Citations sur Le canyon des ombres (49)
Hoover fit tout à coup son apparition.
- Aidez-moi à trouver le corps du type ; on a des choses plus importantes à faire qu'à regarder une vache morte qui pue !
- Pas un vache, corrigea Moon d'un ton égal. Un taureau.
- Très bien. Vache, taureau, comme vous voudrez. La question importante, bon Dieu, c'est où se trouve le corps de monsieur Ouray ?
Moon désigna la carcasse.
- C'est lui. Monsieur Big Ouray. Le taureau hereford pure race de Gorman Sweetwater.
Un vent de panique passa sur le visage de l'agent spécial.
- C'est une plaisanterie ou quoi ?
Il n'était pas venu à l'esprit de Hoover qu'un simple policier tribal puisse oser plaisanter à ses dépens.
La femelle coyote s'arrêta un instant, perplexe, pour humer l'air, interrompant son opiniâtre recherche de l'odeur du lapin. La bête affamée se tourna, orientant ses oreilles sensibles vers l'origine des bruits à peine perceptibles.Scratch-scratch. Ces bruits s'arrêtaient, puis recommençaient. Scratch-scratch. depuis longtemps accoutumée à la menace des créatures à deux pattes et de leurs chiens, la femme coyote sentit qu'un être plus sinistre encore s'avançait sur le sol du canyon.
... Seul le petit homme vêtu de noir resta dans le cimetière. Le père Raes se tenait au-dessus de la fosse, fixant le cercueil. Il percevait encore quelque chose de très étrange... un murmure... une cadence familière... qui se répétait inlassablement. Non, se dit-il, ce n'est rien de plus que les fluctuations de la brise dans les branches du frêne qui domine la tombe. Ou le bruit des eaux du Pinos qui ruisselle sur les rochers. Le vent qui joue ses petits tours à mon imagination, les eaux miroitantes de la rivière qui m'appellent.
Pendant qu'il nourrissait ces explications rationnelles, le chant murmuré s'atténua et se fondit dans le silence.
- J'ai fait un mauvais rêve à propos de Charlie, vendredi dernier. Ça m'a réveillée au milieu de la nuit. Je n'ai pas pu me rendormir tellement j'étais inquiète.
Cela, au moins, Parris le comprenait. Les gens qui sont proches de policiers rêvent souvent de décès épouvantables survenus de la main de criminels.
- Il arrivait quelque chose à Charlie ?
- C'était horrible....
Daisy frissonna à cet épouvantable souvenir.
- J'ai rêvé qu'il s'était mis au golf.
La solitude voilait chaque heure de sa vie tel un rideau sombre.
L’avertissement final glaça le sang dans les veines de Daisy. Un de ceux du Peuple allait assurément périr, et cette mort serait épouvantable. Si atroce était le crime que le pitukupf refusait de le décrire.
Chapitre 9
La femme-médecine imagina que ce tonnerre lointain était, comme sa grand-mère le lui avait dit quand elle était à peine âgée de cinq étés, le grand tambour en peau de bison de Homme-dans-leCiel. Elle entendit sa paume claquer une fois encore sur la peau du tambour, avec un craquement violent qui se répercuta à la surface de la terre. Progressivement, les battements du tambour se synchronisèrent avec les pulsations de son vieux cœur, projetant des échos à travers les souvenirs vagues de ses nombreuses années. Elle murmura le chant sacré que son oncle, Oiseau-Mouche Bleu, lui avait enseigné :
Porte-moi au-dessus des nuages Porte-moi au-dessus des grandes montagnes neigeuses J’entendrai le son de tes ailes Porte-moi là-bas sur tes épaules Porte-moi jusqu’au Monde Inférieur J’entendrai le son de tes ailes…
Chapitre 9
La femme-médecine s’immobilisa et prêta l’oreille ; elle entendait souvent les chants qui flottaient vers l’entrée du canyon de l’Esprit. Mais Charlie s’éloignait de plus en plus, perdait le contact avec les anciennes coutumes qui soutenaient le Peuple depuis l’aube des temps.
Chapitre 6
Mais Charlie Moon ne cédait pas aux pensées dérangeantes qui empêchent des âmes moins fortunées de dormir jusque tard dans les profondeurs de la nuit. (...)
Cette nuit-là, il roula dans son lit et s’égara bientôt dans le paysage infini et toujours changeant de son esprit Lorsqu’un rayon de lune froid s’infiltra doucement par la fenêtre et lui caressa le visage, le rêve commença de manière assez innocente, sans laisser en rien deviner ce qui allait suivre.
Chapitre 1
La Sécheresse ne voyageait pas seule ; chancelantes, main dans la main, la Famine et la Maladie suivirent avec quelques pas de retard à peine. Le moment venu, la Mort, sous la forme d’une petite chouette grise, se posait sur la tête de ceux qui étaient appelés vers le monde des ombres.
Chapitre 1