Dès la réception de ce livre , j'ai abandonné toutes mes autres lectures en cours... Tourbillon d'émotions, feu d'artifice de mots! Quelle merveille!
" Chaque jour, il faut repartir de la feuille blanche, plonger en soi, se mettre en quête de vérité et de beauté..." François Cheng.
La Beauté, thème universel du printemps des poètes de cette année... Déclinée mois par mois, à travers les mots d'auteurs de tous les pays, surtout contemporains. Une anthologie inspirée et foisonnante, révélatrice de talents, illustrée en noir et blanc par Robert Lobet et ponctuée par des citations très justes.
La beauté du paysage redessiné par le regard, des petits riens délicats et précieux :
" J'ai l'idée d'un poème
qui changerait l'abord
du jour qui commence
qui te ferait sentir
le rayon de lumière
frappant la feuille tombée
Qui te rappellerait
d'une suspension de l'air
la beauté qui se cache
dans ce tumulte-là "
Stéphane Bataillon
La Beauté du corps, de l'amour exultant :
" Je suis né de toi de tes vertus combustibles
Dans mon coeur je porte tes lèvres
Comme des pierreries
Au large de ta beauté "
René Depestre
La Beauté rebelle, semblant anéantie, mais toujours renaissante:
" Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps(...)
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir"
Louis Aragon
Toute cette lumière, cet embrasement d'images m'a fait tant de bien, à un moment si gris de ma vie! Merci pour cet envoi à Babelio et aux éditions Bruno Doucet , qui ont eu la délicatesse de joindre un joli marque-pages où est inscrit un acrostiche sur la beauté, et une superbe carte-poème de Maram al-Masri. Vraiment, merci!
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Je suis fébrile en tournant les pages de cette nouvelle anthologie de poésie. Je sais déjà que m'attendent les poètes que j'aime, les mots qui résonnent, les pensées qui illuminent, les paroles qui sollicitent et interrogent. Je sais que je vais garder ce livre à portée de main, il m'accompagnera dans toutes les pièces de la maison, il sera truffé de marque-pages, je recopierai les fragments les plus exaltants et les partagerai.
Laurent Doucey et Thierry Renard ont choisi de célébrer « la beauté en poésie », thème du printemps des poètes 2019. Ils ont soigné la mise en page, cherché un équilibre et un nouvel ordre, rassemblé des voix neuves et des voix d'ailleurs.
Mois après mois, la beauté puise dans l'infini de sa palette de nouvelles couleurs: beauté de la naissance, des visages et des corps, du geste et des choses, tyrannie ou invisibilité de la beauté, la beauté dans l'art…
Les peintures de Robert Lobet se partagent les douze mois de l'année et s'adaptent aux différents costumes que revêt la beauté.
L'exigence du travail bien fait jaillit à chaque page: « Ce qu'il faut d'efforts pour dessiner un jardin dont les sentiers bifurquent et laisser au lecteur la liberté d'inventer d'autres chemins. » J'ai choisi un sentier de traverse pour m'abandonner à l'essence de la beauté, j'ai jonglé entre les différents passeurs de poésie, j'ai embrassé les touche à tout, voyagé avec les exilés et les nomades, fredonné avec les musiciens, me suis rangé près des défenseurs de liberté, défenseurs de beauté. Ils se nomment Baudelaire, Andrée Chédid, Paola Pigani, Rimbaud, Titi Robin, Ananda Devi, Jeanne Benameur, Cécile Guivarch, Maram al-Masri, Apollinaire… La porte d'entrée de leurs poèmes est la beauté, sa vérité et ses artifices ; ils ont trouvé la langue concise, acérée, audacieuse, perçante, douloureuse et indomptée pour distiller et distordre les multiples beautés.
« J'écris tes yeux
C'est une heure tranquille celle de la poésie et de la vie
Il fait un temps de poème
Ta chair neige J'écris la neige
Parce que c'est beau et parce que c'est vrai »
(Jean Malrieu)
Je remercie Babelio et les éditions Bruno Doucey pour ce concentré de beauté.
