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Faton (01/02/2015)
5/5   1 notes
Résumé :
Le château d’Écouen, construit dans les années 1540 par le connétable Anne de Montmorency, figure majeure de la cour de France, sert aujourd’hui d’écrin au musée national de la Renaissance. Des meubles à l’orfèvrerie en passant par les vitraux, les armes et la sculpture, le château abrite des pièces exceptionnelles, reflets d’une époque, de son histoire et surtout de l’incroyable dextérité de ses artistes.

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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La Renaissance a son musée et on l'oublie trop souvent ; ouvert en 1977, sur une idée d'André Malraux, au château d'Ecouen, dont on ne saurait que trop conseiller la visite. Bâti sur un ancien site médiéval dont il ne reste rien et reconstruit vers 1538, il offre par son architecture élégante - liée aux noms de Jean Bullant et de Jean Goujon - et ses collections précieuses, issues pour la plupart des réserves du musée de Cluny, un témoignage vivant de la Renaissance française et, d'une manière plus générale, participe au rayonnement de la renaissance européenne. Ce numéro que Dossier de l'art lui consacre en est une superbe mise en lumière. Une visite avant la visite en quelque sorte, ou même après.

Présentons d'abord le maître des lieux, Anne de Montmorency (1493-1567), qui reçut le prénom de sa marraine, Anne de Bretagne. Connétable de son état, ami de François 1er et d'Henri II, dont le portrait par Léonard Limosin - peinture à l'émail sur cuivre datée de 1556, dans son cadre d'époque, conservé au musée du Louvre -, est reproduit en majesté p 83. C'est mon coup de coeur : l'homme à l'air bienveillant, son teint frais surprend et on adore le rendu délicat de l'étole d'hermine qui le fait paraître encore plus rose ! Un chef-d'oeuvre renaissant de l'émail peint de Limoges. Les pages réservent bien d'autres surprises.

Revenons à la lecture en son début. Simplicité absolue d'un découpage éditorial faisant passer le lecteur des élévations extérieures novatrices de l'époque, aux amènagements et aux décors intérieurs conservés où se note parfois l'influence de Fontainebleau (lambris, trumeaux de cheminées, escaliers, carreaux de pavement) puis aux nombreux et riches objets de collections en dépôt : mobilier, tapisseries et cuirs, vitraux, céramiques, émaux, verrerie, armes, dinanderie, horlogerie, cadrans solaires, astrolabes etc. On n'a pas forcèment de goût pour tous, mais on ne peut s'empêcher d'admirer, parfois un détail, que la photo et la très belle mise en page mettent en relief. Un parcours passionnant au coeur des arts décoratifs qui donne la pleine mesure du foisonnement artistique et des échanges à la Renaissance, "boostés" par la diffusion des modèles que favorise le développement de la gravure. Sculpteurs, ébénistes, peintres-verriers, lissiers ou céramistes d'ateliers flamands, italiens ou français rivalisent d'ingéniosité et de talent pour placer des arts, qui ne sont pas alors considérés comme mineurs, à un niveau de virtuosité étonnant quand ce n'est pas spectaculaire.

C'est par l'architecture et son vocabulaire repris de l'antique que s'ouvrent les portes du château : plusieurs très belles photos du bâtiment, et notamment, l'incontournable avant-corps de la façade de la cour sud et son ordre colossal spectaculaire abritant les deux captifs de Michel Ange, dans leurs niches (copies). L'exceptionnelle tapisserie de David et Bethsabée étant une autre prouesse qui surprendra le visiteur sur ces lieux, ou encore, la ravissante Daphné d'argent doré coiffée d'un buisson de corail (Nuremberg, 1500), pour laquelle j'ai un petit faible. Pas question de tout recenser.

Le château d'Ecouen tombe dans l'escarcelle des Condé au XVIIe siècle, qui lui préfèrent Chantilly autre possession de notre connétable esthète ; les Condé procèdent à de nombreux transferts. Nombre des trésors des collections ont été détruits ou saisis à la Révolution et confiés ultérieurement au musée des Monuments Français ou plus tard au Museum central des arts, ancêtre du Louvre actuel, qui les remet parfois en dépôt en leur lieu d'origine, ainsi va l'histoire. Ainsi, une belle copie de La Cène, attestée à Ecouen depuis le début du XVIIe siècle au moins, est-elle réinstallée en 1980. Exécutée en 1506-1509 par Marco d'Oggiono, d'après Léonard de Vinci, l'une des plus ancienneps et intéressantes copies qui soient (sur toile), de la célèbre fresque du maître florentin, et qu'on peut voir aujourd'hui dans la chapelle du château : deux pages d'informations complémentaires sur l'histoire de la fresque et des innombrables copies qu'elle a suscitées sont fournies au lecteur.

