Citations sur La Résistance en poésie : Des poèmes pour résister (9)
-Poèmes de circonstance-
A mon corps
Ils ne m'auront ni par la faim ni par la peur
Et s'ils m'avaient un jour, ce serait mon squelette
Et s'ils faisaient un jour ma dernière toilette
Ils trouveraient changé mon corps, mais non mon coeur.
Mais nous serons bien un ou deux
Le monde usé jusqu'à la corde
découvre son envers hideux
Et l'univers se désaccorde
mais nous serons bien un ou deux
pour ne pas nous soucier des hordes
et pour lever encor les yeux. (p.56-57)
Jean Wahl (1888-1974)
Jean Cassou (1897-1986)
La plaie que, depuis le temps des cerises....
Je garde en mon coeur s'ouvre chaque jour.
en vain les lilas , les soleils, les brises
viennent caresser les murs des faubourgs.
Pays des toits bleus et des chansons grises,
qui saignes sans cesse en robe d'amour;
explique pourquoi ma vie s'est éprise
du sanglot rouillé de tes vieilles cours.
Aux fées rencontrées le long du chemin
je vais racontant Fantine et Cosette
l'arbre de l'école, à son tour répète
une belle histoire où l'on dit : demain...
ah ! jaillisse enfin le matin de fête
où sur les fusils s'abattront les poings ! (p.39-40)
Oradour
Oradour n'a plus de femmes
Oradour n'a plus un homme
Oradour n'a plus de feuilles
Oradour n'a plus de pierres
oradour n'a plus d'église
Oradour n'a plus d'enfants
plus de fumées plus de rires
plus de toits plus de greniers
plus de meules plus d'amour
plus de vin plus de chansons. (...)
Oradour honte des hommes
oradour honte éternelle
haine et honte toujours (...) (p.70-71)-
Jean Tardieu [1903-1995]
- Les Dents serrés-
Je hais. Ne me demandez pas ce que je hais
il y a des mondes de mutisme entre les hommes
et le ciel veule sur l'abîme, et le mépris
des morts. Il y a des mots entrechoqués, des lèvres sans visage, se parjurant dans les ténèbres
il y a l'air prostitué au mensonge, et la Voix
souillant jusqu'au secret de l'âme (...)
Pierre Emmanuel (1916-1984)
Rappelle toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour là
Jacques Prévert
Neuf balles dans mon chargeur
Pour venger tous nos frères.
Ça fait mal de tuer.
C’était la première fois.
Sept balles dans mon chargeur.
C’était simple.
L’homme qui tirait l’autre nuit
C’était moi.
Madeleine Riffaud
Et s’il était à refaire
Je referais ce chemin
Louis Aragon (1946)
Je trahirai demain, pas aujourd’hui.
La lime est sous le carreau,
La lime n’est pas pour le barreau,
La lime n’est pas pour le bourreau,
La lime est pour mon poignet.
Aujourd’hui je n’ai rien à dire,
Je trahirai demain.
Marianne Cohn (1943)
Neuf balles dans mon chargeur
Pour venger tous nos frères.
Ça fait mal de tuer.
C'est la première fois.
Sept balles dans mon chargeur.
C'était si simple.
L'homme qui tirait l'autre nuit
C'était moi.