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Critique de Floyd2408


Dernières miniatures regroupe certains petits textes de Dostoïevski publiés entre 1873 et 1878 composés de huit écrits, au style sans égale du Maitre Russe, distillant parfaitement sa prose à ses courtes nouvelles, cette maitrise de la formule brève et elliptique concentre notre plaisir de ce virtuose de l'instant, figeant l'atmosphère proche avec ses touches picturales phrasées, teintant les humeurs avec justesse, colorant le décor de son regard perçant et froid relevant son être au plus profond de son âme.
Bobok est un terme russe ambigu dans sa traduction originale, mais dans le titre de cette brève nouvelle désigne au plus juste bavardage ou peut être non-sens selon notre humeur à ressentir les émotions de cette parabole mondaine. Ce bref texte sera écrit et publié en 1873 dans le « Gradjanine », le Journal d'un écrivain, étant une chronique de Fédor Dostoïevski, constitué de divers nouvelles et réflexions de 1873 à 1881. le lieu de cimetière reste un spectacle sombre pour ce personnage aux proies aux doutes de l'écriture venant trouver refuge dans l'isolement funeste de la mort faisant écho à son inspiration stérile, la mort dans avec la mort. Puis un chuchotement de voix, au coeur de ce lieu de recueillement attire notre écrivain. Ce spectacle est une inertie de la vie, ce prolongement noircit encore plus le spectacle nauséabonds de ces êtres sans gênes, la débauche hante encore la mort, la vie malsaine se poursuit encore dans l'atmosphère morbide des cimetières, un Platon russe philosophe discourt de sa théorie de la mort comme un écho lointain de ce grand Philosophe, une plaisanterie ironique. L'homme restera dans sa puanteur même après sa mort, une inertie de quelques mois dans le purin humain. Petite réflexion sur la notion particulièrement oxymorique de l'intelligence et l'idiotie voir la folie, cette pensée trouble beaucoup Dostoïevski dans son oeuvre, L'idiot en sera un Sommet. La frontière est invisible entre ses deux esprits, une membrane fine délimite l'intelligence et la folie. Tous ces bavardages seront de la nourriture pour les futurs écrits de cet écrivain …Une nouvelle riche de l'oeuvre de Dostoïevski.

Petites images est une courte nouvelle écrit et publié en 1873 dans le livre le journal intime de l'auteur. Petits Tableaux est aussi le titre de cette nouvelle, parcourant la ville de St Pétersbourg, l'auteur au tumulte de l'écriture flâne l'esprit errant dans ses écrits en cours, glissant soudain dans la perspective Nevsky son regard scrute l'environnement, l'atmosphère pour nous parfaire ce tableau ou c'est petites images de sa ville chérie. L'architecture Pétersbourgeoise ressemble à la littérature russe, prisonnier des inspirateurs étrangers. C'est un mélange incohérent se côtoyant, même la culture américaine s'élève dans ce pays, Dostoïevski écrit avec amertume, « là triomphe le style yankee », fatalisme aussi pour finir par ces mots « …sommes devenus des « business-men ». le début est comme un avertissement pour le lecteur de s'aventurer dans la perspective de Nevsky, ce lieu dangereux par les véhicules rapides dirigés par des cochers pilotes dans le brouillard épais de la ville, une épreuve amusante décrite comme un chalenge mortel. Puis nous basculons dans l'ivrognerie, coutume russe, avec ce dialecte des soulards serpentant les rues, ce chant pullule aux quatre coins des rues comme la mélodie du bonheur des hommes heureux dans une grossièreté vulgaire. Puis Dostoïevski à l'opposé des ivrognes du dimanche, « des moujiks, des travailleurs, des gens de petits métiers qui sont absolument sobres. » errent aussi dans les rues comme des fantômes, loin de la perspective de Nevsky, restant dans leur quartier, pauvrement vêtue à l'européenne, toujours entouré d'enfants de bas âge, relatant la mort enfantine récurrente comme un fléau de cette époque. Puis le promeneur du dimanche poursuit sa quête solitaire rencontrant beaucoup d'enfants, s'imaginant des petits tableaux de leur vie comme une parenthèse, s'évadant dans ses chimères…
Le quémandeur est une brève publiée anonymement en 1873 dans le Citoyen, celle-ci lui fût attribuée en 1960 par V. Vinogradov dans une revue Française. Cette virgule très courte décrit la manière toute naturelle d'obtenir une chose d'une autre par les émotions du soulagement, comme une offrande.
