AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070378081
480 pages
Gallimard (12/03/1987)
3.65/5   23 notes
Résumé :
Ce grand roman raconte toutes les aventures politiques et amoureuses de Glenn Spotswood, jeune Américain idéaliste.
Attiré par le Parti communiste, il y connaît la plus forte exaltation, avant d'être déçu. Il s'engage pour la guerre d'Espagne, où de nouvelles désillusions l'attendent, et où il trouvera la mort. A travers un destin tragique, Dos Passos peint les milieux progressistes sous l'ère Roosevelt, le grand tournant de toute une génération.
Que lire après Aventures d'un jeune hommeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
John Roderigo Dos Passos, né en 1896 à Chicago et mort en 1970 à Baltimore, est un écrivain et un peintre américain. Proche des libertaires pendant l'affaire Sacco et Vanzetti, il développe des sympathies communistes dans les années 1920 et 1930, mais change de camp après qu'un de ses meilleurs amis soit exécuté par les staliniens pendant les journées de mai 1937 à Barcelone lors de la Guerre civile espagnole. Son oeuvre compte quarante-deux romans, des poèmes, des essais, des pièces de théâtre et plus de quatre cents oeuvres d'art. On retiendra surtout de lui Manhattan Transfer et sa trilogie U.S.A., livres écrits dans les années 1920 et 1930, période où il est au sommet de sa gloire littéraire. Aventures d'un jeune homme, roman datant de 1939, vient d'être réédité.
Le bouquin narre les aventures politico-amoureuses de Glenn Spotswood, un jeune Américain idéaliste sous le mandat présidentiel de Roosevelt (1933-1945). Aventures amoureuses si on veut, ce sont plutôt les élans naïfs du puceau au contact de femmes entrant dans sa sphère d'occupations par la bande, s'entichant par exemple de Gladys, une artiste écervelée et communiste en couple avec Boris – ce qui nous donne une étude de moeurs sur ce milieu à l'époque.
Par contre, aventures politiques, oui, et John Dos Passos lâche les chiens, élaborant son ouvrage à partir de sa propre expérience et de ses idées. Glenn, le gamin, s'investira de plus en plus en politique, persuadé dès le plus jeune âge que le monde doit changer « Mais il était décidé à se carapater et à vivre comme un ouvrier, il voulait faire partie des masses, prendre une part active à la révolte qui aboutirait à l'établissement d'un monde meilleur. (…) Il voulait travailler honnêtement, travailler dur comme un ouvrier, vivre, manger, dormir comme un ouvrier. » Glenn abandonne à moitié ses études et part trimer à droite et à gauche, fait des rencontres pas toujours avantageuses et commence à fréquenter les milieux « subversifs ». Défense des mineurs ou des travailleurs Mexicains qui lui vaudront des tabassages en règle, fantasmes sur la vie en Union Soviétique malgré les échos négatifs d'un ami en revenant. Pour résumer, il n'est question que de capitalisme/communisme/prolétariat/classes laborieuses etc.
Même si Glenn reste fidèle à ses idées, les déceptions s'enchaînent quand il constate l'évolution de ses amis. Il finira par s'enrôler dans la Guerre d'Espagne : « La guerre d'Espagne (1936-1939) opposa d'une part le camp des républicains, orienté à gauche et à l'extrême gauche, composé de loyalistes à l'égard du gouvernement légalement établi de la IIe République, de communistes, de trotskystes et de révolutionnaires anarchistes, et d'autre part les nationalistes, le camp des rebelles putschistes orientés à droite et à l'extrême droite mené par le général Franco. Cette guerre se termina par la victoire des nationalistes qui établiront une dictature qui dura 36 ans, jusqu'à la transition démocratique qui n'intervint qu'à la suite de la mort de Franco. » [Wikipédia] Mais là, plus encore, la déception atteindra son comble, le pur et dur Glenn sera à deux doigts de se faire fusiller par ses propres « amis » politiques, un pion trop naïf au milieu des combines tactiques et politiques, entre fascisme et Moscou. Cette pause ne sera que temporaire, notre jeune homme mourra au combat – victime consentante, expiatoire.
A relire mon billet, je trouve tout cela très beau mais pour être totalement franc avec vous, j'ai trouvé le roman trop manichéen, trop long et donc ennuyeux parfois. Et puis il y a ce « problème » : comment apprécier à sa juste mesure, un roman politique et social écrit en 1939 et qu'on ne lit qu'aujourd'hui ? Certes, le thème est intemporel mais la « lutte finâââle » n'en finit plus et lasse un peu.
Commenter  J’apprécie          60
DOS PASSOS a rédigé ce roman résolument politique en 1939, la date est importante pour la suite. La trame est classique, elle suit le parcours d'un jeune idéaliste habitant L'ohio, Glenn, séduit par les idées communistes dans des U.S.A. plutôt hostiles à cette doctrine. Il vit de petits métiers dont celui de moniteur, c'est d'ailleurs lors de cette mission qu'un des enfants dont il a la responsabilité disparaît lors d'une excursion en kayak. Premiers pas dans la vie d'adulte et premiers vrais soucis.

