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EAN : 9782330053086
180 pages
Actes Sud (02/09/2015)
3.88/5   24 notes
Résumé :
À Tripoli, les destins entrecroisés d’Abdel-Karim, enfant d’une grande famille de notables, et d’Ismaïl, né dans le quartier le plus pauvre de la ville, surnommé « le quartier américain ». À travers ces deux personnages, c’est l’histoire récente de toute une ville qui nous est admirablement contée, en même temps que sont restitués les antagonismes de classe, de génération et de culture, la décomposition de l’élite traditionnelle, les élans brisés de la jeunesse et ... >Voir plus
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Tripoli ,Ismail ,Abdel-Karim ,une ville, deux hommes, deux destins....qui vont se croiser.Intissàr,la mère du premier est la femme de ménage du second.
Deux personnages issus de milieux radicalement opposés.Abdel-Karim vient d'une famille de notables musulmans, le grand-père était un des fondateurs de l'indépendance du Liban,alors que Ismail est le fils aîné d'une famille ,également musulmane,très pauvre,vivant dans le quartier le plus misérable de Tripoli,"Le Quartier américain"; Ce quartier quı doit son nom à une école anglicane désaffectée,utilisée pendant des années par les services secrets syriens.
Ni l'un, ni l'autre ne trouvent la paix et le bonheur dans ce Liban du début du XXIème siècle ,qui s'enfonce dans la guerre.Un pays envahi par la Syrie en 1976 et qui y restera pendant vingt ans,devenu terrain d'affrontements de divers groupuscules terroristes manipulés par des grandes puissances par pays interposés.
Malgré la noirceur du sujet,les personnages attendrissants (la tendresse d'Ismail ,le djihadiste,pour sa mère et son frère malade / la sensuelle Intissàr,soumise aux désirs d'un mari souvent absent et violent mais ne renonçant pas à ses jeans serrés après chaque grossesse / le personnage mélancolique d'Abdel-Karim qui à l'aube écoute et fait écouter à tout la quartier "Le Barbier de Séville",comme le chant du muezzin....),l'humour discret au tournant d'une phrase (Aboo Mosaab..une légende...un homme d'allure banale,de taille moyenne,vêtu d'un vieux jean délavé- on aurait dit l'employé qui,autrefois,passait encaisser la facture d'électricité au Quartier américain ) et ce portrait de Tripolie,entouré de trois côtés de vergers, qui se décharne au profit du béton et de l'argent facile et s'enfonce dans la violence,en font un livre riche et passionnant à lire!
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Naître dans le Liban de la fin XXème siècle,  y a mieux comme départ dans la vie. Mais "on ne choisit pas les trottoirs de Paris ou d'Alger pour apprendre à marcher" dixit Maxime Le Forestier.

Abdel-Karim Azzâm et Ismaïl Mohsen n'ont pas choisi les trottoirs de Tripoli (Liban) pour faire leurs premiers pas dans la vie. Tout comme ils n'ont pas choisi leur famille.
Le premier grandit entre Jaguar avec chauffeur et riche villa surplombant la ville, quand l'autre bat le pavé du quartier americain, quartier miséreux de la ville, entre racaille et pauvreté. Pas de bol, mal né le petiot.

Dans ce récit sur plusieurs décennies, l'auteur expose le poids du conflit libano-israélo-syrien sur l'évolution de l'individu et la lente ascension de l'islamisme radical dans les quartiers défavorisés. Car les recruteurs, aussi abjects soient-ils ont oubliés d'être cons, et n'ont qu'à se balader dans les quartiers populaires pour cueillir des jeunes oisifs et naïfs en mal d'action.
Tandis qu'argent et pouvoir permettent à Abdel-Karim de s'exiler à Paris pendant les affrontements, Ismaïl, coincé dans les rues de Tripoli, se radicalise donc petit à petit et s'engage dans le djihad.
Le lien entre ces deux héros que tout oppose? Intassâr Mohsen, femme à tout faire des Azzâm et mère d'Ismaïl. Et quelle femme! Mère courage, incarnation de la force et d'une combativité à toute épreuve.

