Au début du 18e siècle, l'art espagnol se trouvait en crise et on dû faire appel à des sculpteurs et à des peintres étrangers pour exécuter les commandes de la Cour. A partir de Ferdinand VI (1713), les peintres officiels étaient des Italiens.
Puis la peinture espagnole se développa selon un processus d'amélioration continue, mais timide, grâce à l'application de critères académiques, ce qui s'accordait fort peu avec la tradition picturale du pays. Mais le miracle rénovateur devait apparaître telle une secousse, et ce miracle fut Goya.
Goya ne tint pas école : la peinture "goyesque" est un phénomène qui se produisit en plein 19e siècle, alors que l'influence de cet artiste sera sensible chez de nombreux peintres, notamment en France comme en témoignent certaines oeuvres de Delacroix et de Manet.
Goya, un des derniers grands maîtres qui ont contribué à l'avènement de la peinture moderne.
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Goya exprime dans ses toiles sa révolte contre la superstition, l'inutile méchanceté de son temps, la folie, le fanatisme, la sorcellerie.
Les années 1800-1808 sont marquées par la guerre et l'occupation de l'Espagne. Bien que favorable aux réformes politiques, même venant de l'extérieur, il est choqué par la violence et les exactions de l'armée française. Dans ses deux tableaux, 2 de mayo et 3 de mayo, il dénonce vigoureusement la violence du conflit, les répressions sanglantes, le martyr du peuple espagnol.
La politique répressive de Ferdinand VII attisant les luttes fratricides, il décide de s'exiler à Bordeaux, où il décédera.
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" La manière d'étaler la couleur, les effets dramatiques et l'emploi de la lumière rappellent le Baroque mais par son esprit , l' œuvre de Goya appartient tout entière au XIXe siècle. Non seulement ses thèmes sont audacieux , inédits, mais certains aspects de sa technique picturale le sont tout autant. On en voit la preuve dans les peintures monochromes, fantastiques dont il s'entoure vers la fin de sa vie, et encore dans son œuvre célèbre, "le 3 mai 1808", où les condamnés tombent sous le feu du peloton d'exécution, non plus au nom d'une justice divine, mais au nom de la liberté..."
Plongeant ses racines en Aragon, le génie de Goya s'est affirmé avec une même autorité et de façon parallèle dans les portraits de cour et commandes publiques et dans un oeuvre obscur, plus intime, à mi-chemin du cri de révolte et du cauchemar. S'il a gravi les plus hauts échelons de la carrière officielle en peignant les grands, il a donné une place de choix au peuple et aux héros anonymes, conférant à la peinture de l'histoire la force d'un témoignage et faisant de la gravure le lieu de visions troublantes, féroces et poétiques.
Goya passe un tiers de son existence à la Cour, de ses débuts en 1776 comme fournisseur, au faîte de sa gloire en 1800, quand il est nommé premier peintre de la Chambre du roi. C'est là qu'il livre ses premiers chefs-d'oeuvre, reflets d'une Espagne insouciante et heureuse, c'est là aussi qu'il fait le terrible apprentissage de la clairvoyance pour porter un regard sans concession sur ses contemporains.
Deux géants de l'histoire de l'art marquèrent profondément le génie de Goya : Vélasquez pour la peinture et Rembrandt pour la gravure. Comme le maître du Siècle d'or hollandais, Goya grave inlassablement : des premières planches à la pointe sèche aux lithographies réalisées à plus de soixante-dix ans, il crée un univers magistral et dramatique, où l'allégorie le dispute à l'étrange, la virtuosité technique à la générosité créatrice.
Francisco Goya peignit tout au long de sa carrière près de 230 portraits ; le genre était avec la peinture d'histoire et la peinture religieuse l'un des plus nobles. Goya y révèle une étonnante acuité psychologique, servie par une magistrale économie de moyens et un sens inné de l'élégance. Ses portraits, tour à tour bouleversent, émeuvent et charment, quand il ne crèvent pas la baudruche des vanités humaines.