AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de ibon


Un classique du XIXème siècle comme on en trouve peu: rythmé avec des descriptions... brèves. de là, cette impression de filer de page en page- il en contient tout de même 600- et de retrouver, après chaque pause, ce roman policier comme on retrouverait un ami. Sa parution en feuilleton doit y être pour quelque chose, on ressent la dynamique du récit avec un suspense renouvelé à chaque chapitre.

Le personnage principal est Raskolnikov. Un jeune étudiant qui médite, doute, fuit les autres et ses études à l'université car il ploie sous les dettes. Son ambition de devenir quelqu'un le dévore. Mais ce solitaire est imprévisible, sur un coup de tête, après avoir épuisé toutes ses ressources, il se prépare à commettre l'impensable.
C'est ainsi qu'en appliquant sa théorie qui l'autoriserait à assassiner le pou de la société -la féroce prêteuse sur gages Alela Ivanovna- pour le bien-être d'autrui que les ennuis prennent une autre dimension. N'est pas Napoléon qui veut, même s'il y fait référence, il est conscient que les "assassins de l'histoire" ont plus de droit que lui. Raskolnikov a une haute estime de lui mais sans le sou ni le réseau et peut-être pas le courage, il se désespère.

La question centrale du livre, qui est le droit de tuer le parasite de la société non seulement pour la délivrer mais aussi pour se libérer soi-même de contraintes qui nous empêche de progresser, ne devrait pourtant pas faire débat. A cette époque comme aujourd'hui on ne peut transiger sur l'interdiction d'assassiner.

Pourtant j'ai été pris dans cette intrigue et même par ce questionnement qui engage son auteur. A travers le personnage de Raskolnikov, Dostoievski se vengerait-il de cette société qui ne reconnait pas encore son génie à sa juste mesure et de ce fait l'oblige à vivre dans le besoin et surtout loin de ses créanciers? le doute est permis.

C'est aussi un roman social. Une fois de plus avec Dosto, le Pétersbourg de la fin du XIX est vu du côté des "pauvres gens". Et parmi eux, les moins considérés: on y rencontre des poivrots et des prostituées. La question de l'argent y est central. L'argent permet de corrompre et d'asseoir son pouvoir mais l'ignoble fiancé de Dounia va tomber sur un os avec la rencontre avec Raskolnikov qui voit clair dans son jeu.
le contexte politique de l'époque appuie ce propos avec le développement des idées du socialisme qui vont bouleverser la société russe dans la génération suivante.

Au delà de ce débat original sur le meurtre permis, ce roman est vraiment plaisant à lire car on est étonné de savoir jusqu'à quel point les personnages dépassent leur folie. On ne s'attend pas à lire des situations atteindre un tel paroxysme. Comment peut-il écrire cela?
Tout simplement un chef d'oeuvre peut-être parce que Dostoïevski y a mis son sang et son coeur.
Commenter  J’apprécie          605



Ont apprécié cette critique (56)voir plus




{* *}