Douaihy aurait pu se contenter de dépeindre ce fossé culturel et social sous fond d'occupation syrienne, et ne montrer que les irréversibles dégâts causés par une guerre civile retenant en otage ses habitants. Mais l'homme est malin et original, c'est du vu et revu ça.
Donc lui, il choisit judicieusement de s'attarder sur les profils psychologiques et émotionnels de quelques personnages.
Avec patience et soin, et un sens particulièrement aigu de l'observation ainsi qu'une écriture poétique, Jabbour Douaihy brosse le portrait d'hommes fragiles, sensibles, délicats dans ce décor nimbé de violence avec un conflit sanglant pour toile de fond. Il met en exergue les blessures et les fragilités de ses protagonistes qui, malgré leurs différences, n'en restent pas moins profondément humains. Qualité qui n'a pas de prix. Même Bilâl, père d'Ismaïl, aussi violent que paumé, devient fascinant.
Quant à la ville de Tripoli, elle est dépeinte avec poésie et tendresse, on en oublie les ravages, les affrontements. Nous assistons à un véritable hommage de l'auteur à son pays, sa culture, ses paysages, son patrimoine, sa gastronomie même. Limite on s'y envolerait pour les prochaines vacances.

En deux mots: roman captivant. Plus trois mots: en tout point. Plus deux: auteur brillant. Plus... non c'est bon.
Seule nuance d'une lectrice pourtant emballée par cette lecture : dommage de laisser en suspens certains parcours de vie, on reste quelque peu sur notre faim quant au devenir de certains personnages renvoyé à l'imaginaire du lecteur.
Mais pour les amateurs de littérature orientale contemporaine et/ou d'aventures humaines, ouvrage à ne pas rater.
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Le quartier américain ou l'histoire de deux trajectoires, celles de deux hommes qui viennent de deux milieux différents dans le Liban contemporain : Abdel-Karim et Ismaïl. La mère du second travaille comme femme de ménage du premier. C'est un Liban où la guerre et la violence est très présente. La religion, l'islam, est présent mais pris par le mauvais côté, pour imposer l'ordre. Partout, ce livre, l'auteur s'attache surtout à décrire nos deux hommes, avec leurs qualités, leurs défauts, sans oublier Intassar, la mère d'Ismaïl. C'est le côté humain qui m'a plus dans ce Tripoli, pas l'atmosphère saturé de violence. Un petit regret, la chronologie de narration, du présent au passé, en passant de l'un à l'autre, on a tendance à se perdre un peu dans les méandres de l'histoire.
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J'ai l'impression d'être passée à côté de ce livre : ni déçue, ni emballée… Et pourtant, son propos est on ne peut plus actuel : Jabbour Douaihy nous parle d'intégrisme religieux, de la Syrie et de ses habitants, de Tripoli (ses beaux quartiers aux ambiances feutrées et son quartier américain, le plus pauvre de la ville, où tout n'est que bouillonnements et vie), du quotidien des femmes et des luttes anciennes et nouvelles, puis de l'exil aussi…

Il y a un beau portrait de femme, celui d'Intissâr, fil conducteur du récit, qui va faire lien entre deux autres personnages que tout oppose : son fils Ismaïl (jeune homme désoeuvré) et Abdel-Karim (fils d'une famille de notables pour laquelle Intissâr travaille). Les deux sont tout aussi paumés. le premier, parce que sa vie ne mène à rien, enfin pas là où il aurait souhaité et le second par désespoir amoureux qui le laisse groggy tous les jours après avoir passé toutes ses nuits à pleurer sur son amour perdu, avec à pleine puissance dans les oreilles, les notes des plus beaux opéras.

Que m'a-t-il manqué pour que je l'apprécie pleinement ? J'avoue ne pas savoir trop bien. Peut-être un rythme plus soutenu, une plus grande empathie pour les personnages d'Abdel-Karim et Ismaïl ? Peut-être n'était-ce pas pour moi le bon moment pour l'ouvrir.

