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EAN : 978B00SG367IC
(18/01/2015)
4.17/5   6 notes
Résumé :
Il est toujours enrichissant de connaître les commentaires d'un grand écrivain sur un autre grand écrivain. Dans Le Journal d'un écrivain (1876) Dostoïevski consacre un article à la mort récente de George Sand qu'il avait lue et admirée ; il nous apprend qu'elle avait été célèbre en Russie, puis oubliée, et en profite pour évoquer les rapports entre les littératures de son pays et de l'Europe.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
En 1876 George Sand était un écrivain démodé, un personnage moqué en Russie comme en France. Pourtant à l'annonce de la nouvelle de sa mort récente, Dostoïevski comprend la place de choix qu'elle a occupée dans sa jeunesse, le bonheur intellectuel et artistique qu'elle lui a procuré et fait son éloge d'écrivain.

Dans sa jeunesse ( années 1830-40 ), tous les essais politiques véhiculant les nouvelles idées sociales occidentales étaient sévèrement consignées à la frontière. Mais on tolérait les romans, genre futile, fantaisiste ( et féminin). George Sand eut un succès immédiat. On s'efforçait pourtant de la faire passer pour une libertine qui "portait des culottes", de la ridiculiser mais en vain. Elle produisit sur le jeune Fiodor, encore adolescent, une impression énorme : "tout le monde fut frappé par la belle et chaste pureté des types mis en scène, par la hauteur de l'idéal de l'écrivain, par la tenue des récits." Il l' admirait plus que Dickens, plus que Balzac. Elle lui a révélé, par le livre, de nouvelles aspirations et un idéal nouveau. Elle a prêché non seulement en faveur des droits de la femme mais elle s'est associé à tout mouvement progressiste. Il fait d'elle une femme" d'une force d'esprit et d'un talent remarquable". Il aimait ses héroïnes moralement pures, incorruptibles, exigeantes, éprises de devoir et de grandeur, patientes, justes et prêtes à se sacrifier. Des héroïnes à la Jeanne d'Arc, en somme. Il aime toujours ces jeunes filles idéales dans les romans postérieurs et admire particulièrement la nouvelle La Marquise. George Sand est alors lue dans les familles les plus rigides avant qu'on ne décèle chez elle "le poison du féminisme"( il en attend toujours de connaître les effets, glisse-t-il malicieusement).
A la fin des années 1840, George Sand s'était retirée. Pour Dostoïevski "son socialisme, ses convictions, ses espoirs, elle les avait fondés sur sa foi en la perfectibilité morale de l'homme" . Elle aimait peu faire figurer dans ses romans des êtres humiliés et passifs à la Dickens. "Loin de là. Elle campait fièrement ses héroïnes et en faisait presque des reines. "

Lu sur le site gratuit de la beq ( bibliothèque électronique du Québec)
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C'est par hasard que je suis tombé sur le texte qu ' a consacré Dostoiev-
-ski à la mort de l' écrivaine George Sand qu' il a lu. La Mort de George Sand est un texte qui fait partie du Journal d' un écrivain, publié par
Dostoievski en juin 1876. Oui c' est toujours intéressant et enrichissant
de savoir ce qu ' un grand écrivain de la stature de Dostoievski juge un
autre auteur et je pense que ce texte n' est pas une oraison funèbre ou un texte de circonstance dicté par l' évenement c' est à dire la mort de Sand. Dostoievski précise dès le départ que les mots qu" il écrivait sont
de propos délibéré c' est à dire sincère et l' auteur des Frères Karamazov est probe dans ce qu' il dit sur George Sand et là cette dernière reçoit un grand hommage bien mérité.
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Spontanément, je n'aurais pas associé George Sand et Fiodor Dostoïevski... Je connais mieux Sand que Dostoïevski, mais l'une est pour moi une écrivaine attachée à la vie champêtre, avec des personnages féminins aux idéaux moraux élevés - qu'elles soient d'origine humble ou aristocratique, soucieuses d'amour, de tendresse. Les histoires finissent bien, les méchants sont rarement très violents, et s'ils dressent des obstacles, les héros - et les héroïnes les surmontent.
Alors que, de ce que j'ai lu, Dostoïevski est plus proche du réel, plus naturaliste en un sens, avec des personnages représentés tels qu'ils sont, non des idéaux de perfection comme Lélia, mais avec des défauts et même des vices (alcoolisme, violence parentale, ambition, désir de parvenir...). Loin de la lumière des personnages de Sand, ce sont les bas-fonds de l'âme humaine que nous présente Dostoïevski.
Mais en lisant ce qui est ici non une critique mais un hommage, j'ai trouvé finalement de nombreux points communs. L'oeuvre de Sand n'est pas si sentimentale voire sentimentaliste que cela, il y a parfois de la noirceur - Lélia justement finit mal, dans la violence. Un de ses romans s'appelle d'ailleurs "La ville noire", où elle observe justement de façon assez naturaliste sa société contemporaine en pleine mutation industrielle et sociale. Aujourd'hui, on peut avoir du mal à comprendre les accusations de libertinage dont elle faisait l'objet - ses contemporains différenciant mal l'écrivain public au masculin de la femme privée, et Dostoïevski revient dessus : ses romans sont parfaitement moraux - c'est ce que je leur reproche d'ailleurs personnellement.
J'ai donc en partie révisé mon jugement sur Sand grâce à Dostoïevski - ou, en tout cas, je me rappelle qu'il ne faut pas la réduire à quelques oeuvres. Et j'ai me semble-t-il un peu mieux compris l'oeuvre de Dostoïevski, ou une partie en tout cas. Oui grâce à ce texte j'ai compris me semble-t-il qu'il s'intéressait au féminisme, ou en tout cas à la cause féminine. Pour ne parler que de ses deux romans les plus connus, Dounia, Sonia, Nastasia, Aglaë... sont des personnages féminins très forts, complexes. Je m'interrogeais lors de ma lecture de l'Idiot, n'étant pas totalement sûre que les personnages fassent référence au féminisme, mais oui, dans ce texte, j'ai bien eu l'impression que Dostoïevski est féministe, il célèbre George Sand en tant que femme, en tant qu'artiste, en tant qu'artiste engagée et en tant qu'autrice (je ne sais pas comment le mot est écrit dans la langue originale, mais le sens du mot doit bien être compris au féminin à la fin de ses réflexions en tout cas).
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Livre lu en ligne car entré dans le domaine public. Lu quelques semaines après voir découvert La Petite Fadette de George Sand.

