L'histoire : dans une entreprise, forcément, on croise du monde, les collègues sont nombreux... Ici, nous allons suivre quelques uns de ces collègues, relations quotidiennes imposées par l'emploi, pendant quelques mois décisifs.
Mon avis : il y a d'abord François, le bel homme, sûrement le plus équilibré du lot, presque un repère de "normalité" (si tant est que ça ait un sens, puisque même lui a tendance à déréaliser pour mieux "faire avec"...). Et puis il y a Michon, le pénible en mal d'acceptation. Puis Sophie, la sublime assistante malmenée par son patron M.Michel, harceleur sadique. Sans oublier Fabienne, le caractère bien trempé du rez-de-chaussée, et puis bien sûr Henri, le rigide de la bande. Hors de l'entreprise, on a aussi Goran, le masseur Serbe, et Desmarais (anciennement Lecrochu), le coach débutant. Une galerie de portraits désopilante, taillée à la serpe et affinée à l'acide. On y reconnaît parfois du monde (y compris soi-même, c'est impitoyable ! lol), dans un trait de caractère ou un autre, un ego qui se foire complètement, une réaction en passant que l'auteure nous décrit avec une empathie contagieuse tout autant qu'une moquerie débridée, et comme tout est léger, plein d'humour et sans prise de tête, on ne se vexe pas et on ne déteste pas croiser dans un roman ces petites choses parfois énervantes. L'analyse psychologique est fine, intéressante, et fait presque toujours mouche, cash et sans filtre, ça fait carrément du bien même si des fois ça pique !
Tout ce petit monde, donc, va se lancer dans une folle aventure commune, qu'on ne suivra que de loin, comme toile de fond voire prétexte à leurs devenirs individuels, leurs transformations au contact les uns des autres, véritable sujet du roman. Avec, ça et là au passage, des petites phrases toutes simples qui peuvent amener à réfléchir en mode "à quoi ça sert la vie ?" (et la vie de bureau, donc ?!). N'empêche que tous ces personnages trouveront leur voie via la chair, celle qu'on oppose trop à l'esprit alors qu'elle le complète et le révèle, cette chair qui sue, se fait masser ou lécher, se donne à voir, fait envie, donne du plaisir et/ou de la souffrance, celle qui permet de vivre aussi, ou fait mourir...
Et puis, comme dans son premier roman que j'avais adoré il y a 8 ans, je me suis plus d'une fois dit que certaines scènes absurdes, des incompréhensions formidablement imaginées et l'enchaînement des événements vers des situations abracadabrantes, n'ayant pas les apparences de ce qu'elles sont, et hilarantes, me faisaient décidément penser à
Tom Sharpe, en plus vif et encore plus incisif.
En bref : je me suis régalée, vraiment amusée, de ce plaisir presque coupable qu'on peut ressentir en faisant le tour d'horizon des derniers potins de son entourage histoire de "dire du mal", tout en sachant que même quand on égratigne un peu les gens pour lâcher la pression, on les aime bien aussi, et c'est vraiment l'impression globale que donne ce livre.
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