Et pourtant, j'ai été sensible à la détermination sans faille d'Intissâr, qui tient à bout de bras toute sa famille, aux rouages bien huilés des intégristes qui savent exploiter les failles de tous ces jeunes (manque de reconnaissance, d'emploi, d'argent…) pour mieux les amener exactement là où ils le souhaitent (à des attentats suicides) et cette idolâtrie du martyr qui en fait rêver plus d'un et offre à la famille du sacrifié, gloire et fierté…
Lien : https://page39web.wordpress...
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Le quartier américain, qui donne son nom au dernier roman de Jabbour Douaihy, se situe dans la ville de Tripoli, au nord du Liban. Là, vivent des familles pauvres alors que plus loin, en ville, subsistent des villas appartenant à des notables dont le lustre tend néanmoins à diminuer alors que les guerres successives déchirent le pays avant la montée irrésistible de l'islamisme radical. C'est dans ce contexte que Douaihy a construit un roman qui suit en parallèle et sur plusieurs décennies le destin de personnages blessés qui cherchent leur place dans une société de plus en plus marquée par les divisions. Comme un symbole d'un pays, le Liban, longtemps l'eldorado du moyen-orient avant de devenir un lieu de conflits quasi ininterrompus. le livre est astucieusement construit et diffuse un parfum de nostalgie heureuse à l'image de ces jardins d'orangers qui ont souvent cédé la place à des no man's land. Il y a une douceur de l'écriture chez Douaihy qui contraste avec les événements en cours, destructeurs et sanglants. L'auteur refuse la dramatisation et surtout le manichéisme. Notamment lorsqu'il décrit le cheminement d'un garçon vers le Djihad et qu'il en fait un personnage complexe, nourri d'une histoire familiale qui le sauvera, peut-être, de la perdition. Si les deux figures centrales semblent être Abdel-Karim (le nanti malheureux) et Ismaël (le déshérité fanatisé), opposés de par leurs origines et leur vécu, le personnage d'Intissâr, épouse d'un incapable, mère d'Ismaël et employée d'Abdel-Karim, représente l'espoir et le courage, fil rouge d'un récit qui entrelace subtilement les destins des uns et des autres. le quartier américain est à la fois concis, intense et poétique, écrit par un auteur lucide qui ne cède cependant jamais au découragement alors même que le chaos menace sa ville et son pays. C'est un très beau roman, rythmé et lancinant, qui recherche et trouve une lumière dans la pénombre.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
....les appels au combat lancés par les jeunes n’étaient pas à son goût. Un jour qu’il se tenait sur sa chaire, il déclara à brûle-pourpoint, en croisant les mains, que le plus grand djihad était celui que l’on menait contre soi-même : le “djihad de l’âme”, qui consistait à réformer son caractère. Un murmure s’éleva du côté des membres de l’association de la Guidance. L’un d’eux –on disait que ce n’était autre que Yassine al-Châmi –lança avec insolence, d’une voix bien sonore : —Et les ennemis de Dieu et de l’islam ? Le cheikh Abdel-Latif rétorqua qu’il n’y avait pas de plus dangereux ennemis pour l’islam que certains musulmans.
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Le Pendu a trouvé ce téléviseur Philips 24 pouces au marché aux puces du vendredi. Il a demandé au vendeur de le lui ranger du mieux qu’il pouvait dans un grand carton kraft. L’homme y a jeté des billes de polystyrène blanches et la notice d’emploi –en chinois –d’une cuisinière à gaz.
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Le lendemain, il se réveilla étourdi par le tumulte de ses sentiments. Une vague de nostalgie l’assaillit, comme la mer recouvre le sable d’une plage puis le laisse aussi luisant que fragile.
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Ismaïl vécut de belles années chez sa grand-mère. De temps en temps, il allait rendre visite à sa mère dans l'autre maison. Elle l'asseyait dans son giron, le reniflait, le balançait un peu sur ses genoux. Quant à son père, il le croisait par hasard sur les escaliers du Quartier américain.
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On lui disait que ces bonsaïs-là étaient rares, que les agrumes étaient difficiles à cultiver en pots. Jusqu’au jour où il en dénicha un que l’étiquette présentait comme un “oranger amer”. Un arbre fluet portant trois petits fruits verts et qui ployait dans un seul sens, comme une jeune fille au long cou penchant sa chevelure humide de côté pour la peigner.
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Vidéo de Jabbour Douaihy
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