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Crime et châtiment tome 2 sur 3
EAN : 9782742709106
496 pages
Actes Sud (06/11/1996)
4.5/5   70 notes
Résumé :
Seul l'être capable d'indépendance spirituelle est digne des grandes entreprises. Tel Napoléon qui n'hésita pas à ouvrir le feu sur une foule désarmée, Raskolnikov, qui admire le grand homme, se place au-dessus du commun des mortels. Les considérations théoriques qui le poussent à tuer une vieille usurière cohabitent en s'opposant dans l'esprit du héros et constituent l'essence même du roman. Pour Raskolnikov, le crime qu'il va commettre n'est que justice envers les... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Comment aligner une suite de phrases à propos un roman que l'on considère comme le plus grand jamais écrit ? Je ne vous ferai certes pas l'injure de vous balancer brutalement un résumé de ce roman fleuve, tout le monde ou presque connaît au moins l'histoire de cet étudiant sans le sou, Raskolnikov, assassinant une usurière dans un bâtiment lugubre de Petersbourg en ce milieu d'un XIXème siècle agité. Ce livre écrit entre 1864 et 1866 est régulièrement estampillé comme le plus grand chef d'oeuvre fictionnel de l'Histoire de la littérature. Pourquoi tant d'enthousiasme ? Sans doute parce qu'il aborde plus ou moins en détails la plupart des thèmes majeurs de l'âme humaine. Mais aussi parce qu'il est une sorte de détonateur de toute une littérature mondiale, il est cette espèce de pont entre la littérature classique du XIXème siècle et celle à venir. Il est à la fois roman philosophique, étude psychologique assez poussée, travail psychanalytique voire psychiatrique. C'est également une étude sociologique fouillée, le culte du surhomme est de plus largement développé, et une réflexion quoique encore esquissée du féminisme encore balbutiant dans des cerveaux mâles du siècle numéro dix-neuf. Mais c'est peut-être surtout l'ancêtre du thriller psychologique où même l'erreur judiciaire est traitée. C'est enfin à l'évidence un livre politique. Il a été dit ou écrit quelque part que les personnages de DOSTOIEVSKI étaient les premiers à avoir autant été élaborés dans la littérature, ils ne sont pas tout d'un bloc, ils sont éminemment complexes. C'est plus que vrai dans « Crime et châtiment » où même les seconds couteaux sont difficiles à cerner, oscillant sans cesse ente le bien et le mal, les mauvaises pensées et la rédemption. La force de DOSTOIEVSKI est qu'il laisse parler ses personnages sans jamais s'immiscer, de sorte qu'il est difficile voire impossible de savoir où se positionne l'auteur. Si Raskolnikov en est le personnage principal, c'est peut-être le juge Porphiri qui guide toute l'action, un type comme il n'en avait jamais été inventé auparavant, avec un flair touchant au génie, un recul et une fausse candeur forçant le respect. Oui « Crime et châtiment » est bel et bien un thriller, bien qu'il soit infiniment plus que cela. Les deux face-à-face entre Raskolnikov et Porphiri (dans certaines traductions il s'appelle Prophyre) sont sans doute les plus beaux duels de toute la littérature. Raskolnikov est cet étudiant qui a dû stopper ses études par manque d'argent. Mais il donne aux pauvres, chaque fois qu'il a de l'argent il le redistribue tel un mécène, un sauveur. Il possède un coeur énorme, une sensibilité exacerbée, mais une fierté et un culte de la personnalité qui le perdra. Il est à coup sûr une figure résolument christique. Seulement voilà : il a tué. Porphiri est passionnant à suivre. Juge qui ne paie pas de mine, c'est pourtant ce personnage qui a inspiré Columbo (selon moi la plus grande série ayant existé, par ses enquêtes complexes et implacables, et bien sûr par son inoubliable lieutenant à l'imperméable râpé. L'autre influence majeure de l'accouchement de Columbo semble être « le petit docteur » de SIMENON soit dit en passant). Lorsque l'on connaît bien l'univers de Columbo et que l'on relit « Crime et châtiment », cette gémellité saute aux yeux, est saisissante. Un simple exemple parmi tant d'autres : « Si je l'arrête trop tôt, notre homme – même si je suis persuadé que C'EST LUI – c'est moi-même, n'est-ce pas, que je prive des moyens de le démasquer ultérieurement et, ça, pourquoi ? Parce que je lui donne, pour ainsi dire, une position stable, pour ainsi dire, je le prépare et je l'apaise, psychologiquement, et il rentre dans sa carapace : il comprend enfin qu'il est prisonnier ». Mais d'ailleurs, tout « Crime et châtiment » n'est-il pas la trame première de Columbo ? Dès le meurtre de l'usurière, on sait que c'est Raskolnikov qui l'a commis. Mieux : on sait AVANT le crime qu'il