L'origine provinciale de Lubin Baugin (né à Pithiviers, près d'Orléans) ne lui permet pas d'entrer dans la confrérie des peintres parisiens et de traiter certains sujets (histoire, portraits ...), aussi, s'installe-t-il à l'Abbaye de Saint-Germain-des-Prés, qui accueillait les peintres provinciaux ; Il est reçu, en 1629, maître peintre de la corporation de Saint-Germain-des-Prés, et c'est à partir de ce moment qu'il peint ses natures mortes.
Entre 1632 et 1640, Baugin se rend en Italie. Mais aucun document ne permet actuellement d'être sûr des oeuvres qu'il réalisa durant ce séjour. Toujours est-il qu'il revient en France chargé de l'influence des peintres italiens comme Corrège, Parmesan et Raphaël, vers lesquels son inspiration va désormais se tourner. Installé à Paris, il devient maître peintre dans la corporation parisienne et peut pratiquer les genres les plus nobles, pour une clientèle officielle : grands tableaux de sujets mythologiques, retables et décors sacrés. Il est alors au sommet de sa gloire et entre, en 1651, à l'Académie royale de peinture et de sculpture, d'où il sera exclu.
Après sa mort, en 1653, il tombera rapidement dans l'oubli pendant près de deux siècles.
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Le fait que la nature morte ne constitue qu'un bref épisode dans la carrière de Baugin est porteur d'une signification importante pour la compréhension de l'époque : l'influence de la hiérarchie des genres. Baugin a en effet délaissé la nature morte, genre réputé mineur, après l'avoir élevée à un niveau exceptionnel. Il a dû, en effet, assez vite mesurer le fait que seule l'expérience de la peinture d'histoire lui permettrait d'approfondir son art, tout en lui permettant, sans doute, une vie plus riche.
On peut saisir l'originalité de Baugin en notant simplement qu'il ne s'inscrit dans aucun des courants qui ont marqué la peinture française de 1630 à 1660. Lubin Baugin n'appartient ni au caravagisme, ni ne semble affecté par le "grand lyrisme" de Vouet, ou même par le classicisme érudit de Poussin. En puisant seulement dans les modèles laissés par les grands maîtres de la Renaissance, il s'est forgé une manière personnelle qui rejoint parfois tout l'idéal artistique de la Régence.
"Au second rang, à bonne distance de ces maîtres (Poussin, Vouet, Valentin, les Le Nain, Le Sueur, Le Brun). Mais non dans la cohorte des disciples habiles ou des suiveurs ingénieux". Cette évaluation de la place de Baugin dans l'histoire de la peinture française a été formulée en 1963 par Jacques Thuillier
Soit par nécessité (il connaît les lacunes de sa formation) soit par inclination personnelle , il se tourne d'instinct (par delà l'école des Carrache) vers les prototypes de la Haute Renaissance abondamment représentés dans les riches collections italiennes.