Dostoievski évoque ici son admiration pour George Sand, son écriture et ses convictions.
Il écrit ce texte à la mort de l'auteure française.
Il précise l'avoir beaucoup lue depuis son enfance et montre ici qu'elle a laissé une trace à la fois littéraire mais aussi dans l'esprit des russes et l'avancée de la société russe. Il dépeint quelqu'un qui mettait sa littérature au profit de la générosité et de la bonté. Ses personnages, majoritairement féminins, étaient naturellement bons et oeuvraient à rendre les autres personnages bons.

L'auteur russe conclut sur le fait que chaque femme devrait pleurer George Sand car elle représentait un modèle à l'immense talent.
Superbe hommage à George Sand qui donne envie de (re)lire cette auteure.
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Quel bel hommage de la part d'un grand écrivain comme Dostoïevski à une grande dame de la littérature française.
Ce témoignage est touchant et même s'il y a quelques erreurs, cela n'enlève rien à l'intention.
La distance, à l'époque, n'empêchait pas l'information de circuler jusqu'aux personnes cultivées.


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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Les femmes de l'univers entier doivent à présent porter le deuil de George Sand, parce que l'un des plus nobles représentants du sexe féminin est mort, parce qh'elle fut une femme d'une force d'esprit et d'un talent presque inouïs. Son nom dès à présent devient historique, et c'est un nom qu'on n'a pas le droit d'oublier, qui ne disparaîtra jamais". ( 1876)
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J'avais seize ans, je crois, quand je lus une de ses œuvres de début, l'une de ses plus charmantes productions. Je m'en souviens bien ; j'en eus la fièvre toute la nuit qui suivit ma lecture. Je ne crois pas me tromper en affirmant que George Sand prit, pour nous, presque immédiatement, le première place dans les rangs des écrivains nouveaux dont la jeune gloire retentit alors par toute l'Europe.
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Et pourtant, ce n' est qu' après avoir lu la nouvelle de cette mort,que j' ai compris
toute la place que ce nom avait tenu dans dans ma vie mentale, tout l' enthou-
-siasme que l' écrivain-poète avait jadis excité en moi, toutes les jouissances
d' art, tout le bonheur intellectuel dont je lui était redevable. J' écris chacun de
ces mots de propos délibéré, par ce que tout est la vérité littérale.
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il est non moins clair que les femmes de l'univers entier doivent à présent porter le deuil de George Sand, parce que l'un des plus nobles représentants du sexe féminin est mort, parce qu'elle fut une femme d'une force d'esprit et d'un talent presque inouï.
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Oh, certes, il se trouvera des gens pour sourire de l' importance que j' attri-
-bue à l' action de George Sand, mais les moqueurs auront tort. Bien du
temps s' est écoulé; George Sand elle-meme est morte, vieille, septuagé-
-naire, après avoir peut-etre longtemps survécu à sa gloire .
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Quel est le plus impressionnant des romans russes ? Un roman-fleuve, une dinguerie sublime qui met en scène quatre frères qui sont surtout quatre fils, autour d'un père détesté et détestable ?
« Les frères Karamazov » , de Dostoïevski, c'est à lire en poche chez Actes Sud Babel.
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