Le père de Glenn s'en détache, lui n'est pas précisément un homme de « gauche » et réprouve le militantisme de son fils. Glenn va faire des études, puis rapidement errer avant de participer à des meetings politiques. Il devient le trésorier d'un comité de soutien à des ouvriers mexicains, ce qui entraîne son licenciement. Aux Etats-Unis on ne rigole pas avec les soutiens communistes, l'ennemi juré s'appelle l'U.R.S.S. et il vaut mieux pour un citoyen états-unien ne pas trop montrer son affection pour la couleur rouge. Glenn se risque à déménager à New York, où les collectifs communistes sont actifs. Il en devient même un élément incontournable du militantisme local et même national. Dans un pays alors attiré par le capitalisme et le libéralisme, Glenn fait figure de traître, de paria.

Il n'est pas nécessaire de résumer toutes les embûches dont lui et ses camarades vont être victimes, elles sont horriblement banales à l'intérieur de frontières prônant la surconsommation et l'égoïsme.

Glenn regarde d'ailleurs du côté de l'U.R.S.S., l'un de ses amis en est revenu. Ce grand pays a engendré la révolution prolétarienne avant d'instaurer une dictature communiste dont la silhouette du moustachu Joseph en est l'emblème et l'apogée. Ailleurs, en Europe, le nazisme et le fascisme montrent leurs crocs acérés, en Allemagne, en Italie, en Espagne. C'est d'ailleurs dans ce dernier que Glenn décide d'aller se battre sur le terrain en pleine guerre civile. Il y perdra ses illusions et sa vie…

Si DOS PASSOS, qui est aussi allé faire un tour du côté de l'Espagne à la même période, n'y a pas perdu la vie, il y a définitivement laissé ses illusions de gauche. C'est précisément à cette date que ses convictions politiques vont être chamboulées à son retour. Aussi, on peut voir Glenn comme une sorte de double de DOS PASSOS, lui-même tenté par l'idéal anarchiste (« Nous autres, pauvres mineurs, on se fait traiter de rouges et d'anarchistes, à moins que ce soit parce que nous on n'a rien à se mettre sous la dent, sauf des briques et des fayots, et si l'un des nôtres se place devant le soleil, vous pourrez voir la lumière au travers de son corps ») puis déçu et même désespéré par le communisme. Quant à son héros malheureux, Glenn, il semble trop anarchiste pour les communistes et trop communiste pour les anarchistes.

Les plus belles pages de ce copieux roman sont au début de chaque chapitre, où DOS PASSOS, dans la structure, fait un rapide clin d'oeil à « U.S.A. » en les commençant de manière personnelle, comme la livraison succincte, percutante et poétique d'un journal de bord sur l'état de son pays et la course à la catastrophe. Ces textes mis bout à bout sont grandioses. Plus surprenant, c'est sans doute l'un des seuls romans de DOS PASSOS à parler de Dieu, en tout cas des personnages s'y réfèrent, mais l'auteur ne s'étale pas, n'en abuse pas et reprend son récit politique.

