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EAN : 9781896597836
56 pages
Drawn & Quarterly (01/01/1900)
3.62/5   4 notes
Résumé :
In 2008, the famed director Michel Gondry (Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Green Hornet, You'll Like This Film Because You're In It) wrote to legendary cartoonist Julie Doucet (of My New York Diary fame) to propose that they make a film together. Little did Gondry and Doucet know that the process itself would be the film, and they'd soon be starring in a "reality" comic and film of their own devising. They settled on a process that involved inserting the "rea... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome regroupe 3 histoires autobiographiques, écrites et dessinées par Julie Doucet, une canadienne francophone.

My first time (1993, 9 pages) - En 1983, Julie Doucet a 18 ans et vit dans une banlieue de Montréal. Une copine l'appelle pour qu'elles aillent voir un pote à Montréal. Sa copine souhaite que le pote en question lui fauche un casque de moto pour qu'elle puisse aller se balader avec un copain. C'est lors de cet après-midi à Montréal que Julie Doucet a sa première relation sexuelle.

Julie in junior college (1995, 25 pages) - Julie Doucet est dans une école d'arts à la fois par défaut (elle n'avait pas le niveau pour faire autre chose) et par choix puisqu'elle ressent comme une vocation pour ce domaine. Elle est en colocation avec un étudiant plus âgé dans un minuscule appartement. Elle a 2 aventures avec d'autres étudiants. Elle suit ses études de loin et fait ce qu'elle peut pour quand même présenter ses projets.

My New York diary (1998, 54 pages) - Julie Doucet raconte des fragments autobiographiques de sa vie avec son mec du moment. le récit s'étend du 16 avril 1991 au 17 avril 1992. Julie emménage avec cet homme dans un minuscule appartement de 3 pièces, dans un quartier pourri (un terrain vague sert de décharge en face de sa fenêtre) de New York. le couple passe son temps à aller à leur boîte postale, à se défoncer et à dessiner quelques planches. Une fois de temps en temps ils sortent dans un bar ou à une soirée.

Il m'aura fallu du temps pour avoir le courage de plonger dans cette lecture hors norme. L'obstacle le plus difficile à franchir fut l'aspect graphique. Ces récits ont été prépubliés dans un comics indépendant "Dirty plotte" réalisé par Julie Doucet, en noir et blanc. Elle utilise un style très surchargé en information visuelle dans chaque case. Les personnages sont représentés de manière réaliste et un peu simplifiée. Doucet retranscrit avec fidélité la texture des vêtements, et la façon de s'habiller de chaque individu. Elle a pris le parti de respecter l'anatomie (en arrondissant un peu les contours), sauf en ce qui concerne les têtes qui sont de la largeur des épaules. Cette approche graphique insiste donc sur l'expression des sentiments au travers du visage, sur l'unicité de l'individu par la forme de son visage.

Ce qui rend la lecture des cases difficiles est qu'elles sont jonchées de trucs et de bidules comme si chaque objet dans les vies des personnages tombait sur le sol pour ne jamais y être ramassé. Sur le sol de la chambre de l'étudiant avec lequel elle fait l'amour la première fois, le lecteur découvre des dessins à moitié terminé, une boîte de conserve entamée, des canettes, un pot à café, un tabouret, une tasse ébréchée, et tout ça dans une seule case. Ce mode de représentation atteint une densité incroyable pour l'année passée à New York. Comme elle aime ajouter des textures par le biais de l'encrage sur chaque objet, les dessins ressemblent à un fouillis envahissant. À plusieurs reprises, je me suis surpris à ne lire que les phylactères sans regarder autre chose que les visages, sans prêter attention au reste de la case. le plus surprenant dans ces images est que Doucet maintient une cohérence sur le placement et la présence de tous ces objets d'une case à l'autre, et même d'une page à l'autre.

Au-delà de cette apparence inhabituelle, Julie Doucet met donc sa vie en scène. La première histoire permet de découvrir une jeune fille qui fréquente des zonards pratiquant occasionnellement la petite délinquance. Doucet dépeint une humanité chaleureuse, égocentrique et sans but. Dans la deuxième histoire, Julie se rend compte qu'elle sèche les cours bien qu'elle puisse enfin faire des études artistiques, seul domaine qui l'attire et la motive. Elle persévère mollement pour avancer, tout en nouant 2 relations amoureuses qui semblent superficielles. La dernière débouche sur une tentative de suicide de son amant qui vient chez elle pour s'ouvrir les veines la nuit où elle doit absolument terminer un projet le lendemain. La troisième histoire, la plus longue, raconte sa relation avec ce type dans cet appartement minable, avec beaucoup de bières et de défonce en couple. À la page 8, elle explique comment sniffer le produit des recharges de cartouches utilisées dans les bombes de crème chantilly.

Là encore, la façon d'aborder le récit autobiographique de Doucet est très personnel. La construction narrative déconcerte car elle n'a aucune intention d'être exhaustive ou didactique. Pendant plusieurs pages, le lecteur se demande bien de quoi vit le couple, et ce n'est qu'au détour d'une case qu'il peut déduire d'un dialogue que Doucet bénéficie sûrement d'une bourse accordée par le gouvernement canadien et que le mec effectue des travaux de peinture ponctuellement. de la même manière il apparaît en filigrane que les comics à compte d'auteur de Doucet (les numéros de "Dirty plotte") lui permettent de se faire un nom dans le milieu des comics underground jusqu'à être repérée par Art Spiegelman et Françoise Mouly, alors éditeurs du magazine "RAW". Elle ne parle non plus jamais de sa famille et de ses parents.

Malgré tout, le charme finit par opérer dans le récit de son quotidien, de sa relation avec son mec, dans la mise en scène de sa peur des autres, jusque dans sa fausse couche dans des conditions aussi prosaïques qu'atterrantes. le lecteur passe ainsi quelques moments dans l'intimité de Julie Doucet, dans son quotidien minable miné par la procrastination et l'usage de drogues récréatives. Elle a une tendance marquée à écrire un récit égocentrique, critique vis-à-vis de son compagnon, et aussi peu indulgente vis-à-vis d'elle-même. le dernier récit apparaît peu à peu comme une sorte de thérapie à charge contre lui. Malgré ses conditions de vie proche du dénuement et ses crises épileptiques chroniques, le récit n'est jamais misérabiliste, jamais dépressif.

Avec ces 3 récits, Julie Doucet présente des fragments de son quotidien de jeune artiste fauchée et en marge de la société. Elle utilise un style graphique saturé qui demande du temps de déchiffrage. Elle présente son point de vue intérieur sur sa vie de cette époque, d'une manière factuelle qui permet de transcrire des émotions autres que celles attendues.

Il existe d'autres ouvrages de Juie Doucet en anglais (365 Days, The Madame Paul Affair) mais aussi certains parus directement en français et édités par l'Association tels que Journal, Ciboire de criss !.
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