Petites images (en voyage) est une nouvelle écrite et offerte en 1974 à la Cotisation, la caisse commune pour aider les victimes de la famine de la région de Samara en 1873-1874, elle sera publiée dans un recueil collectif, Skladtchina. Dostoïevski aime regarder ce qui l'entoure pour en prendre la quintessence pour l'embraser de ses mots et de sa nature à disséquer les humeurs, les codes sous-jacents et les couches sociales. du train au bateau, les passagers sont des petites concentrations sociales obéissantes à des principes ironiques et surfait. Chaque personnage est le maitre d'arme d'une de ces classes qui l'environnent, un jeu de rôle s'installe lentement et chacun tel des abeilles s'affaire à ses occupations destinées à parfaire son rang sans déraper et devenir la risée des autres. Dostoïevski disserte de la manière dont les russes se comporte dans les moyens de transports lors de voyage comme leur manière d'entrer puis de se rentre à leur place, toujours aussi désordonné, leur timidité, cette envie de recevoir des coups de fouets pour les plus pessimistes, l'approche des autres pour discuter, papoter et autres encore. le train semble rendre les personnes plus proche, plus enclin à l'autre par la proximité que le bateau au contraire augmente la barrière des classes, comme une parade mondaine laissant le rang social décider pour eux, un spectacle navrant et amusant à la fois.
Le garçon « à la menotte », ou le petit mendiant, le titre diverge selon la traduction du petit conte dramatique écrit en 1876 puis publié en janvier 1876 dans le journal de l'écrivain. Comme un souvenir, la rencontre dans une rue d'un enfant de six ans, habillé d'une robe de chambre au coeur de l'hiver, le froid enveloppant les corps, le narrateur prit dans l'émotion de ses sens, s'évade pour imaginer une nouvelle à la limite du réel, un soupir dessinant les contours de sa vision de la vie rude de ses enfants de rue. Cette parabole de l'enfance dans l'inextricable pensée Dostoïevskienne ourle la noirceur immaculée des rues de St Pétersbourg, l'alcool, la pauvreté, la misère, l'abandon habillent les recoins de cette nouvelle. Mais la magie de Noël, les yeux émerveillés de cet enfant devant la beauté de ces fenêtres donnant sur des milieux plus aisés. La religion est le berceau chatouillant de ces âmes mourantes, comme cet enfant endormi dans les songes de sa mort. Mais Dostoïevski se libère de sa fonction de conteur pour exprimer son être écrivain avec cette citation.
« Mais voilà !… Il me semble que tout cela aurait pu avoir lieu en réalité… Surtout la découverte des deux cadavres !…Quant à l'arbre de Noël, — mon Dieu ! — n'est-ce pas un peu pour inventer que je suis romancier ?
Le Moujik Maréï, comme la précédente écrite et publiée en 1876 dans le journal d'un écrivain relate comme les poupées russes le souvenir d'un souvenir d'un souvenir. Dostoïevski n'oublie pas le bagne qu'il a connu dans sa jeunesse, de ce roman les Carnets de la maison morte, témoigne de ce séjour en romançant l'intrigue du bagnard….De ce bagne une histoire lointaine dans le tumulte de la mémoire de l'enfance s'évapore lentement pour resurgir soudainement comme une bouffée d'air, âgé de 9 ans, une peur du loup lui fera rencontrer cet homme cinquantenaire, aux ongles noire de terre le Moujik Maréï le soulagera de sa phobie passagère, avec le christ comme aide et soutien. Ce souvenir, comme une bulle de savon explose dans la tête du prisonnier, allongé dans sa couche, gardant en lui cette ancienne vie comme une échappatoire de sa vie de bagne. Et soudain son regard change sur ces codétenus pouvant être cet homme bon généreux au coeur simple. Et Dostoïevski fini par cette phrase au sens futur de l'histoire….
« Ces pauvres Polonais ont, sans doute, souffert bien plus que nous ! »
La centenaire toujours publié et écrite en 1876 dans le journal d'un écrivain est une courte nouvelle tendre et touchante sur la vieillesse et l'éternelle imagination naturelle de Dostoïevski. La rencontre avec cette centenaire dans la rue, au hasard de ces courses, imagine la vie de cette dame après leur rencontre pour décrire sa famille qui l'accueille, pour faire vivre cette femme comme une parente, un petit éloge funéraire touchante.
La dernière nouvelle courte le Triton. Extrait des promenades estivales de Kouzma Proutkov et d'un ami à lui publié le 10 octobre 1878 dans le Citoyen demeure une petite satire de l'époque suite au contexte politique. l'‘apparition du triton alimente toute les rumeurs possibles, celle de l'Orient, les anglais, les savants russes de l'époque discourent de cette apparition extraordinaire. C'est une histoire extraordinaire faisant référence à Kouzma caressant le comique de cette boutade brève.
Toutes ces petites historiettes sont agréable et laissent mon appétit dévorant pour me plonger dans d'autres écrits Dostoïevskien.
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