers, des itinérants, de ce qui fondait l'idéal Américain et avait pour nom liberté. Les personnages se croisent, certains deviennent puissants et riches, d'autres meurent, s'épuisent, s'abiment. A ces récits multiples s'ajoutent l'écho de voix qui resteront floues et anonymes, et des pages épiques et musicales qui dressent les portraits des grands de ce siècle, des chercheurs, hommes politiques, industriels qui ont marqué de leur empreinte l'histoire politique et sociale des Etats-Unis du XXe siècle.Le tout écrit dans un style épique et énergique, celui d'une tragédie moderne et implacable, qui reflète par son style même l'impossibilité de résister à la mise en marche de la machine implacable qui a pour nom modernité.
Commenter  J’apprécie          60
Mac, Bill, Janey, J. Ward, Eleanor, Charley, six personnages en quête d'identité dans l'Amérique du début du vingtième siècle, en plein essor économique, que dopera bientôt l'entrée des États-Unis d'Amérique dans la Grande Guerre qui ravage l'Europe. L'essor n'est pas pour tout le monde, hélas, l'écart se creusant entre les déclassés (Mac, Bill, Charley) et ceux, plus malins, plus chanceux (?), qui vont s'en sortir par le haut, tel J. Ward Moorehouse, devenu un richissime homme d'affaires peu scrupuleux, qui va entraîner Janey et Eleanor dans son ascension sociale. Tous ces personnages, qui vont se rencontrer au hasard de leurs destins tourmentés, vivent comme rarement la littérature a su le faire, malgré quelques artifices littéraires dont l'auteur aurait pu se passer. L'époque (le roman a été écrit en 1930) est aux expériences, notamment picturales, et l'influence d'un Francis Picabia et des peintres cubistes n'est sans doute pas étrangère à la technique du "collage" que n'hésite pas à employer l'auteur. Insérant dans les parcours entrecroisés de nos héros des extraits de journaux de l'époque ("Actualités") et de courts textes qui semblent tirés de ses propres écrits ("Chambre noire"), John Dos Passos se veut "moderne" sur le plan du style, mais presqu'un siècle plus tard cette "modernité" semble bien désuète. On peut aisément sauter ces passages, qui n'apportent guère de matière au récit, n'en déplaise aux puristes que j'entends d'ici hurler au sacrilège…
Commenter  J’apprécie          40
Réputé illisible, Dos Passos, parce qu'il envoie des morceaux d'histoires en une sorte de présent continu, s'arrêtant ici pour reprendre plus tard, y mêlant des courtes histoires, puis des extraits de vie, avant de reprendre le quotidien de ses héros qui ne font rien d'exceptionnel à par… vivre leur vie. J'ai un peu tâté son bouquin dans l'ordre des pages, puis j'ai fait mon choix : envie de connaître l'histoire de Max/Fainy d'une lecture suivie, puis celle de Ward Moorehouse (Ward comme un des héros de Ellroy), puis celle de Janey ou Eleanor. Oui ils se croisent, évoluent, font leur vie, le Mexique vient à leur rencontre, des couples se forment et se défont…
et du coup, en faisant comme ça, ça m'a bien plu. Ce système de longues nouvelles qui se croisent, c'est assez riche. Ensuite, à l'occasion, une courte nouvelle, la destinée des grands gagnants du début XXè, cette curieuse musique en contine pour célébrer leur accession au succès… avant de disparaître, à croire que souvent, la vie se finit quand on meurt, si, je te jure… Et parfois, comme on rajoute du sel ou des épices, ces flashes d'info pour rajouter du goût. Pas compris les mystères de la Chambre Noire, mais why not. En gros, cet écrivain a inventé le zapping !
Dos Passos est fils d'un riche portugais, c'est plutôt rare comme filiation aux Etats-Unis. Après de bonnes études, il s'est baladé, dans son pays puis en Europe, l'esprit curieux, la flamme de plus en plus gauchiste. Il a ainsi pris du recul sur son Amérique natale avec ses fables libérales, son foutoir/fourre-tout social, on n'est pas si loin de Gatsby ou d'autres héros de Scott Fitzgerald, le romantisme en moins. Mais j'ai plutôt suivi les aventures picaresques de ses héros comme celles du petit Augie March de Saul Bellow : ballotés par la vie, se débrouillant, avec des hauts et des bas… oui il y a une part de social, mais je leur laisse, je garde le suivi zigzaguant d'une péripétie à l'autre, les drôles de rencontres… Comme chez Saul Bellow il n'y a pas d'intenses méchants, de vrais pourris, il y a, en gros, des gens qui font ce qu'ils peuvent avec ce qu'ils ont, et ça,
ça me plait bien.
