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Critique de kuroineko


A l'image de la Montagne magique de Thomas Mann ou encore de Middlemarch de George Eliot, Crime et Châtiment fait partie de ces livres qui, de façon irrationnelle, me font peur tout en m'attirant.

J'ai pourtant fini par tourner la première de couverture... et me suis fait irrémédiablement happée dans les méandres ténébreux de la psyché de Raskolnikov. Dostoïevski pousse très loin l'étude introspective de son personnage, amené à assassiner une vieille femme acariâtre, âpre usurière et mauvaise comme une teigne. Néanmoins un être humain à qui il a ôté la vie. Certes, des meurtres, il en arrive fréquemment à Pétersbourg comme ailleurs. Pourtant, avec Raskolnikov, on aborde une personnalité de criminel différente. Si le vol représente un des buts de l'ancien étudiant desargenté, sa véritable motivation est très loin au-dessus de ce matérialisme somme toute vil et "banal".

Dostoïevski associe à son héros toute une galerie de personnages dont les interventions vont influer avec plus ou moins de force sur un Raskolnikov en proie à un état de paroxysme nerveux après son acte. Cette situation l'emporte même aux frontières de la folie, ce que constatent et craignent ses proches, à commencer par l'indéfectible Razoumikhine, autre étudiant pauvre mais d'un tout autre tempérament. La mise en contraste de ces deux jeunes hommes forme d'ailleurs une part importante du roman où l'un choisit le labeur quand Raskolnikov s'enfonce à sa sortie de l'université dans une oisiveté noire et morbide.

Outre l'intrigue principale, l'auteur mêle avec maestria les destinées et récits d'autres protagonistes, offrant ampleur et profondeur à un roman qu'on ne peut considérer que comme magistral. Il s'en dégage certes une certaine noirceur, mais quel force dans chaque page du volume! le tout dans une écriture fluide, très abordable et qui rend l'expressivité des dialogues et des situations exposées particulièrement vraisemblable et marquante.

Je suis heureuse d'avoir surmonté ma timidité face à Dostoïevski; il eut été fort regrettable de passer à côté d'un tel chef-d'oeuvre de la littérature russe et mondiale.
Il me reste encore pas mal de titres qui m'effraient, mais l'envie de partir à leur découverte se fait définitivement plus forte.
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