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L'Adolescent tome 1 sur 3

André Markowicz (Traducteur)
EAN : 9782742714551
528 pages
Actes Sud (12/01/1998)
4.11/5   31 notes
Résumé :
Des cinq grands romans de Dostoïevski, L Adolescent est l'avant-dernier, et aussi le moins connu. Il a pourtant un magnifique sujet, un foisonnement de thèmes, une technique romanesque solide. Le sujet : le passage à l'âge adulte d'un jeune homme ambitieux, malheureux, avide et le conflit entre père et fils. Les thèmes : l'enfant sans bonheur, l'homme fort, l'argent, l'Occident, l'avenir de la Russie, le socialisme, la société future, le mouvement révolutionnaire, e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La critique porte sur les deux tomes.

L'Adolescent est tout ce que l'on peut attendre d'un roman de Dostoïevski : bavard, touffu, dense, riche, indigeste, improbable, incompréhensible, profondément russe. Il n'est évidemment pas à l'image d'un grand Crime et Châtiment, ou Karamazov.

Les personnages de Dostoïevski, comme cherche à le rendre Markowicz, sont poussés par un démon de la parole : ils ont ce besoin irrépressible de communiquer, tout en ne sachant pas eux-mêmes exactement ce qu'ils souhaiteraient dire.

On suit donc les premiers pas dans le monde d'un bâtard, qui se rêve en Rotschild, et qui n'a de cesse de parler de sa "grande idée", qu'il ne théorise que maladroitement. Une idée fixe de gloire qui le ronge et qui est son moteur. Dostoïevski développe un personnage soumis au rêve de parvenir, mais qui perçoit toute la difficulté d'advenir : il lui faudrait toute une volonté qu'il ne possède pas.

Tous les événements et les personnages se croisent et s'enchaînent, dans une narration confuse et chaotique, dans une apparence de vaudeville mystique. Dostoïevski a souvent du mal à achever ses histoires, leur ajoute des épilogues, parfois prodigieux, parfois répétitifs. Celui-ci permet de comprendre comment Dostoïevski cherche à communiquer ses interrogations sociologiques et esthétiques. Cette narration fleuve et indigeste trouve un contrepoint très intéressant dans la lettre qui clôt le roman.

Comme si finalement, alors qu'il a longtemps été traduit dans un style XIXe typiquement français, il présentait ses excuses pour la grossièreté apparente de sa prose, du fait d'une beauté qu'il ne peut pas encore saisir, s'exprimant dans le Chaos de son époque, pouvant potentiellement commettre des erreurs d'appréciation. Et plutôt que de se lancer dans une fresque historique, comme son concurrent Tolstoï, permettant à chacun de se retrouver dans une époque observable et concevable et de souhaiter que les chimères du passé soient encore possibles, il choisit au contraire, par la narration d'un adolescent, de chanter l'adolescence des temps inconnus et troubles à venir :

"Je l'avoue, je ne voudrais pas être le romancier d'un héros issu d'une famille fortuite !

Travail ingrat et dénué de belles formes. Et ces types aussi, ils sont encore dans la vie courante, et c'est pourquoi il est même impossible qu'ils soient artistiquement achevés. On peut commettre des erreurs graves, exagérer, passer sans voir. de toute façon, il faudrait deviner bien des choses. Mais que doit faire, pourtant, un écrivain qui ne voudrait pas écrire seulement dans le genre historique et que taraude la nostalgie de l'actuel ? Deviner et... se tromper"

Une dernière formule qui sonne à la fois comme l'essence d'Arkadi, et comme une réflexion sur l'art poétique de Dostoïevski, rarement exprimée aussi nettement au coeur de son oeuvre, du maître qui cherche à donner un écho harmonieux à la géniale cacophonie de son style.
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Ce roman est un chef d'oeuvre dans la même lignée que Crime et Châtiment, Les possédés ou Les Frères Karamazov ! A ne pas manquer, pour tous ceux qui sont envoutés par le style de Dostoievsky et ses personnages !
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Quand l'Etat est régi par une classe dominante la terre est toujours forte. La classe dominante a toujours son honneur et sa doctrine de l'honneur, qui peut être fausse, mais qui sert presque toujours de lien et renforce le pays ; c'est utile moralement, et surtout politiquement. En revanche, ce sont les esclaves qui souffrent, c'est-à-dire ceux qui n'appartiennent pas à cette classe. Pour qu'ils ne souffrent pas, on égalise les droits. C'est ce qui est fait chez nous, et tant mieux. Mais, d'après toutes les expériences, partout jusqu'à maintenant (je veux dire en Europe) une égalisation des droits a toujours entraîné un abaissement du sentiment de l'honneur, et, par là même du devoir. L'égoïsme a remplacé l'idée unificatrice, et tout s'est fragmenté en liberté des individus. Les hommes libérés, à la fin, se retrouvant sans pensée unificatrice, perdaient tellement tout sentiment d'union qu'ils en venaient à arrêter de défendre cette liberté qu'ils avaient reçue. Mais le type russe de la noblesse n'a jamais ressemblé au type européen. Notre noblesse, même maintenant qu'elle a perdu c'est droits, pourrait encore rester une classe dominante, en tant que gardienne de l'honneur, des lumières, de la science et de l'idée supérieure, et, ce qui est l'essentiel, sans s'enfermer cette fois dans une classe à part, ce qui serait la mort de l'idée. Au contraire , chez nous les portes de la classe ne sont ouvertes que depuis trop longtemps ; à présent, le temps est venu de les ouvrir une fois pour toutes. Que chaque exploit dans l'honneur, dans la science ou le courage donne le droit à chacun d'entrer dans la catégorie supérieure des hommes. De cette façon, la classe, d'elle-même, ne sera plus qu'une réunion des hommes les meilleurs, au sens littéral et le plus juste, et non au sens d'avant, celui d'une caste privilégiée. Sous cette forme nouvelle, ou, pour mieux dire, renouvelée, la classe pourrait sur survivre.
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Du reste, il m'a tout de suite assuré que ma mère s'était mise à l'aimer par "abaissement" ; il aurait pu encore inventer que c'était par droit de servage ! Un mensonge, pour le chic, un mensonge contre sa conscience, contre l'honneur et la noblesse d'âme !
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- Moi, si j'avais un revolver, je le tiendrais caché, je ne sais pas, à double tour. Vous savez, je vous jure, ça attire ! Moi, peut-être, je n'y crois pas, à l'épidémie de suicides, mais, si ça reste à briller devant vos yeux
-je vous jure, il y a des minutes, ça peut vous attirer.
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Mais expliquer qui j’ai rencontré, comme ça, d’avance, quand personne n’est au courant de rien, ça fera vulgaire ; même, je pense que, ce ton aussi, il est vulgaire : je me suis promis de m’écarter des joliesses littéraires, et je tombe dans ces joliesses à la première ligne.
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Laissez tomber la Russie, si vous avez cessé d'y croire, et travaillez pour l'avenir - pour l'avenir d'un peuple encore inconnu, mais qui sera fait de toute l'humanité, sans distinction de nations.
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Quel est le plus impressionnant des romans russes ? Un roman-fleuve, une dinguerie sublime qui met en scène quatre frères qui sont surtout quatre fils, autour d'un père détesté et détestable ?
« Les frères Karamazov » , de Dostoïevski, c'est à lire en poche chez Actes Sud Babel.
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