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ÉCOUTE…
Écoute
la vie secrète
les murmures des draps
les froissements des rêves
Le coeur vivant de la morte
mouille ma vie
Sa pluie inonde
mes mains
mes yeux
mon ventre
Les jours s’ouvrent comme des poings
La magie de la morte me contamine
Mon corps est le cierge qu’elle enlace
Le silence s’attendrit
des matins mousseux qu’elle m’invente
À danser pieds nus au ciel
Elle a de quoi convaincre
Elle me souffle des mots qui sentent l’orange
Elle veut que la beauté l’emporte
Elle a faim pour moi
Elle a soif pour moi
Elle brûle ma peau
Elle me pousse au galop dans ma robe de satin
Sa vie monte entre mes doigts
raides de désir
Caroline BOiDÉ
L’ÉTERNITÉ DANS UN INSTANT
Avoir le soleil et le temps
L’éternité dans un instant
Les mouvements de ses envies
Un peu comme ceux des marées
Inattendus, irréguliers
Se sentir être où l’on veut être
Et avec qui
C’est dans ces moments d’évidence
Que l’on oublie qu’on va mourir
Matthias VINCENOT - J’ai vingt ans, 2018
Anonyme - « Chant de beauté »
La voix qui embellit la terre
La voix supérieure
La voix du tonnerre
Parmi les sombres nuages
A jamais résonne
La voix qui embellit la terre
La voix qui embellit la terre
La voix d’ici-bas
La voix de la sauterelle
Parmi les fleurs et les herbages
A jamais résonne
La voix qui embellit la terre
(Psaumes de la Création des Indiens Navahos)
Palimpseste
Au-delà des présages ,
Des lignes d'horizon,
Des présents sans partage,
Des années sans saison,
Des nuits de turbulences,
Des rumeurs, des silences,
Des aversions, des haines,
De la folie des vents,
Des joies, des peurs, des peines,
Des tours et des tourments,
Le poète à la page,
En quête de Beauté,
Se pose en messager
Des mots et des images
Qu'il imprime, à dessein,
Sur papier-parchemin
Ou sur écran-écrin
Et ainsi prête voix
Aux ondes infinies
Qui commuent les détroits
En des chemins de vie.
Pierre Coran.
Palimpseste
Au-delà des présages,
Des lignes d’horizon,
Des présents sans partage,
Des années sans saison,
Des nuits de turbulences,
Des rumeurs, des silences,
Des aversions, des haines
De la folie des vents,
Des joies, des peurs, des peines
Des tours et des tourments,
Le poète à la page,
En quête de Beauté,
Se pose en messager
Des mots et des images
Qu’il imprime, à dessein,
Sur papier-parchemin
Ou sur écran-écrin
Et ainsi prête voix
Aux ondes infinies
Qui commuent les détroits
En des chemins de vie.
// Pierre Coran
Avec Marc Alexandre Oho Bambe, Nassuf Djailani, Olivier Adam, Bruno Doucey, Laura Lutard, Katerina Apostolopoulou, Sofía Karámpali Farhat & Murielle Szac
Accompagnés de Caroline Benz au piano
Prononcez le mot Frontières et vous aurez aussitôt deux types de représentations à l'esprit. La première renvoie à l'image des postes de douane, des bornes, des murs, des barbelés, des lignes de séparation entre États que l'on traverse parfois au risque de sa vie. L'autre nous entraîne dans la géographie symbolique de l'existence humaine : frontières entre les vivants et les morts, entre réel et imaginaire, entre soi et l'autre, sans oublier ces seuils que l'on franchit jusqu'à son dernier souffle. La poésie n'est pas étrangère à tout cela. Qu'elle naisse des conflits frontaliers, en Ukraine ou ailleurs, ou explore les confins de l'âme humaine, elle sait tenir ensemble ce qui divise. Géopolitique et géopoétique se mêlent dans cette anthologie où cent douze poètes, hommes et femmes en équilibre sur la ligne de partage des nombres, franchissent les frontières leurs papiers à la main.
112 poètes parmi lesquels :
Chawki Abdelamir, Olivier Adam, Maram al-Masri, Katerina Apostolopoulou, Margaret Atwood, Nawel Ben Kraïem, Tanella Boni, Katia Bouchoueva, Giorgio Caproni, Marianne Catzaras, Roja Chamankar, Mah Chong-gi, Laetitia Cuvelier, Louis-Philippe Dalembert, Najwan Darwish, Flora Aurima Devatine, Estelle Dumortier, Mireille Fargier-Caruso, Sabine Huynh, Imasango, Charles Juliet, Sofía Karámpali Farhat, Aurélia Lassaque, Bernard Lavilliers, Perrine le Querrec, Laura Lutard, Yvon le Men, Jidi Majia, Anna Malihon, Hala Mohammad, James Noël, Marc Alexandre Oho Bambe, Marie Pavlenko, Paola Pigani, Florentine Rey, Yannis Ritsos, Sapho, Jean-Pierre Siméon, Pierre Soletti, Fabienne Swiatly, Murielle Szac, Laura Tirandaz, André Velter, Anne Waldman, Eom Won-tae, Lubov Yakymtchouk, Ella Yevtouchenko…
« Suis-je vraiment immortelle, le soleil s'en soucie-t-il, lorsque tu partiras me rendras-tu les mots ? Ne te dérobe pas, ne me fais pas croire que tu ne partiras pas : dans l'histoire tu pars, et l'histoire est sans pitié. »
Circé – Poèmes d'argile , par Margaret Atwood
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