DOS PASSOS reviendra changé de la guerre d'Espagne, Glenn ne reviendra pas, il représente les attentes politiques de son géniteur littéraire. Ce roman a été écrit juste avant la seconde guerre mondiale, il est désenchanté, très critique sur les luttes, il sonne comme la fin d'une utopie et l'entrée dans un monde nouveau, celui du capitalisme effréné des U.S.A. Il fut d'ailleurs rédigé juste après la fin de la trilogie « U.S.A. » de DOS PASSOS, dont la complexité étourdissante dépeignait l'instauration puis le vrai pouvoir du capitalisme. Ici, il est bien plus accessible et peut être comparé à certains Jack LONDON, mais peut-être surtout aux « Raisins de la colère » de STEINBECK, il est la lutte prolétarienne, l'échec de la fin des privilèges bourgeois comme celui du désir de révolutionner la pensée : « Ici [en Espagne, nddlr] nous avons plusieurs sortes de guerres. Nous nous battons contre Franco mais nous nous battons aussi contre Moscou… si tu te fais enrôler dans la Brigada, il faudra pas les laisser se battre contre nous. Ils voudraient instaurer la dictature de la police secrète, tout comme a fait Franco. Nous avons à nous battre sur deux fronts pour protéger notre révolution ». Comme chez STEINBECK, il est écrit de manière directe, avec une langue plus près du peuple, il est âpre, simple mais efficace.

Premier volet d'une nouvelle trilogie entamée par DOS PASSOS, qui se poursuivra par « Numéro un » (1943) et « le grand dessein » (1959), « Aventures d'un jeune homme » a été réédité en 2019, avec une couverture très réussie. Espérons que les deux volets suivants soient à leur tour republiés. Petit aparté : en septembre prochain nous commémorerons le cinquantenaire de la mort de DOS PASSOS, il me fallait célébrer à ma manière cet anniversaire. C'est chose faite.

https://deslivresrances.blogspot.fr/

Lien : https://deslivresrances.blog..
Commenter  J’apprécie          20
Dans ce roman écrit en 1938-39, dos Passos exprime une double désillusion et on ne peut que rapprocher la trajectoire du protagoniste, Glenn, avec celle de l'auteur lui-même: lui qui a commencé à gauche pour se retrouver à droite à la fin de sa vie.

C'est un livre dense ou il se passe quelque chose à chaque page, et cela change des nombreux romans bien plus récents que l'on referme, frustré par leur vide. Glenn multiplie les expériences: celles du monde du travail, des femmes, de la justice, et de l'engagement politique. Chacune est utile à apprendre une leçon sur le genre humain. Même si le résultat ne laisse guère de place à l'espoir, il m'a semblé témoigner plus d'estime envers les pauvres et les humbles que pour la bourgeoisie.

Le style est réaliste, sans fioritures. Moins inventif que dans ses précédentes oeuvres où il a inventé le célèbre "oeil de la caméra". On pense à Sartre (" on ne peut connaître un homme que par ses actions"), et il me semble aussi avoir inspiré des auteurs comme John Irving.
Quelques phrases assassines font de tristes constats. Lorsque Glenn s'écrie "on ne peut tout de même pas construire un grand mouvement politique sur des mensonges" un médecin lui répond : "Si vous voulez mon avis, on ne peut le construire que sur des mensonges". À méditer ...
Commenter  J’apprécie          10
Ce livre n'est pas destiné à un public large. Je crois qu'il s'adresse aux militants sans pour autant être un livre de militant. Au contraire, c'est un livre foncièrement déprimant. du moins, suffisamment pour perdre l'envie de faire quoi que ce soit pour améliorer l'existence du genre humain.