va l'assassiner. Ne croyez pas avoir là un roman lugubre et austère. En effet, certaines scènes, par ailleurs très théâtrales, sont cocasses voire hilarantes (l'auteur se lâche enfin). Pourtant elles sont jouées par des âmes perdues, torturées au dernier seuil. Revenons à Prophiri, personnage très peu présent dans le récit, mais dont l'ombre porte pourtant la majeure partie du récit. le roman va basculer, le « héros » Raskolnikov va, à un moment très précis, d'une manière comme imprévue, juste après sa deuxième et dernière entrevue en duel avec Prophiri, totalement changer. Quelle est la dernière phrase de Porphiri à l'issue de cet ultime entretien ? « de bonnes pensées, de bons commencements ». Lorsqu'on est plongé au coeur de l'action, cette phrase sonne comme visionnaire, seul Porphiri a pu prévoir ce revirement chez Raskolnikov. Je me risque à dire que Raskolnikov et Prophiri sont peut-être les deux personnages de fiction les plus réussis, les plus aboutis (les plus emblématiques ?) de toute la littérature, en tout cas de celle qu'il m'a été permis d'explorer. le génie de ce bouquin vient aussi du fait qu'il a été écrit par un romancier qui n'écrivait pas très bien (les critiques sont à peu près unanimes), un style un brin balourd, des répétitions à foison, des hésitations nombreuses, répétitives elles aussi. D'un style bancal DOSTOIEVSKI en sort la substantifique moelle, un coup d'éclat unique puisque l'on finit par ne plus penser au style mais bien à l'affaire, plongés que nous sommes dans le coeur même des protagonistes. Je n'avais encore jamais lu un roman pour la troisième fois, c'est désormais chose faite avec ce « Crime et châtiment » laissant sans voix. Cependant c'est une première avec la traduction au cordeau d'André MARKOWICZ, spécialiste de l'écriture de DOSTOIEVSKI. Contrairement à tous ( ?) les traducteurs précédents, MARKOWICZ a pris le parti de présenter DOSTOIEVSKI exactement comme il écrivait, avec les hésitations, les lourdeurs, les répétitions afin d'être au plus près de l'auteur, être le plus « vrai » possible, ne pas trahir ni embellir. Jusqu'ici, on tentait de bonifier, de fluidifier l'écriture de cet écrivain. MARKOWICZ met la plume dans le cambouis et refuse tout subterfuge. Il en résulte un moment rare, comme si soudainement nous étions en mesure de lire un manuscrit russe à partir de la langue originale. Nous découvrons un DOSTOIEVSKI qui écrit ses dialogues comme ceux-ci pourraient réellement avoir lieu dans la rue entre quidams, avec ces onomatopées, ces erreurs de conjugaison, ces hésitations. Mais il suffit, étant donné que je pourrais écrire des heures et noircir des pages sur ce chef d'oeuvre, il vaut mieux s'en tenir là, respirer un bon coup, et se dire qu'il va être difficile à l'avenir de lire un bouquin aussi fort, aussi dense, aussi varié dans ses thèmes, aussi prenant. En d'autres mots, aussi parfait. Troisième rencontre et troisième sensation singulière d'être abandonné en quittant ce récit, de se retrouver face à un vide palpable, immédiat. Et si je me sens trop seul et désire retrouver cette puissance incarnée par Raskolnikov et Porphiri, un petit Columbo ne sera jamais de trop, tel un placebo qui ferait son effet. Et je me plais à imaginer les lecteurs et lectrices qui ont découvert ce « Crime et châtiment » à sa sortie sous forme de feuilleton (comme souvent à l'époque), n'en pouvant plus d'attendre la suite et se rongeant les ongles jusqu‘au sang, voire jusqu'au moignon.
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La deuxième partie est bien plus bouleversante, c'est l'heure du châtiment et quel châtiment? Purement psychologique, le bagne n'intervient qu'à la fin de cette partie...
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Nous avions laissé, à la fin du premier volume, l'assassin Raskolnikov face à la surprenante visite de Svidrigaïlov.
L'histoire suit son cours. Après le crime, vient le châtiment. Si, presque jusqu'au bout, le personnage principal sera convaincu des motifs qui l'avaient poussé à tuer la vieille, il n'en souffrira pas moins. Cette seconde partie est encore plus terrible que la première ! Pulchérie, Advotia, Sonia, Catherine... Que de tourments, que d'interrogations, que de larmes ! Une véritable torture, que Dostoïevski transmet si bien au lecteur que j'en ai été moi-même bouleversée !
Une oeuvre d'art, écrivais-je pour conclure ma critique du premier tome. Je répète l'expression ici : Crime et châtiment est une merveille, certes sombre et terrible, mais une merveille tout de même. Ce roman m'a captivée et il m'aura fallu moins d'une semaine pour en venir à bout, tant il m'a plu !

