"L'Albane a peint de grands tableaux d'église, dans lesquels il y a de fort belles choses : mais ils ont moins et méritent moins de célébrité que ses petits tableaux, où son originalité est bien plus frappante. On peut dire même qu'il approche d'autant plus de la perfection, qu'il les a faits plus petits : cela peut se prouver par les deux, si connus, dont l'un représente Apollon et Daphné et l'autre Salmacis et Hermaphrodite : le paysage de ce dernier est admirable ; et dans l'un et l'autre, le charme de la forme et de la couleur, celui de l'exécution s'y trouvent réunis au charme de la pensée.
En peignant quelques sujets sévères, il a prouvé qu'il n'était pas né pour ce genre. Dans tout ce qu'il a fait, sous mille formes différentes, il n'offre guère qu'une seule expression, celle d'une joie tranquille, celle de ces douces émotions qui durent plus que des plaisirs bien vifs, l'expression du bonheur de tous les jours : la vie qu'il a répandue dans ses ouvrages est celle d'un ruisseau qui serpente au milieu des prairies. Les rigoristes de la peinture qui ne pensent pas que L'Albane mérite toute la gloire qu'il a acquise, ne doivent cependant pas être étonnés qu'avec tant de moyens de plaire, il ait eu de si heureux succès : que de choses dont on peut se passer quand on a reçu le don des grâces ! "
(Jean-Joseph Taillasson - Peintre et critique français (1745 – 1809)
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Unis par des oeuvres communes à leurs débuts à Bologne, la personnalité des trois Carrache s'affirme peu à peu dans des chemins différents, exerçant sur l'art italien du XVIIe siècle, une profonde influence. C'est auprès de leur atelier, et en particulier auprès d'Annibal qu'il voit à Rome, que L'Albane fait l'apprentissage des fresques et des compositions monumentales.
Un axe Bologne-Rome domine la peinture italienne du temps de l'Albane, qui contient en germe toutes les richesses de l'art du Seicento : le premier naturalisme des Carrache évolue à Rome vers un classicisme riche de possibilités, que le souffle baroque d'un Guerchin ou d'un Lanfranco balayera, tandis que la révolution crue du Caravage fait de spectaculaires émules.
Boucher et Fragonard ont beaucoup admiré L'Albane et l'ont beaucoup copié, et à partir du moment où on les trouvait légers et frivoles, on ne pouvait que penser la même chose de L'Albane.
Le langage allégorique lui était de même particulièrement familier.. Son originalité réside dans la réunion inédite parce qu'accidentelle de sujets comme ceux de l'Histoire de Vénus.
L'Albane était lettré et connaissait extrêmement bien sa mythologie. Il se désespérait de ne pas savoir le latin, mais avait lu les Métamorphoses d'Ovide.