Un reportage, en quelque sorte, sur ce coin d'Amérique en début de siècle, traversant la première guerre mondiale au loin, et les révolutions mexicaines de franchement plus près. Et tout ça, ça fait… d'excellents Ricains… d'excellents soldats… qui marchent au pas - ou pas. Et tout foutraque, piégeux, fougueux, injuste, naïf qu'il est, ce pays, par sa plume notamment, décidément, je l'aime bien, avec ses vrais morceaux de gens dedans.
Commenter  J’apprécie          30
Une très belle chronique des USA du début du 20em siècle. À cette époque, les États-Unis ne sont pas encore la grande puissance actuelle mais sont déjà en passe de le devenir. C'est une société en pleine mutation, dynamique mais aussi rude pour la plupart de ses habitants. Dos Passos imagine différents personnages et par leurs biais, nous présente cette époque. C'est la grande force de ce roman. Une galerie de portraits rendant ce livre très humain. Une façon habile de mêler la grande histoire avec le destin de quelques héros ordinaires qu'on prend plaisir à suivre jusqu'à première guerre mondiale. Passionnant !
Commenter  J’apprécie          30
42 ÈME PARALLÈLE DE JOHN DOS PASSOS
Résumer un tel livre est une mission presque impossible tant les histoires foisonnent, les références abondent et les extraits de journaux parsèment ce roman. C'est l'histoire des états unis tout simplement entre 1900 et la fin de la première guerre mondiale, Dos Passos va la faire vivre avec quelques personnages issus de milieux simples voir très pauvres qui vont de façon chaotique et chacun différemment évoluer dans cette Amérique en pleine effervescence. Il y a Mac, investi dans le syndicalisme ouvrier, malheureux en amour, Ward, qui deviendra un riche publicitaire, Eleanore, Charley ou encore Janey qui rêve d'amour. Tous on va les suivre en discontinu car la grande innovation qu'introduit Dos Passos dans ce roman, ce sont ces sortes de collages qui coupent les aventures des héros, ces très courtes biographies d'hommes célèbres ou des faits divers, le tout souvent sans ponctuation ou lien évident.
Dans les grands écrivains américains de ce début de 20 ème siècle, c'est sûrement celui qui parle le plus du social et de la politique dans les grandes villes, des luttes pour la survie, de la difficulté d'être tout simplement car il y aussi l'amour, omniprésent. Gigantesque fresque qui se poursuivra avec 1919( l'an premier du siècle )et La Grosse Galette, on y retrouvera certains héros mais une fois encore, leur histoire reste secondaire dans cette fresque lyrique, assez difficile à lire mais incontournable pour appréhender l'Amérique.
Commenter  J’apprécie          20
Quand je lisais ce livre, je pensais à Citizen Kane, l'insertion d'extraits de journaux dans la narration. Sauf qu'ici c'est pour ne me donne qu'un vague air de fond, ou un air de vague de fond, ou vague fond d'air. Je ne sais pas.
Je suis perplexe. Ce livre tant vanté ne m'a pas particulièrement touché, ni le style, ni les personnages. Je ne peux pas reconnaître plein de qualités, mais elle ne m'ont pas servi, elles n'ont pas servi ce que l'auteur veut me raconter. Ou je n'ai pas assez bien écouté. Ou je n'en suis juste pas encore capable.
Parfois je ne comprends rien à ce que je lis, mais je suis ébloui. Ce n'est pas le cas ici : je pense avoir compris, essentiellement, et je ne suis pas particulièrement ébloui.
Commenter  J’apprécie          20
Premier roman de la trilogie U.S.A., publié en 1930, c'est l'occasion pour John Dos Passos de brosser un portrait de l'Amérique des premières décennies du XXe siècle. Il suit le destin de personnages issus de diverses classes sociales, récits qui sont entrecoupés par des extraits de journaux, des biographies de personnages célèbres ou encore des paroles de chants. Avec en fonds toujours la question de la lutte des classes.
—-
Un incroyable exercice de style par le biais duquel l'auteur exprime une pensée pessimiste quant à la société américaine. Il multiplie les points de vue sur une époque et varie les rythmes, dans un jeu de temporalité. Si l'ensemble peut dérouter de prime abord, on se laisse vite emporter par Dos Passos, dont le récit m'a résolument charmée. Moderne et captivant !
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (630) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1818 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *}