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Citations sur Souvenirs de la maison des morts (Les carnets de la m.. (139)

Je n'aurais jamais imaginé l'horreur et le tourment de ne jamais être seul, pas une fois, pas une minute, durant mes dix années de bagne.
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Un être qui s'habitue à tout, voilà, je pense, la meilleure définition qu'on puisse donner à l'homme.
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Le bagne, les travaux forcés ne relèvent pas le criminel; ils le punissent tout bonnement et garantissent la société contre les attentats qu'il pourrait encore commettre. Le bagne, les travaux les plus pénibles ne développent dans le criminel que la haine, que la soif des plaisirs défendus, qu'une insouciance effroyable. D'autre part, le fameux système cellulaire n'atteint, j'en suis convaincu, qu'un but trompeur, apparent. Il suce la sève vitale de l'individu, l'énerve dans son âme, l'affaiblit, l'effraie, puis il vous présente comme un modèle de redressement, de repentir, une momie moralement desséchée et à demi folle.
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Notre bagne se trouvait à l'extrémité de la forteresse, au bord du rempart. Quand, à travers les fentes de la palissade, nous cherchions à entrevoir le monde, nous apercevions seulement un pan de ciel étroit et un haut remblai de terre, envahi par les grandes herbes, que nuit et jour des sentinelles arpentaient.(...)

Représentez-vous une vaste cour de deux cent pas de long et de cent cinquante de large, en forme d'hexagone irrégulier .Une palissade de pieux éléments, profondément plantés dans le sol, fortement accolés les uns aux autres, maintenus en travers par des lattes, et taillés en pointe au sommet, l'enclôt de toutes parts et forme le mur d'enceinte de notre bagne. Sur un des côtés de la palissade, une solide porte cochère, toujours fermée, toujours gardée par une sentinelle, ne s'ouvre que par ordre pour laisser passer les forçats qui se rendent à leur travail.

Au-delà de cette porte, il y avait le monde lumineux de la liberté. (...) Notre monde à nous n'avait rien d'analogue avec celui-là : c'étaient des lois, des coutumes, des mœurs particulières, une maison mort-vivante, une vie à part et des hommes à part. Voilà le coin que je voudrais décrire.
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Ici il n'y avait que des rêveurs et cela sautait aux yeux. Cela se sentait douloureusement, justement parce que la rêverie communiquait à la majeure partie du bagne un air sévère et sombre, une espèce d'air malsain.

Les prisonniers sont de grands rêveurs.
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L’argent et le tabac préservaient les forçats du scorbut, comme le travail les sauvait du crime : sans lui, ils se seraient mutuellement détruits, comme des araignées enfermées dans un bocal de verre.
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Un type de meurtrier que l’on rencontre assez fréquemment est le suivant : un homme vit tranquille et paisible ; son sort est dur, — il souffre. (C’est un paysan attaché à la glèbe, un serf domestique, un bourgeois ou un soldat.) Il sent tout à coup quelque chose se déchirer en lui : il n’y tient plus et plante son couteau dans la poitrine de son oppresseur ou de son ennemi. Alors sa conduite devient étrange, cet homme outrepasse toute mesure : il a tué son oppresseur, son ennemi : c’est un crime, mais qui s’explique ; il y avait là une cause ; plus tard il n’assassine plus ses ennemis seuls, mais n’importe qui, le premier venu ; il tue pour le plaisir de tuer, pour un mot déplaisant, pour un regard, pour faire un nombre pair ou tout simplement : « Gare ! ôtez-vous de mon chemin ! » Il agit comme un homme ivre, dans un délire. Une fois qu’il a franchi la ligne fatale, il est lui-même ébahi de ce que rien de sacré n’existe plus pour lui ; il bondit par-dessus toute légalité, toute puissance, et jouit de la liberté sans bornes, débordante, qu’il s’est créée, il jouit du tremblement de son cœur, de l’effroi qu’il ressent. Il sait du reste qu’un châtiment effroyable l’attend. Ses sensations sont peut-être celles d’un homme qui se penche du haut d’une tour sur l’abîme béant à ses pieds, et qui serait heureux de s’y jeter la tête la première, pour en finir plus vite. Et cela arrive avec les individus les plus paisibles, les plus ordinaires. Il y en a même qui posent dans cette extrémité : plus ils étaient hébétés, ahuris auparavant, plus il leur tarde de parader, d’inspirer de l’effroi. Ce désespéré jouit de l’horreur qu’il cause, il se complaît dans le dégoût qu’il excite. Il fait des folies par désespoir, et le plus souvent il attend une punition prochaine, il est impatient qu’on résolve son sort, parce qu’il lui semble trop lourd de porter à lui tout seul le fardeau de ce désespoir.
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Notre médecin s’arrêtait ordinairement devant le lit de chaque malade, l’interrogeait sérieusement et attentivement, puis prescrivait les remèdes, les potions. Il remarquait quelquefois que le prétendu malade ne l’était pas du tout ; ce détenu était venu se reposer des travaux forcés et dormir sur un matelas dans une chambre chauffée, préférable à des planches nues dans un corps de garde humide, où sont entassés et parqués une masse de prévenus pâles et abattus. […] Aussi notre médecin inscrivait le faux malade sur son carnet comme affecté d’une « febris catharalis » et lui permettait quelquefois de rester une semaine à l’hôpital. Tout le monde se moquait de cette « febris catharalis », car on savait bien que c’était la formule admise par une conspiration tacite entre le docteur et le malade pour indiquer une maladie feinte, les « coliques de rechange », comme les appelaient les détenus, qui traduisaient ainsi « febris catharalis »[…]
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Il est avéré que ni les maisons de force, ni les bagnes, ni le système des travaux forcés, ne corrigent le criminel ; ces châtiments ne peuvent que le punir et rassurer la société contre les attentats qu’il pourrait commettre. La réclusion et les travaux excessifs ne font que développer chez ces hommes une haine profonde, la soif des jouissances défendues et une effroyable insouciance. D’autre part, je suis certain que le célèbre système cellulaire n’atteint qu’un but apparent et trompeur. Il soutire du criminel toute sa force et son énergie, énerve son âme qu’il affaiblit et effraye, et montre enfin une momie desséchée et à moitié folle comme un modèle d’amendement et de repentir. Le criminel qui s’est révolté contre la société, la hait et s’estime toujours dans son droit : la société a tort, lui non. N’a-t-il pas du reste subi sa condamnation ? aussi est-il absous, acquitté à ses propres yeux.
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L’argent est une liberté sonnante et trébuchante, inestimable pour un homme entièrement privé de la vraie liberté. S’il se sent quelque monnaie en poche, il se console de sa position, même quand il ne pourrait pas la dépenser.
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