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Le bonheur de lire un chef d'oeuvre de près de 1000 pages. Et il n'y a aucune ironie quand je dis ça.

Fin du 19 eme siècle, Saint Petersbourg, Rodion Raskolnikov est un ancien étudiant tombé dans la pauvreté, qui doit vendre ses biens à une vieille usurière pour survivre.

Son esprit torturé et sa conception du crime le convainquent de tuer cette vieille femme, qui « pratique des taux de juifs, est mauvaise et dévore son prochain, tourmente et exploite sa propre soeur cadette ».

Après le(s) crime(s), Raskolnikov est atteint d'une violente fièvre et divague. Il devient paranoïaque. Il faudra atteindre la dernière partie pour que la quatrième de couverture s'avère véridique : la torture mentale est trop forte, son corps et son esprit sont à bout, il ne peut plus vivre avec ce qu'il a fait, Rodion se dénonce et purge son châtiment au bagne en Sibérie.

Mais son vrai châtiment n'est pas le bagne. Il ne sera jamais un grand homme avec ce qu'il a fait. Peut-il encore racheter sa rédemption et son humanité ?

Un roman magnifique que j'ai dévoré. J'ai eu la chance de le lire pendant mes vacances d'été et ai pu lui consacrer le temps nécessaire. Il m'a ainsi paru facile d'accès malgré la multitude de personnages et l'utilisation constante de diminutifs. Mais Ce roman, c'est aussi un marathon dont on sort épuisée mais fière. Mais épuisée. Mais fière !
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Quelques citations :
p. 287 : "...elle ne m'a pas dit un mot", se sentit soudain se dire Raskolnikov.
p.301 : -Je suis venu m'expliquer, mon bon Rodion Romanytch, pour m'expliquer que je suis venu ! Je vous dois une explication, c'est un devoir que j'ai...
p. 327 : ...il avait comme besoin de lui comme pour quelque chose.
J'arrête là car des redondances de ce genre sont multiples tout au long du roman. D'autre part, la multiplication des virgules due au style oral rend la lecture assez pénible en ce sens qu'il faut parfois se relire à voix haute pour saisir le sens de la phrase ou de la formule.
Bref, ça ne passe pas ! Je me suis vraiment forcé à achever cette lecture où les personnages sont constamment geignards.
Et le traducteur aura beau expliquer en conclusion de sa postface : "Ici, la culture russe et la culture française sont diamétralement opposée. le traducteur ne peut que signaler cet abîme, et faire avec.", j'ai l'impression que cette traduction est un échec.
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
- Frère, frère, que dis-tu? Mais tu as versé le sang ! s'écria Dounia prise de désespoir.
- Que tout le monde verse, poursuivit-il avec violence, qui coule et qui a toujours coulé en cascades sur terre, que l'on verse comme du champagne et pour lequel on est couronné au Capitole et promu ensuite au rang de bienfaiteur de l'humanité ! Mais regarde donc avec un peu plus d'attention et juge ! Moi-même je voulais du bien aux hommes et j'aurais fait des centaines de milliers de bonnes actions pour compenser cette simple sottise, qui n'était même pas une sottise mais simplement une maladresse, car l'idée en soi n'était pas si sotte qu'elle en a l'air maintenant après l'échec... (Tout ce qui échoue semble stupide.) Par cette bêtise, je voulais me créer une situation indépendante, faire un premier pas, me procurer des ressources et alors tout se serait arrangé au mieux de l'intérêt général... Mais au premier pas j'ai trébuché, parce que je suis un lâche ! Tout est là ! Néanmoins je ne partage pas votre façon de voir : si j'avais réussi, on me tresserait des couronnes, tandis qu'à présent, l'on me voue aux gémonies.
