A l'image de son livre "
Le livre brisé", paru en 1989 et qui obtint le Prix Médicis,
Serge Doubrovsky relate pendant 400 pages sa vie vide ou en berne, ses joies, ses humeurs, ses déconvenues, ses espoirs, ses maux et ses amours. Il aurait pu me lasser en relatant ce qui touche à l'intime or il n'en est rien. Il sait m'embarquer grâce à ses mots, son parler cru, intime. Son écriture est le reflet de ce qu'il vit au plus profond de lui : avalanche de mots, absence de ponctuation parfois, phrases entrecoupées d'espaces blancs leur milieu, des capitales en pleine phrase. Un vocable et un style d'écriture qui transcrivent ce qu'il est et ce qu'il vit. Malgré les tumultes dans sa vie amoureuse, personnelle, familiale, il n' y a rien de trop dans sa façon de le dire. Il y a parfois des passages inutiles (surtout au début) mais comme il prend le parti de tout dire, il ne peut faire abstraction de certains faits. Un récit sans épuration. Parfois envahissant avec la longueur de ses phrases, étouffant avec ses avalanches de mots, mais je l'accepte car j'aime cet homme à travers ce qui le constitue et qu'il raconte même s'il m'épuise parfois. Il n'est d'ailleurs même pas question de défauts et qualités car à aucun moment je ne saurais le découper de la sorte. Je le prends tout entier tel qu'il est.