Le dossier Ecouen "hors les murs", à la fin du numéro, propose aux randonneurs impénitents de retrouver, les oeuvres, les éléments architecturaux ou de décors dispersés. L'autel ainsi que des verrières et une série de 44 vitraux en grisaille (ayant pour thème les amours de Psyché et Cupidon) destinée à la galerie occidentale d'Ecouen, ont été remontés au Château de Chantilly ; de même les originaux des deux captifs de Michel-Ange cités plus haut sont désormais visibles au musée du Louvre qui conserve, par ailleurs, plusieurs autres trèsors d'Ecouen dont la pietà de Rosso Fiorentino, peinte entre 1530 et 1540. Quelques itinéraires complémentaires sont judicieusement conseillés, de l'église paroissiale d'Ecouen jusqu'aux collections des émaux de Limoges. Les plus curieux pourront s'aventurer, hors de France, et prendre contact avec d'admirables collections contemporaines de celles d'Ecouen à Londres (Victoria and Albert Museum), Rome (musée du Vatican), Florence (Le Bargello), Dresde (musée de la Voûte verte) et New York (Metropolitan Museum of Art). Belles perspectives à tous ces voyageurs potentiels.

A pied, à cheval ou à vélo, plus probablement en RER (l'arrivée par la forêt est tout à fait recommandée), précipitez-vous à Ecouen pour une complète Renaissance.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Exécutée par des ateliers bruxellois dans les années 1525, la tenture de David et Bethsabée est reconnue comme l'un des chefs-d'oeuvre de l'art de la tapisserie du XVIe siècle. Avec ses dix pièces rassemblant près de six cents personnages sur soixante-quinze mètres de long, elle illustre le récit biblique du Second Livre de Samuel situé en pleine guerre contre les Ammonites, et dans lequel le roi David s'éprend de la belle Bethsabée. L'histoire est transposée dans le cadre de vie du XVIe siècle, offrant une multitude de détails sur la société de cour à la Renaissance [...]. Si le nom de l'artiste qui en a élaboré les cartons demeure inconnu, de récentes publications permettent d'avancer qu'il pourrait s'agir du peintre flamand Jan Van Roome, dit Jean de Bruxelles, artiste en vogue à la cour de Marguerite d'Autriche, tante de Charles Quint..
Tapisseries et cuirs, Muriel Barbier, (p. 27)
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Le château d'Ecouen fait partie de ces édifices bâtis autour de 1540 qui ont bouleversé l'architecture française, en particulier par la conception de sa distribution intérieure. Il offre l'une des plus remarquables illustrations de la méditation de l'antique à la Renaissance [...].
La chapelle abrite aujourd'hui encore une passionnante copie de La Cène de Léonard de Vinci. La fresque achevée en 1498 pour le réfectoire du couvent de Santa Maria delle Grazie à Milan, avait à ce point fasciné les Français que le roi Louis XII aurait demandé s'il était possible de la détacher du mur pour la transporter en France. A défaut, de nombreuses copies ont été exécutées. L'une des plus anciennes, commandée en 1506 par le doyen de la cathédrale de Sens, Gabriel Gouffier, au peintre Marco d'Oggiono, se trouvait à Ecouen depuis le début du XVIIe siècle au moins. On ignore par quel chemin elle a pu entrer dans les collections du connétable ou de son fils. Compte tenu de la dégradation de l'original milanais, dont la technique a eu du mal à résister au passage du temps et qui a par ailleurs été gravement endommagé lors de la Seconde Guerre mondiale, la Cène d'Ecouen est un témoignage précieux sur le dessein de Léonard [...].
Ecouen et l'architecture de la Renaissance, Guillaume Fonkenel, (p.15).
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C'est également à une saisie révolutionnaire opérée à Ecouen que le Louvre doit de posséder, depuis 1798, l'admirable Pietà de Rosso Fiorentino dans laquelle les coussins supportant le corps du Christ sont ornés des alérions bleus sur fond orangé qui composent les armoiries du connétable. Il s'agit du seul tableau indiscutablement exécuté en France entre 1530 et 1540 par cet initiateur génial du maniérisme.
Ecouen "hors les murs", Alexis Merle du Bourg, (p. 87).
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