- Mais voyons, il ne s'agit pas de cela, pas de cela ! Frère, que dis-tu !
- Quoi ! Je n'y ai pas mis les formes, ces belles formes requises par l'esthétique. Ma foi, je n'y comprends décidément plus rien. Lancer des bombes sur la population au cours d'un siège en règle, en quoi est-ce d'une forme plus relevée?
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Et tenez : je suis convaincu qu'il y a beaucoup de gens à Pétersbourg qui parlent tout seuls en marchant. C'est une ville de gens à moitié fous. Si nous avions des sciences, les médecins, les juristes et les philosophes pourraient faire les études les plus précieuses sur Pétersbourg, chacun dans sa spécialité. Rares sont les endroits qui ont une influence plus lugubre, plus, violente plus étrange sur l'âme des gens que Pétersbourg. Et rien que les influences du climat !
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Vois-tu, je ne faisais alors que me demander : "Pourquoi suis-je bête au point que, sachant les autres bêtes, je ne m'efforce pas d'être plus intelligent qu'eux?" Ensuite j'ai reconnu, Sonia, que si l'on attend le moment où tout le monde sera intelligent, on risque d'attendre longtemps... Plus tard encore j'ai compris que cela ne se produira jamais, que les hommes ne changeront pas, qu'il n'est donné à personne de les transformer et que cela ne vaut pas la peine de perdre son temps. Oui, c'est ainsi ! C'est pour eux une loi... Une loi, Sonia, c'est ainsi...! Et je sais maintenant, Sonia, que celui qui est fort par l'intelligence et l'âme, celui-là est leur maître ! Qui ose beaucoup a raison chez eux. Celui qui s'en fiche le plus s'impose comme législateur, et celui qui a le plus de toupet a sur tous le dernier mot ! C'est ainsi qu'il en a toujours été, et qu'il en sera toujours. Il n'y a que les aveugles pour ne pas le voir !
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A l'étranger, j'y étais déjà allé, ça m'a toujours rendu malade. Non, c'est-à-dire, l'aube qui se lève, le golfe de Naples, la mer, on regarde, et, je ne sais pas, c'est que, vraiment, on se sent triste ! Non, en Russie, c'est mieux : ici, au moins, on peut toujours accuser les autres, et se justifier soi-même.

Quatrième partie
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Au comble de la jouissance, il [Loujine] songeait, dans le secret le plus absolu, à une jeune fille de bonnes mœurs, et pauvre (pauvre, obligatoirement), très très jeune, mignonne, honnête et cultivée, très apeurée, qui aurait éprouvé un grand nombre de malheurs, et tout à fait en dévotion devant lui, une jeune fille qui l'aurait toute sa vie considéré comme son sauveur, serait restée devant lui en vénération, se serait soumise, l'aurait admiré, lui, et lui seul. Combien de scènes, combien de bien doux épisodes avait-il composé en imagination sur ce thème séduisant et joyeux, quand il se reposait, au calme, de ses affaires !
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