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Critique de La-page-qui-marque


Le 21 avril 1967, un coup d'état a lieu à Athènes fomenté par la junte des colonels. Ils instaurent une dictature militaire en Grèce. de nombreux opposants politiques sont emprisonnés dont le poète Yannis Ritsos. Pendant ce temps là, à Lyon, Antoine s'inquiète pour Fontini, sa fiancée grecque dont il n'a plus de nouvelles depuis le coup d'état. Il réussi à intégrer une mission de la Croix Rouge en Grèce et tente de la retrouver. le récit alterne entre la vie de Yannis Ritsos dans les camps et la quête d'Antoine.
La dictature des colonels est une épisode de l'histoire européenne que je ne connaissait pas. Instaurée en 1967, il faudra attendre 1974 pour en voir la fin. C'est un régime dur qui laisse des traces durables dans le paysage politique grec. Les opposants politiques ou de simples défenseurs des droits de l'homme sont déportés dans des camps érigées sur des iles désertes de la mer Égée. Yannis Ritsos en fait partie. Il a déjà connu l'emprisonnement durant la guerre civile de 1946. Il est désormais âgé et rongé par le cancer mais continue néanmoins d'écrire des poèmes en cachette. Il compose notamment 18 chansons de la patrie amère pour son ami le compositeur Miki Theodarakis.
C'est cette partie de la vie du poète que raconte Bruno Doucey. Il raconte un homme que les années de lutte et de création ont rendu plus fort face aux événements. Respecté par les autres prisonniers et défendu à l'international, c'est un détenu particulier pour la junte. Jamais désespéré par l'emprisonnement, il continue à écrire malgré tout. On découvre l'enfer des camps de prisonniers, les tortures et les privations qu font leur quotidien. Les nuits profondes et les journées harassantes sur ces iles de cailloux et de soleil oppressent. Seul résiste la liberté de la pensée. Dans un esprit aussi lumineux que celui du poète, cette pensée n'a de cesse d'être créatrice, salvatrice aussi.
Grace au personnage d'Antoine, l'auteur nous raconte la résistance face à la junte des exilés mais aussi la réalité des camps de prisonniers. le jeune homme a découvert le poète grâce à sa fiancée et il l'admire car il lui rappelle celle qu'il aime. C'est à travers son regard jeune et amoureux que l'on part sur les traces de Yannis Ritsos. C'est un personnage émouvant car animé par l'amour et la liberté avant tout. le chemin qu'il choisira d'emprunter, devenu vieux à son tour, est à l'image de cette quête qu'il a entrepris pour retrouver la femme qu'il aime et le poète qui l'a fait rêver.. Ses valeurs sont profondément ancrées en lui.
Bruno Doucey est un poète avant d'être un romancier et cela se sent dans son écriture. Il y a beaucoup d'émotions dans son roman. L'admiration qu'il porte à Yannis Ritsos et a son travail est flagrante et émouvante. Ce dernier est un homme qui porte haut ses idéaux de liberté et qui ne renonce jamais à créer. Il fait partie des ces poètes militants qui utilise la plume pour lutter. Ils témoignent de l'horreur ou disent la beauté pour tenir en attendant les jours heureux. L'auteur comme le poète m'ont profondément touché par leur humanisme. Je ne connaissais pas Yannis Ritsos mais les poèmes qui jalonnent le roman m'ont donné extrêmement envie de le découvrir.
Ne pleure pas sur la Grèce est un roman lumineux malgré sont sujet douloureux. Il rend hommage à un artiste engagé mais aussi à son pays, la Grèce. C'est aussi une ode à l'amour, à la liberté et à la poésie. Un texte qui m'a fait vibrer.
Lien : https://lapagequimarque.word..
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