C'est un livre qui passe par l'exaltation avant de frapper un mur de déprime. le lecteur qui va parvenir à s'accrocher à l'histoire (dans un premier temps), va pleinement sentir ces deux émotions. Pour celui qui aime la frivolité et une fin heureuse, il doit passer son tour.

Un récit de puissantes émotions où celui qui s'est déjà engagé pour l'amélioration de l'humanité peut aisément se retrouver dans le personnage principal. Toutefois, attention au coup de déprime et déconseillé pour le néophyte des mouvements sociaux. Un récit noir, chacun doit en posséder un.

Cela dit, j'ai moi-même une ambivalence entre lui mettre un 3 étoile ou un 4 étoile. Un 3,5?
Commenter  J’apprécie          20
Quelle est la place d'un destin individuel au sein d'un désir d'un bouleversement collectif, quel rôle la vérité peut-elle jouer dans l'élaboration, ou son espoir, d'une société nouvelle ? À partir de ces questions, des désillusions qu'elles font naître, John Dos Passos tisse une fresque de la gauche américaine, une réflexion sur ce qu'est la démocratie, donc le peuple, dans les années 30. Aventures d'un jeune homme raconte le destin d'un homme broyé par l'orthodoxie du Partie avec une implacable objectivité dans la description.
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Il s’était donné tout ce mal pour terminer ses études, rien que parce que tous ceux qui appartiennent à la soi-disant bourgeoisie ne trouvent rien de mieux à faire. Et pendant tout ce temps-là, il n’avait eu qu’une chose entête, courir le pays et vivre exactement de la même manière que les ouvriers. La classe des bourgeois désargentés était fichue et bien fichue. Ce n’est que parmi les classes laborieuses que l’on trouve des gens capables de réaliser des choses valables, désormais. Ce qui était important, c’était le nouvel ordre social et c’était bien la classe ouvrière qui lui avait donné naissance. (…) Il avait pris la décision d’envoyer sa vie privée à tous les diables, une fois pour toutes. Il ne voulait plus vivre que pour la classe ouvrière. Voilà une chose qui en valait la peine.
Commenter  J’apprécie          10
Morton continuait à parler mais Glenn ne pouvait déjà plus entendre le son de sa voix. Il avançait en levant un pied, puis l'autre pied, sur les cailloux pointus, entre les murs jaunes de terre battue. Les rayons de soleil se reflétaient en larges stries lumineuses et frémissantes sur l'eau qui remplissait les seaux tout neufs.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de John Dos Passos (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de John Dos Passos
Paru en 1929, grand succès de librairie, aussitôt traduit en plusieurs langues et adapté à la radio et au cinéma, Berlin Alexanderplatz d'Alfred Döblin est un monument de la littérature allemande au temps de la République de Weimar. Visiblement inscrit dans le sillage d'Ulysse de Joyce (1922) ou de Manhattan Transfer de Dos Passos (1925), même si l'auteur a contesté s' être inspiré d'eux, il participe du renouvellement moderniste du genre romanesque et le procédé du « montage », à l'époque tour à tour exalté et décrié, semble y servir une exploration nouvelle du monde urbain. Pourtant, écrivain prolixe et passionné de questions philosophiques, Döblin n'en était pas en 1929 à son coup d'essai et l'intérêt de Berlin Alexanderplatz dépasse peut-être aujourd'hui celui d'un grand « roman de la ville ».
Retrouvez sur notre webmagazine Balises, le dossier "Berlin Alexanderplatz, portraits d'une ville" en lien avec la rencontre : https://balises.bpi.fr/dossier/berlin-alexanderplatz/
Suivre la bibliothèque : SITE http://www.bpi.fr/bpi BALISES http://balises.bpi.fr FACEBOOK https://www.facebook.com/bpi.pompidou TWITTER https://twitter.com/bpi_pompidou
+ Lire la suite
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus
Livres les plus populaires de la semaine Voir plus


Lecteurs (58) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1820 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..